Sans Tabou: le retour sans gloire des déserteurs

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En conditionnant leur participation aux activités politiques de la transition à la libération des 11 leaders inculpés par la justice, des partisans de cette option viennent d’abdiquer. Contre toute attente, plusieurs d’entre eux ont, dont l’Adema PASJ, le Parena, le PS Yelen Kura, ont participé ce mardi 23 juillet à la rencontre de la commission d’élaboration de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix. Une surprise ? Vraiment pas pour qui connaît l’incohérence et l’inconsistance des partis politiques dans notre pays.

‘’Dire ses quatre vérités et quitter gaillardement la salle’’. Cette scène produite lors de la rencontre avec l’Autorité indépendante de la gestion des élections (AIGE) et la classe politique le lundi 15 juillet n’a pas récidivé hier mardi. Des partis politiques qui se sont auto-exclus de toutes les activités politiques de la transition jusqu’à la libération de leurs camarades ont participé à la rencontre autour de l’élaboration de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix. Ainsi, le Parena, le PS Yelen Kura, l’Adema PASJ membres de la coalition du boycott semblent mettre un peu d’eau dans leur ‘’Gnyama koudji’’ en participant pleinement à ladite. Contrairement aux deux premiers, deux cadres de l’Adema sont au gnouf dans cette affaire.

Alors, qu’est ce qui a changé entre les deux rencontres pouvant justifier le parjure au mot d’ordre ? Ces partis politiques ont-ils ravalé leur orgueil pour revenir sur la pointe des pieds au tour de la table après des déclarations fracassantes ?

Encore une fois, on dira qu’ils ont trahi leur engagement et failli à la solidarité qui était jusque-là affichée : on renonce à toutes activités organisées par les autorités de la transition.

Ce qui est certain, la participation de l’un d’au moins de ces trois formations politiques à cette rencontre est un revirement de position, une volte-face à la déclaration commune du lundi 15 juillet dans laquelle ils annoncent « leur décision de boycott des activités du cadre de concertation politique, aux organisations politiques soeurs et à l’AIGE, afin qu’elles s’impliquent dans la libération de nos 11 camarades ». Et même un abandon en plein vol des camarades politiques arrêtés qui oeuvraient pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Une décision pas surprenante dans un pays où les principes ou les lignes de conduite politique sont dictés pour défendre les intérêts particuliers de quelques responsables politiques qui financent les activités politiques. Ou encore pour faire plaisir au prince du jour à la recherche de strapontins.

Après plus de 30 ans de vie démocratique, les acteurs du mouvement démocratique peinent à asseoir une véritable culture en leur sein. Et ces pratiques devenues la règle du jeu contribuent à galvauder la confiance des citoyens.
Sinon comment peut-on avoir confiance à un parti qui change de position comme une personne qui change d’habits ?

La preuve : des premières heures du coup d’Etat de 2020 à nos jours, les va-et-vient de certaines formations politiques donneraient des tournis.

Aussi, quelle ignominie de refuser de participer à une rencontre de l’AIGE, une structure indépendante et constituée des représentants des partis politiques pour ensuite assister à la rencontre d’une commission mise en place par le chef de la transition.

Sur les sept membres de l’AIGE, deux représentent les partis politiques et un de la société civile et quatre des pouvoirs publics, ‘‘choisis sur la base des critères de compétence, de probité, de bonne moralité, d’impartialité ainsi que de jouissance des droits civiques et politiques’’ (article 22 de Loi n°2022- 019 du 24 juin 2022 portant loi électorale).

Ce n’est pas aussi grave dans un pays où l’on préfère un militaire à un politique dans le seul but de se venger de l’autre. L’on se rappelle, comme si c’était hier, de l’enthousiasme exprimé par des responsables politiques après la désignation du Premier ministre intérimaire, colonel Abdoulaye MAIGA. Dans la foulée de la désignation, Me Kassoum TAPO, président du MOREMA et membres du bureau politique de l’Adema, était l’un des premiers a salué la décision. Sans ambages, pour lui, « ce choix permettra, sans nul doute, la bonne poursuite de l’action gouvernementale », car Abdoulaye MAÏGA « est doté d’une volonté de ressembler toutes les filles et fils du Mali autour des objectifs notamment, la refondation nationale, segment majeur de la transition ».

Le parti Rassemblement pour le Mali (RPM), du moins le clan conduit par Bocary TRETA, souffle dans la même trompette que TAPO, pour charger le Premier ministre actuel.

PAR SIKOU BAH

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