Gouvernance de Transition : Renouveau et mieux-être en un temps record ?

2

Les pouvoirs d’exception, issus des coups d’Etat militaires, se sont engagés à refonder les Etats. Mais, la tâche est plutôt ardue…

L’un des défis majeurs des Transitions militaires, suite à des coups d’Etat est de concilier la soif de changement et l’aspiration forte au mieux-être en un temps record.

Et, pour refonder la gouvernance, les nouveaux dirigeants devront prendre des décisions courageuses, voire impopulaires mais dans le sens de la préservation des intérêts des populations.

Or, la plupart de ces décisions ont des incidences négatives immédiates sur le quotidien des populations. Ce qui pose la problématique de la conciliation entre par exemple les questions de reconquête de souveraineté et l’aspiration à un mieux-être à court terme.

Ainsi, par exemple, au Mali, les nouveaux dirigeants du pays ont cru devoir remettre à plat des axes de coopération avec certains partenaires, pour remodeler la gouvernance dans ces domaines. Ce qui a conduit à des suspensions de portefeuilles d’aides provenant de certains partenaires techniques et financiers. C’est le cas avec certains pays membres de l’Union Européenne. Et la conséquence immédiate de cette situation est la fin des aides budgétaires provenant de certains de ces Etats, pourtant réputés partenaires stratégiques du Mali. Et cette fâcheuse évolution de la coopération a impacté négativement sur plusieurs secteurs, comme les services sociaux de base, comme la santé, l’éducation, l’assainissement, l’hydraulique, l’énergie, etc.

C’est ce qui fait que depuis plusieurs mois, des populations du Mali profond sont privées de certains appuis et assistances, dont elles bénéficiaient de la part d’organisations et d’Etats occidentaux. Car, avec la rupture et la tension diplomatique, la France, l’UE et ses organes affiliés, les axes de coopération et de financement  se sont totalement asséchés.

C’est ce défi qui explique aussi en partie la situation de délestage aggravée que vit le Mali depuis plusieurs mois. Car, sans aucun appui en ressources financières extérieures, l’Etat éprouve d’énormes difficultés à subventionner les charges en carburants des centrales thermiques de la société Energie du Mali (EDM-SA). Surtout que l’on sait que l’Etat a consacré d’importants moyens financiers de son budget propre pour la montée en puissance des forces de défense et de sécurité. Comment peut-on alors amortir ce choc sans aucune aide substantielle provenant de bailleurs de fonds internationaux.

En effet, avec l’engagement à préserver la dignité du peuple et sauvegarder sa souveraineté, l’Etat malien a fini par s’aliéner bien de sympathies extérieures. Alors que celles-ci sont décisives, comme contributions au mieux-être des populations. Ces dernières ne cessent, du reste, d’exprimer leurs attentes fortes et leurs exigences de meilleures conditions de vie. Comment expliquer alors que des militaires ayant pris le pouvoir pour un mieux-vivre peinent-ils à faire bouger les choses, après tout ce temps ? Comment comprendre que la vie chère s’accentue, alors que le nouveau pouvoir a presque fait miroiter le contraire ? Ce sont  des questions qui fusent au sein des opinions nationales visiblement impatientes de voir, ne serait-ce que le début du changement appelé de tous les vœux.

Comme on le voit, les nouveaux pouvoirs militaires sont confrontés à des défis énormes en termes de communication et de stratégies pour concilier les besoins de changement de la gouvernance avec tact pour améliorer tout autant le quotidien de leurs administrés. Car, il ne sert quasiment pas à grand-chose de « reconquérir la dignité et la souveraineté des peuples », qui continuent de souffrir pour se nourrir, pour se soigner, en proie au chômage, etc.

Il urge que ces nouveaux dirigeants adoptent des postures plus conciliantes vis-à-vis des partenaires en développement, en vue de mener un processus plus équilibré de refondation et de lutte contre la pauvreté. C’est à ce prix que les objectifs que se sont fixés ces transitions militaires auront des chances de réussite.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. “…Comment expliquer alors que des militaires ayant pris le pouvoir pour un mieux-vivre peinent-ils à faire bouger les choses, après tout ce temps ? Comment comprendre que la vie chère s’accentue, alors que le nouveau pouvoir a presque fait miroiter le contraire ?…”
    LE MEILLEUR DU “MIEUX-VIVRE”, C’EST VIVRE LIBRE! ET C’EST CE A QUOI ILS S’ATTELENT. QU’EST CE QUE LES VILLAGES DE BANKAS RECLAMENT? LA SECURITE! QUE DEMANDENT LES POPULATIONS DU CENTRE ET DES AUTRES REGIONS? LA SECURITE POUR ALLER CULTIVER LEUR CHAMPS, FAIRE PETRE LEUR ANIMAUX EN PAIX, S’ADDONNER TRANQUILLEMENT A LA PECHE DANS LE FLEUVE. LE MIEUX-ETRE DE TOUS CEUX-CI, C’EST LA SECURITE.. TU PENSES QUE LE MALI SE RESUME A BAMAKO . MEME S’IL FAIT PLUS DE 2 MILLIONS DE PERSONNE, LES AUTRES 20 ET + MALIENS SONT AUSSI IMPORTANTS.

  2. Bouboutiga, souviens-toi de ce que Ki-Zerbo nous a dit: on se developpe, on ne developpe pas! Notre politique de refondation sur le plan de notre developpement doit se reposer sur nous épaules et notre courage et determination comme peuple!

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!