Goonga Tan : Au Mali, bientôt la fin du désordre dans les mines traditionnelles

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À l’issue du conseil des ministres du 5 mars 2025, pas moins de trois ministres (sécurité, environnement et communication) se sont présentés à un point de presse diffusé dans un flash spécial par nos confrères de l’ORTM. L’exercice illustrait l’importance accordée au sujet du jour. Les ministres se sont succédé au pupitre pour informer l’opinion des mesures robustes prises par le gouvernement pour mettre un terme aux catastrophes devenues quotidiennes dans les mines traditionnelles d’orpaillage.

Le Premier ministre général Abdoulaye Maïga -GAM-  avait indiqué que le chef de l’État Assimi Goïta a exigé que la dernière catastrophe enregistrée dans la localité de Kéniéba ne soit pas traitée “comme un fait divers ordinaire”.

Ainsi donc, l’effondrement de la mine de Bilalikoto (Kéniéba), la dernière d’une longue série, rien qu’en ce début d’année 2025, entrera dans l’histoire. Non pas comme un épiphénomène, mais comme une véritable catastrophe ayant abouti à des mesures robustes et inédites. Il faut dire que les signaux d’alerte n’ont pas manqué de la part de la presse nationale, dont l’opiniâtreté ajoutée à celle des activistes auront contribué à mettre en exergue l’ampleur de la catastrophe.

Bilalikoto servira d’exemple

Le combat de Nyagasso Sissoko, chef de village de Bourdala et de nombreux autres anonymes, à travers les localités concernées, a triomphé des effets néfastes de l’orpaillage traditionnel. Le gouvernement a frappé fort, comme en réponse au laxisme habituel que je dénonçais dans ma chronique GOONGA TAN du vendredi 27 février dernier. Ainsi donc, le gouvernement a décidé, entre autres de : “l’abrogation des actes de nomination des responsables administratifs directement impliqués dans la survenance desdits incidents : préfets, sous-préfets, responsables des forces de sécurité (police, gendarmerie, garde), des services locaux des eaux et forêts, de l’assainissement, du contrôle et des nuisances, ainsi que le service subrégional de la géologie et des mines”, selon un communiqué lu par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile Daoud Aly Mohammedine. Qui a dévoilé également la relecture des textes juridiques pour mettre fin à la transaction dans le domaine environnemental et la suspension par les collectivités territoriales des permis d’exploitation artisanale octroyés à des personnes étrangères. C’est dire que tous les responsables, à divers niveaux de l’administration, de la sécurité, de l’environnement, de la municipalité concernée, ont été relevés.

D’autres mesures fortes ont été annoncées dont l’application stricte permettra d’assainir un secteur longtemps laissé aux mains entachées de sang des chercheurs “d’or”. Au nombre de ces mesures, une procédure de dissolution du conseil municipal de Dabia serait en cours et les matériels impliqués dans l’exploitation des mines traditionnelles seront confisqués et reversés au patrimoine de l’État.

Mesures fortes, mais encore insuffisantes

Bien entendu, il s’agit, pour moi, de quelques mesures, salvatrices certes, mais dont l’exécution sera scrutée avec la plus grande attention. Par ailleurs, les zones ciblées n’étant que la partie visible de l’iceberg, les pouvoirs publics devront incontestablement étendre leur action sur l’ensemble des zones aurifères du territoire national devenues des espaces de non-droit. Il restera à asseoir une réglementation stricte de l’ouverture des placers quant à leur périodicité, leur assainissement et leur autorisation par le biais des permis d’occuper nécessairement temporaires. Seule la relecture des textes juridiques dont il a été question nous édifiera.

Après les mines traditionnelles, place aux dragues

L’action, saluée déjà par une salve d’approbations, doit s’étendre à d’autres zones du pays. À cet égard, la meilleure illustration est apparue sur les réseaux sociaux à Nanguila près de Bancoumana. C’était la semaine dernière, en plein cœur du pays Mandé, situé dans la région de Koulikoro : l’on y voit une forêt de barges transformées et équipées de dragues à perte de vue. Les chercheurs d’or y ont introduit des dizaines de barges, équipées de sondes, qui opèrent presque accolées les unes aux autres.

Les nuisances sont identiques

Des déchets dans l’eau, à la pollution généralisée, il faut ajouter la ruée vers cet “eldorado” fictif des milliers de bras valides parmi nos meilleurs ouvriers. Qualification en poche, nombreux sont les jeunes qui abandonnent leurs postes d’artisans pour aller vers le mirage de l’or.

Les pirogues naguère consacrées à la pêche sont transformées en barges équipées de dragues importées qui traversent des frontières poreuses à souhait.

L’orpaillage doit être réglementé

Au-delà des conséquences socio-économiques visibles tous les jours (proxénétisme, trafic en tous genres, conflits d’intérêts et grand banditisme, etc.), l’exploitation aurifère clandestine donne naissance à de très nombreuses filières de migrations sauvages. Avec comme résultat, le manque de bras valides dans le secteur rural, mais aussi de main-d’œuvre domestique urbaine. D’où la nécessité d’énoncer et de mettre en pratique les règlementations drastiques, qui existent déjà et n’ont besoin que d’être dépoussiérées.

Seidina O DICKO

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2 COMMENTAIRES

  1. Après avoir arrêté les mines industrielles, c’est le tour des orpailleurs. De toute façon la politique d’un militaire obtus, c’est plus aucune production.

    • C’est sans doute le résultat à long terme qu’on peut attendre d’une politique atteinte de myopie. Il demeure que des vies resteront longtemps menacées…

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