Avant tout, la reddition des comptes est un pas très difficile à franchir sans l’intégrité et la sincérité qui caractérisent toute reddition des comptes. Sous cette présentation on peut aborder l’anniversaire de la célébration de la Révolution démocratique du 26 mars comme un non événement ayant abouti au renouvellement du personnel politique au sein de l’administration malienne et dans les structures de l’État de droit et de ses institutions. Ces journées des 22, 23, 24 mars 91 ont enregistré des scènes surréalistes d’attaques sur des personnes innocentes, des lamentations politiques à n’en plus finir des acteurs de la classe politique en gestation à l’époque (Cnid, Adema, etc.). Une fois poussé à bout jusqu’à lâcher prise, le Général Moussa Traoré avait cédé et accusait l’Association France libertés de Danielle Mittetand, l’ambassadeur de France au Mali et le Centre culturel français d’être à l’origine du coup d’État qui a eu lieu dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 sous les menées et les coudées franches d’un certain Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT) et la garde présidentielle. Le lendemain, ATT a rallié le mouvement démocratique à la Bourse du Travail, siège de l’Untm, pour un premier bain de foule, la constitution du Ctsp (Comité de Transition pour le salut public) avec les organisations membres du mouvement démocratique et l’établissement de la Charte de la Transition. Tout cela serait arrivé suite au fameux discours de La Baule (lire ailleurs) qu’y a tenu, lors du 16e sommet des chefs d’État de France et d’Afrique du 19 au 21 juin 1990, le président français, François Mitterand. Il y indiquait que « cette révolution des peuples, la plus importante que l’on eut connue depuis la Révolution française de 1789, va continuer… Si bien que l’histoire reste encore en jeu. Il faut bien se dire que ce souffle fera le tour de la planète ». Mitterrand reconnaissait en même temps que “la démocratie est un principe universel“. L’histoire bégaie à nouveau et est loin d’être un jeu comme le voudrait François Mitterand. Car dans la promotion des valeurs de la démocratie et de l’État de droit, jamais la démocratie n’avait été considérée comme condition sine qua non de tout développement. Sinon, jamais les principes et règles nouvelles édictées par l’Oif (déclaration de Bamako), par la Cedeao (Protocole additif) ou par les missions résidentes de l’Union européenne n’auraient de sens. Aussi bien durant la transition démocratique sous ATT, que sous la Transition actuelle, «la vertu est restée audacieuse et la bonté n’a jamais peur», selon le mot célèbre de William Shakespeare. Mais que voulez-vous ? C’est normal il faut le dire, comme aimait à dire Att repris des fois par Maître “ça goloba“, feu Demba Diallo, médiateur de la République. Toujours est-il que c’est grâce au travail patient et chevronné de tous ces acteurs clés de la révolution du 26 mars 1991 que nos valeurs d’humanisme (Maya), de dialogue (siggi ka fo) et l’esprit de consensus (benkan) sont devenues aujourd’hui les plus exigées dans la moralisation de la vie publique et la restauration de l’autorité de l’État. Ce qu’Att a su ramener durant ces 14 mois de président de la Transition. Mais aujourd’hui, il faut compter sur l’équipe d’Assimi Goïta pour ramener la fraternité (balimaya positif), la tolérance (son ñogon ta ma) et l’inclusion (mogo ladon).
Il y a du travail qui reste à parfaire, dans l’esprit de solidarité, de pardon et de réconciliation. C’est ce qu’exige la situation actuelle dans le pays.
La Rédaction