«La sécurité d’une nation ne se délègue pas. Elle s’assume. Nous assurerons la sécurité des Maliennes et des Maliens partout où ils seront par nos Forces de Défense et de Sécurité bien formées, bien équipées et très motivées», rappelait Me Mountaga Tall, Président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID-Faso Yiriwaton) dans un message publié, dans la mouvance du 20 janvier sous le titre : «Fête de l’armée 2025 : célébrons ce qui nous unit !».
Quatre fois candidat à l’élection présidentielle (1992, 2002, 2013 et 2018), Me Mountaga Tall a tenu à rappeler que ces extraits sont tirés de son projet de société de 2012 et 2018. Le rappel de cette figure emblématique du mouvement démocratique est loin d’être anodin en ces moments dans la vie de la nation. En français facile, Me Tall veut dire qu’un pays ne sous-traite pas sa sécurité avec une autre nation ou un groupe.
L’opposant congolais Martin Fayulu, Président du parti politique ‘’Engagement citoyen pour le développement’’ (ECIDE) estime aussi que «un Etat sérieux ne sous-traite pas sa sécurité». Un pays qui sous-traite sa défense est comme une personne qui dort sur la natte d’autrui. L’historien burkinabé, feu Joseph Ki Zerbo, disait ceci : «dormir sur la natte des autres, c’est comme si on dormait par terre».
Voilà trois exemples parmi tant d’autres qui illustrent parfaitement l’assertion de Me Mountaga Tall. En 1993, les Américains ont quitté la Somalie. En 2021, les troupes américaines ont abandonné l’Afghanistan après 20 ans de guerre contre les Talibans. Avec des moyens conséquents et des milliards de dollars, les Américains ont échoué en laissant un pays en ruine.
Le dernier exemple qui illustre l’assertion de Me Mountaga Tall est celui de la Syrie avec la fin du régime Assad. La Russie a lâché le Président Bachar El Assad, qui a vu son régime effondrer en quelques jours face à l’avancée des forces rebelles. L’alliance avec Moscou avait permis à Bachar Al Assad de se maintenir au pouvoir depuis 2011, date du déclenchement du Printemps arabe, qui a balayé les régimes de Ben Ali en Tunisie et Kadhafi en Libye.
La chute de la dynastie Assad en Syrie prouve à suffisance que les puissances mondiales sont prêtes à abandonner à tout moment un allié si leurs intérêts sont menacés. Il donne davantage raison au Général Charles De gaulle qui disait que «les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts».
Les nations ou les dirigeants, qui confient la sécurité de leurs pays ou une partie à un autre pays ou un groupe non étatique, sont couchés sur la natte d’autrui. Le jour où elles ou ils se réveilleront au milieu des conflits d’intérêts, ça sera trop tard.
Chaka Doumbia