Les activités de mise en œuvre de la feuille de route, pour l’intégration de la dimension genre dans le processus électoral et les réformes politiques et administratives «Genre, Elections et Réformes» au Mali ont été lancées, le 8 février 2024 au Centre international de conférence de Bamako. Cette feuille de route a pour objectif central «de catalyser la représentativité et la représentation des femmes dans les instances de décision, à savoir électives ou nominatives».
De l’adoption en 2010 de la Politique nationale du genre à la Loi n° 2015/052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir l’égalité du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, le Mali a engagé des pas importants dans la théorie. Dans la pratique en revanche, c’est zéro pointé.
Sur le plan électif, la Loi n° 052 a permis d’obtenir des progrès remarquables lors des élections communales de 2016 et des législatives de 2020. Le nombre de femmes élues conseillères a quadruplé en passant de 927 en 2009 à 2830 en 2016. Actuellement, le Mali compte 17 femmes maires contre 9 pour la mandature de 2009. Un record même si ce chiffre reste dérisoire au regard de la disparité. Les législatives de 2020 ont envoyé à l’Assemblée nationale 42 députées contre 14, lors de la précédente législature. Les partis politiques doivent être encouragés à faire plus d’efforts dans le sens de la promotion des femmes, lors de la constitution des listes de candidatures.
Actuellement, c’est la volonté politique qui manque le plus dans l’accession des femmes aux postes de responsabilité. Prenez seulement les secrétariats généraux et cabinets des départements ministériels, les directions nationales et régionales, les présidences des conseils d’administration, les Ambassades, les Tribunaux et Cours. Vous vous rendez aisément compte des violations répétées de la Loi n° 052, là où l’exemple devrait être donné.
Parmi les gouverneurs de région et du district de Bamako, il n’y a qu’une seule femme, à savoir la cheffe de l’exécutive régionale de Sikasso. Au niveau des Préfets et sous-préfets, la situation est loin d’être reluisante en faveur des femmes.
Parmi les chefs de juridictions ou de parquet, les magistrates sont très peu nombreuses. Sur les trois Cours d’Appel que compte le Mali, aucune n’est présidée par une femme. Pis, les trois Procureurs généraux sont tous des hommes. Et pourtant aux premières heures de la 3è République, la Cour d’Appel de Bamako avait une Procureure générale en la personne de Mme Manassa Dagnoko.
Si les ministres, à commencer par la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, devaient être évalués sur la base du respect de la Loi n°052, ils seraient nombreux à être recalés. Alors qu’il suffit d’un Décret, d’un Arrêté voire une simple Décision pour corriger ces violations récurrentes d’une loi, dont l’adoption fut une avancée majeure dans la lutte contre les inégalités au Mali.
Le non-respect de cette loi est un manque de volonté au sommet de l’Etat. Le Président et le Premier ministre doivent veiller au respect scrupuleux des dispositions législatives pour les nominations.
Chiaka Doumbia
Les femmes, à l’évidence, sont le dernier souci du barbu. Il virevolte tous azimuts pour promouvoir une laïcité pure et dure – avec 140 prébendiers qui vont se tourner les pouces et plonger la main dans le tiroir-caisse… -, maïs les femmes n’auront pas voix au chapitre. Pour cela, il faudrait, au Mali, une révolution mentale qui passe par une reconnaissance d’une féminité qui ne se limite pas aux attraits des épouses en surnombre, objets sexuels sans avenir et sans droits.