Les usagers du 3 eme Pont et d’ailleurs sont de plus agacés par les employés d’une société d’assainissement tombée du néant. On en retient pas facilement le nom, mais il s’agit, selon toute vraisemblance, de l’équivalent d’Ozone dans le Mali Koura. Combien est-elle rémunérée et dans quelles conditions a-t-elle été sélectionnée ? La préoccupation porte moins sur ces détails secondaires que sur son rendement manifestement en deçà de l’efficacité décriée des anciens exploitants marocains. À la différence d’Ozone, la nouvelle partenaire de la toute nouvelle équipe du District se singularise par plus d’irrégularité et une absence si criante que les nettoyages habituels tournent au désensablement. Avec des artères que rendent invisibles un imposant tapis sablonneux, les agents de la nouvelle société se trouvent confrontés à des dunes de sables en pleine capitale par-delà les déchets solides qu’Ozone avait du mal à maîtriser, faute de décharges finales et de dépôts de transit. Les routes goudronnées les plus neuves sont devenues méconnaissables par cette invasion sablonneuse qui fait de l’équation d’assainissement un domaine révélateur d’échec pour la Transition.
Sur le retrait de la CEDEAO, l’Adema – PASJ se condamne au mutisme
Très proactif sur les événements d’envergure, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice brille encore par son absence dans les débats sur le devenir du Mali dans la CEDEAO. À la différence de l’Accord d’Alger qui lui a inspiré un communiqué approbateur de la décision des autorités, le Parti de l’Abeille se mure derrière un mutisme inhabituel sans doute pour dissimuler un certain malaise occasionné en son sein par le retrait du Mali de la CEDEAO. Tous les états-majors ont ainsi fait part de leur position sur cette option décisive des autorités sauf les Ruchers qui, de source bien introduite, éprouveraient de la peine à accorder leurs violons sur les éléments de langage à retenir. Difficile de déterminer dans quelle mesure l’épisode affecte la cohésion de la famille politique d’Alpha O. Konaré, mais on imagine que sa posture mutique s’explique par l’impossibilité de trancher une question embarrassante à laquelle le parti Adéma est lié par le nombril. Et pour cause : le PASJ se retrouve à la croisée des chemins entre son soutien à un régime irrespectueux de ses idéaux et son attachement aux principes qu’il a insufflés à l’organisation sous-régionale à travers le président Konaré, initiateur de tous les protocoles additionnels aujourd’hui éprouvés par les putschistes.
Les magistrats haïssent le ton contre leur ministre
Si ça n’est pas la solution aux problèmes du secteur, c’est forcément un déclic à la vassalisation où s’est longtemps complu les maillons de la chaîne. Dans une déclaration commune, une tradition devenue rare depuis de le début de la Transition, le SAM et le SYLYMA protestent vigoureusement contre les intrusions que s’arroge le département de tutelle dans l’organisation du travail judiciaire. C’était en réaction à une circulaire de la fonction publique que le ministre Kassogué a jugé bon de répercuter sur les tribunaux, les instruisant plus de rigueur dans l’assiduité au travail. L’instruction de trop, selon toute évidence, pour une famille judiciaire qui semblait jusqu’ici obéir au doigt et à l’œil. Et pour cause : Il a été clairement signifié au Garde des Sceaux son ignorance des spécificités du labeur quotidien des magistrats et qui les distinguent des autres statuts corporatistes. Les collègues du ministre n’ont pas manqué de souligner par ailleurs que leur famille commune ne bénéficie d’aucun avantage supplémentaire inhérent au surplus de services qu’ils rendent aux justiciables. Un élan d’affranchissement exclusivement motivé par l’intérêt corporatiste et qui feint d’ignorer les traitements exceptionnels liés à la singularité de leur statut.
Quand l’Etat plombe ses fidèles fournisseurs de combustibles
Ils se comptent désormais sur les doigts d’une main les fournisseurs qui accordent encore leur confiance au trésor public malien. En cause, une insolvabilité criante de l’Etat malien, qui ne leur offre d’autre choix qu’un renoncement aux commandes publiques, au risque de péricliter pour de bon. Certaines sociétés de renommée internationale avaient vu venir la lame de fond et ont choisi d’anticiper en mettant un terme depuis belle lurette à leur partenariat avec les structures étatiques. C’est le cas, par exemple, de Shell et de Total, dont les tickets de carburant ont littéralement disparu de la circulation. Non pas parce que l’Etat malien a réduit son train de vie comme annoncé, mais parce que les dotations des structures étatiques ne passent plus par ces multinationales lasses de supporter les caprices trésoriers qui affectent le circuit de leurs paiements. Le relais est revenu à des fournisseurs nationaux assez regardants sur leur devoir citoyen pour accepter de partager le poids financier des retards de remboursement. Ce sont ceux-là dont les bons de carburant ont supplanté ceux des multinationales parce qu’ils sont pratiquement les seuls fournisseurs encore réceptifs aux insupportables conditions de règlement de leurs factures. Il nous revient de bonne source, en effet, que l’Etat est endetté auprès d’une seule de ces deux sociétés à hauteur de plusieurs milliards francs CFA comptant pour les seuls tickets d’essence et qui n’incluent pas les autres formes d’approvisionnement. De quoi entraîner la chute de n’importe quel géant malien aux jambes peu solides. Quoi qu’il en soit, les approches émotives laissent peu à peu la place à une certaine optimisation de l’entrepreneuriat citoyen, qui consiste à ne risquer le cumul d’impayés que pour les seules structures régaliennes stratégiques. Cet esprit patriotique est en passe d’être rendu en monnaie de singe par une mainmise imminente des autorités sur l’approvisionnement des structures publiques en combustibles. L’Etat malien envisagerait, selon nos sources, la commande de 400 camions – citernes destinés au transport du carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques, mais qui risquent de tourner en rude concurrence des opérateurs traditionnels du secteur.
Le coût opaque de la future histoire de l’armée
L’armée malienne vit ses meilleures heures de gloire depuis la reprise de Kidal aux mouvements armés autonomistes. Il n’a pas suffi de savourer l’événement par des élans jubilatoires et triomphalistes par moment. Il entend aussi graver l’exploit en lettres d’or sur les pages de son parcours historique. C’est tout le sens du nouveau projet de l’ancien ministre Yamoussa Camara. Lancée à grands coups de battage, la semaine dernière, à Koulouba, l’initiative du président du Conseil national de défense vise à reconstituer l’histoire de l’armée au Mali en remontant à l’antiquité. Pour ce travail de fourmi, le dévolu de Koulouba a été jeté sur le Professeur Dialla Konaté, historien de renommée, qui s’est engagée dans la lourde tâche de fouiller à travers les bibliothèques du monde partout où il est possible de dénicher quelques traces ancestrales. On sait par ailleurs que son labeur devra se conclure par un ouvrage de référence, mais aucune indication en revanche sur le coût du projet ainsi que sur les modalités d’attribution du marché. Lequel devrait relever des intérêts essentiels de l’Etat au nom desquels les procédures ont exempté des exigences de transparence. Pour les exigences d’objectivité de son contenu, elles seront jugées à l’aune du centre d’intérêt et du traitement qui sera fait des tribulations les plus récentes.
Rassemblées par la Rédaction