Focus: Inondations à Bamako

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Bamako est l’ancien village malinké et bambara de la grande plaine alluviale du Niger au pied de l’escarpement du plateau Manding, centre d’un marché traditionnel, Bamako devient en 1883 la base de pénétration française dans le bassin du Niger; garantissant durant la période la protection des villages voisins face aux menaces de Samori, le petit poste militaire va progressivement assurer les fonctions de capitale coloniale et de centre d’entrepôt pour la collecte et la redistribution des produits.

Depuis que Bamako a été promue capitale d’État en 1960, les différentes fonctions politiques, administratives, commerciales, industrielles et culturelles n’ont fait que se développer, et la ville n’a cessé de croître: 76 000 habitants en 1958; 170 000 en 1965-1966 et 22 millions en 2020. On estime que le «Grand Bamako», c’est-à-dire la ville et sa périphérie immédiate, dans un rayon de 30 km (dont Kati), dépassent aujourd’hui trois (03) millions d’habitants. La ville s’est développée de façon linéaire sur le piémont et les terrasses de la rive gauche, le plateau Manding constituant un obstacle à l’extension de la ville vers le nord. La construction du pont, achevée en 1962, a débloqué la situation, et une «ville jumelle» a progressivement grandi sur la rive droite.

Etirée sur 15 km d’ouest en est, coupée en deux par le fleuve, Bamako se caractérise par une urbanisation anarchique et comprend plus de 80 quartiers qui se rassemblent en six (06) groupes.

Le phénomène le plus remarquable est constitué par l’extraordinaire prolifération d’installations illicites (quartiers spontanés), surtout dans les zones périphériques, le plus souvent à partir du noyau de village-hameau suburbain (Niamakoro, Missabougou, Banconi), ou à l’intérieur même de la ville. Véritables quartiers dortoirs, ils accueillent de nombreux migrants ruraux affluant à Bamako.

Récemment, notre capitale est devenue une ville refuge, elle continue de capter les campagnes environnantes: lorsque des raisons politiques (troubles, insécurité, guerre civile) poussent les ruraux à se réfugier en ville pour échapper aux rapines et aux violences. Ces dernières années, l’hivernage entraine des inondations. Toutes les eaux se déversent sur la ville. Du coup, on se croirait dans un marigot.

La vocation panafricaniste du Mali

L’engagement panafricaniste du Mali, qui est inscrit dans ses différentes Constitutions depuis l’indépendance, se lit à travers les monuments dédiés à Kwamé N’Nkrumah, premier président du Ghana, l’un des pères fondateurs du panafricanisme et à Patrice Emérite Lumumba, fondateur du Mouvement national congolais, Premier ministre du Congo, assassiné en janvier 1961. Statue Kwamé à Hamdallaye ACI 2000: buste du président Nkrumah en tenue africaine.

La Tour de l’Afrique: Conçue comme un baobab géant de 46 mètres avec à la base des contreforts saillants, la Tour se situe à l’entrée de la ville sur une des voies d’accès à l’aéroport de Bamako. Elle est décorée à l’extérieur d’idéogrammes bamanan évoquant la concertation, l’union et la solidarité. Elle porte à son sommet une jarre percée qui est l’illustration de la célèbre sentence du roi Ghezo du Bénin et qui était devenue la devise de la très combative Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF): «Si tous les fils du pays venaient par leurs mains groupées boucher les trous du canari, le pays serait sauvé». Un appel à l’unité qui fait la force.

Le monument place de la Liberté: Le monument aux héros de l’armée Noire (place de la Liberté) doit disparaître au nom de la souveraineté. L’histoire du Soudan, sous domination française, est présentée à travers ce monument, construit en 1922, et qui avait été l’un des rares à ne pas être déboulonnés à l’indépendance. Il y a une réappropriation de ce support de la mémoire coloniale mais d’une manière équivoque. La plupart des Bamakois, y compris des personnes d’un niveau d’instruction élevée l’appellent les «Sofas de Samory» ou les guerriers de Samory, en souvenir de l’histoire du résistant déjà évoqué.

Van Liempd décrit dans le détail l’histoire de ce monument érigé à l’image du monument aux Morts de Reims (les Soudanais ayant été très présents dans cette bataille comme dans d’autres. La sculpture réalisée par Vauthier figure cinq soldats noirs devant lesquels se tient un soldat blanc. L’inscription porte: «En témoignage de la reconnaissance envers les enfants d’adoption de la France, morts au combat pour la liberté et la civilisation».

Inauguré en 1924, le monument s’est enrichi de deux (02) canons et plus récemment d’un jeu d’eau. La réutilisation de certains lieux de la mémoire coloniale imposée par les pouvoirs africains au lendemain de l’indépendance dans des démarches d’affirmation de l’identité nationale a été une pratique répandue, analysée par Coquery dans un article fort intéressant paru dans un ouvrage consacré aux enjeux de mémoire dans l’histoire africaine.

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