C’est dans une salle clairsemée de 3000 places du Centre International des Conférences de Bamako, CICB que le PM Choguel K Maiga a tenu en haleine une foule essentiellement composée des personnes acquises à sa cause. Pendant deux heures d’horloge il a tenu un discours de plus de 20 pages renfermant à la fois des récits historiques extraits de son livre, des révélations qui font froid dans le dos, d’invectives à l’égard de ses opposants et surtout des diatribes vexatoires clairement adressées à son employeur le Président Assimi Goita, devenu aujourd’hui son redoutable adversaire politique. Par la virulence de ses mots le PM Choguel s’érige désormais en porte flambeau du camp opposé à celui du Président de la transition. Au CICB le samedi 16 novembre les adeptes du PM étaient loin d’être les destinataires de son discours, mais plutôt le Président de la transition Assimi Goita. Un discours d’adieu, car sentant à coup sûr son départ imminent de la primature, il veut désormais renforcer son capital sympathie auprès de l’opinion en se lamentant et en se victimisant. Comme si cela ne suffisait pas il s’est également désolidarisé du bilan, particulièrement du pan négatif de celui-ci. Lançant un appel tardif au rassemblement pour dessiner une nouvelle feuille de la transition, le PM Choguel est désormais comme celui qui se noie et qui n’épargne désespérément aucun moyen pour se sauver. Que prépare le PM après sa probable éviction du gouvernement ? Son discours n’est-il pas un avant-goût de ce qui pourrait être son réquisitoire vis-à-vis du Président Assimi si celui-ci venait à se débarrasser de lui ? Prépare-t-il déjà sa campagne de futur candidat à l’élection présidentielle ?
En tenu de camouflage militaire, le PM Choguel K Maiga comme à l’accoutumée s’est livré à son exercice favori celui de tourner en rond, de culpabiliser l’autre et de ne pas assumer ses responsabilités. Officiellement l’objet du meeting était de commémorer l’an I de la « libération de Kidal », mais il s’est transformé en un meeting politique ou de règlement de comptes entre lui et son employeur. . Tout ce combat n’a qu’une seule finalité le contrôle du pouvoir. Sinon comment comprendre que dans la même équipe gouvernementale le premier ministre distribue des bons points à certains ministres et indexe d’autres comme lui faisant ombrage et d’être à la base de son isolement. Dans son discours kilométrique peu de temps a été consacré à la libération de Kidal, par contre il a passé le clair de son temps à dresser le bilan de la transition en énumérant des acquis à la réalisation desquels il a été partie prenante et en listant d’autres aspects qui ont été des échecs cuisants et dont il n’a aucune part de responsabilité. Ce qui a attiré l’attention de beaucoup d’observateurs de la scène politique c’est son revirement à 180 degré en sortant de son état clivant pour s’ériger en véritable chantre du rassemblement des maliens. C’est véritablement le médecin après la mort, car il aurait dû commencer par cela depuis le début de la transition, mais ce n’est pas le couteau à la gorge qu’il faut lancer un appel au rassemblement. Il a évoqué également l’humiliation qu’il a subie tout au long de la transition sa non implication à certaines prises de décisions comme celle relative au report des élections. Pour le PM la transition ne pourrait pas continuer éternellement et qu’il est grand temps qu’il discute avec le Président de sa fin. En aura-t-il le courage ?
Que prépare le PM après sa probable éviction du gouvernement ?
Avec sa fatuité légendaire il s’est posé en héros de la transition seul respectueux du « pacte d’honneur « scellé secrètement avec les militaires sur le dos du Mali et des Maliens .Le seul pari réussi pour le PM en organisant ce meeting c’est celui de l’occupation rationnelle de l’espace médiatique et politique pendant au moins deux semaines. En d’autres termes il a fait le buzz. A Part cela et cela est impardonnable, il a fait preuve d’un mépris et d’un dédain souverains pour le Peuple éprouvé du Mali car de sa longue diatribe n’est fait allusion à aucun moment à une compassion pour les centaines de villages assiégés par le djihadistes, les villages et champs brûlés , les centaines de milliers de déplacés internes , les civils femmes et enfants tués chaque jour , les populations affamés par ces calamités sans fin ! Sans oublier les victimes de la crise énergétique et de la cherté de la vie. Il n’a esquissé aucune ébauche de proposition concrète de sortie de crise, aucune solution aux attentes des maliens, aucun plan de résolution des problèmes cruciaux comme la crise énergétique, la crise de trésorerie, l’insécurité de plus en plus grandissante, la perte d’emplois et la fermeture des milliers d’entreprises toutes choses qui aggravent la crise sociale. A analyser de près son discours on en déduirait qu’il s’agit d’un discours bilan d’adieu sans aucune perspective sur l’avenir immédiat.
Son discours n’est-il pas un avant-goût de ce qui pourrait être son réquisitoire vis-à-vis du Président Assimi si celui-ci venait à se débarrasser de lui ?
On pourrait en douter car le personnage est passé maître dans l’art de « mordre et souffler dessus « comme on dit chez nous. Il se camoufle toujours comme le montre sa tenue et n’ose sortir du bois pour affronter celui qui lui fait subir tant d’humiliation et met à rude épreuve sa « patience stratégique «.
Tout en étalant ses critiques il ne cesse de prêter allégeance au Président de la transition qui pourtant conduit et inspire la politique de la transition tant décriée par lui.
Double jeu ou lâcheté ? Se pose-t-il déjà en victime expiatoire en cas d’éviction ? Seul l’avenir nous le dira car comme on le dit « l’appétit vient en mangeant « et peut être que le personnage nourrit désormais l’ambition d’être « Calife à la place du Calife « et prend date dès ce 16 novembre 2024.
Prépare-t-il déjà sa campagne de futur candidat à l’élection présidentielle ?
Il ne fait l’ombre d’aucun doute, le PM tentera d’être candidat à la prochaine présidentielle. Ses partisans ne l’ont jamais caché et ses sorties sont des preuves supplémentaires des ambitions présidentielles qu’il ne cesse de nourrir. Pour ce faire il ne comptera ni sur la classe politique, encore moins sur une frange de la junte militaire, mais il battra campagne auprès de la Vox Populi qu’il tente d’embobiner par ses discours nationalistes et ses vidéomen appointés et par sa fable du courage à tenir tête à l’ex puissance coloniale, la France. En faisant passer cette dernière comme étant la source de tous nos malheurs. Le PM est apparement clairement en campagne pour quoi et pour quand ? Pour rester ou pour partir ? L’avenir nous édifiera !
Un obstacle de taille est toujours dressé devant certaines ambitions présidentielles : La charte de la transition !
Youssouf Sissoko