“Nos yeux en péril ”. C’est la légende qu’on aurait pu donner à l’investigation que nous avons menée sur les affaires des verres correcteurs à Bamako et sur les boutiques d’optique. Il en ressort ceci d’inquiétant : sur la centaine de boutiques d’optique qui opèrent dans le secteur, seulement quelques-unes sont homologuées par l’Ordre des pharmaciens.
Aujourd’hui dans notre pays, les vendeurs nomades de lunettes commencent à supplanter les vrais opticiens. Ils proposent des lunettes de soleil et des verres correcteurs à des prix défiant toute concurrence. Ces verres qui se vendent sans prescription médicale, ni l’avis d’un médecin, optométriste…, exposent la population à tous les risques. Car délivrés sur conseil des véritables analphabètes, transformés par l’appât du gain en ophtalmologues ou optométristes. Depuis quelques années, le commerce des lunettes dans la rue a pris de l’ampleur à Bamako particulièrement à Medina Coura. Comme les médicaments de la rue, la vente des lunettes est en train de gagner du terrain dans notre capitale. Les vendeurs des lunettes se multiplient de jour en jour, certains sont assis sous les grands arbres, la marchandise exposée sur une table, ou accrochée au carton. Ils sont partout, devant IOTA, lieux publics et principales artères de la capitale. Ces vendeurs de lunettes proposent des lunettes médicalisées comme celles contre le soleil (photo chromique) dans les mêmes conditions de marchandage. Tant pis pour les caractéristiques indiquées sur l’ordonnance des personnes ayant des problèmes de vue. Aux dires de l’un d’entre eux, le prix de vente varie en fonction de la source d’approvisionnement, de l’acuité et même de la tête du client. « Je vends les verres de 0,25 et 0,5 à 2500f, mais avec certaines personnes (riche), je peux monter les enchères jusqu’à 3500f ou à 4000f », disait un ambulant. Selon beaucoup de gens ces verres sont de mauvaise qualité, car il s’agit pour la plupart des lunettes issues des rejets aux tests à l’usine ou de la contrefaçon. Ce discours ne convainc pas tous les consommateurs. Dont certains, expliquent leur choix à cause du prix abordable. « Les verres des vendeurs ambulants sont moins chers comparativement à celles se trouvant dans les vitrines des opticiens professionnels, c’est ce qui nous pousse à les acheter » affirme un client. Selon un ophtalmologue « il faut informer la population sur les dangers que représente l’achat des lunettes dans les marchés ou encore dans les endroits non autorisés ». C’est en fonction de la durée et la gravité de la maladie que les lunettes sont prescrites. « Acheter des lunettes qui ne correspondent pas aux conditions précitées ne sert à rien. C’est la situation du malade qui risque d’empirer » explique-t-il. La vente des lunettes dans l’informel n’arrange ni la population, ni les chiffres d’affaires des opticiens. Mamadou dont l’atelier se trouve à Medina Coura exerce ce travail depuis un certain temps, il témoigne « les clients ne viennent plus comme avant, de nos jours le nombre de vendeurs ambulants des verres a beaucoup augmenté. Or, Ils n’ont pas la compétence, ni la connaissance qu’il faut. » Selon lui, tout ce qui touche à la santé doit être fait soigneusement et avec professionnalisme. A l’en croire, les lentilles proviennent des laboratoires asiatiques et européens dont la commande se fait sur internet ou par fax. Par contre, certains revendeurs à la sauvette des lunettes, respectent des conditions médicales. C’est le cas pour M.D, qui affirme ne jamais vendre de lunettes à un client sans prescription médicale. Et après chaque montage, le patient retourne chez son ophtalmologue pour vérification.
En somme, les autorités doivent prendre des mesures nécessaires pour sensibiliser la population du danger que représentent ces produits et par la suite stopper cette forme de commerce attentatoire à la vue et au su de toute une population.
Mohamed SOGODOGO
….des opticiens sans parcours scolaire….
😁Trop drôle 🤣😅🤣😅