Après avoir abattu un titanesque travail de maillage du territoire national, de mise en place de l’organe de gestion des élections, le Général Abdoulaye Maïga est appelé à la primature pour parachever ce gigantesque effort. Quoi de mieux !
Moins de vingt et quatre heures après son limogeage suite à des frasques “stratégiques” lors d’un prétendu meeting de commémoration de l’an I de la prise de la ville de Kidal, Choguel Kokalla Maïga est remplacé par le Ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement, Général de division de gendarmerie Abdoulaye Maïga. Ce dernier, peut-on dire, n’est pas en terrain inconnu pour avoir assuré avec brio l’intérim de Choguel pendant ses deux périodes de “repos médical forcé“. Auparavant, il faut noter qu’il a assumé avec brio le poste de ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation.
Un Ministre d’État qui a véritablement réussi sa mission
En sa qualité de Ministre d’État, ministre de l’Administra territoriale et de la décentralisation, il faut reconnaître que l’enfant de Missira (quartier populaire de la capitale malienne Bamako) a réussi là où plusieurs ministres ont échoué. Tout d’abord, il a doté toutes les circonscriptions administratives de représentants de l’État: du gouverneur au sous-préfet. Ensuite, il a sanctionné les responsables municipaux soupçonnés de graves fautes, en l’occurrence, des infractions financières et les a remplacés par des délégations spéciales. Puis, il a redonné de la valeur à la fonction de chef de village, de quartier ou de fraction en leur dotant d’un insigne et d’une reconnaissance inédite. Enfin, Général Maïga est parvenu à parachever l’œuvre gigantesque de redécoupage territorial du Mali. Sur le plan politique, étant l’interlocuteur des acteurs politiques, il a su jouer son rôle nonobstant la réticence de certains politiques qui ont voulu saboter le cadre de concertation qu’il a fait renaître de ses cendres. En effet, lors de la mise en place du collège de l’AIGE (Autorité indépendante de gestion des élections), il a invité les partis politiques et la société civile à désigner leurs représentants devant y siéger. Face à l’incapacité de ces derniers de s’entendre, en raison de leur nombre, sur la désignation de leurs représentants, le stratège Maïga a eu recours à une solution légale à laquelle personne ne s’y attendait. Il s’agit du tirage au sort. C’est ce tirage au sort qui a permis d’avoir les représentants des partis politiques et de la société civile. Un tirage au sort supervisé par un huissier de justice qui s’est déroulé en public en présence de tous les acteurs qui voudraient y assister. Ainsi, il a pu déjouer les acteurs mal intentionnés qui pensaient pouvoir lui donner du fil à retordre. Cette prouesse de gestion lui a valu de réussir également à la primature en tant qu’intérimaire pour deux fois.
Général Maïga en terrain connu mieux que quiconque
Appelé par beaucoup, Premier ministre bis, ou encore le binôme du Premier ministre, le détenteur de deux doctorats et spécialiste des questions électorales à l’international pourrait bien réussir là où son prédécesseur a lamentablement échoué. Lors de l’intérim qu’il a assuré, les maliens se sont rendus compte que l’officier de gendarmerie a plus d’un tour dans son sac. Pendant la première période de l’intérim, il avait, d’abord, assaini la primature en chassant les nombreux videomen qui avaient envahi la primature profitant de la connexion gratuite à internet. Ces videomen étaient des relais voire des canaux de diffusion des diatribes de l’ancien PM à l’endroit de tous ceux qu’il pense être d’avis contraire avec lui. Ensuite, il avait initié des séries de rencontres avec les acteurs politiques et de la société civile. Et, puis il avait instauré une organisation rigoureuse du travail gouvernemental en adressant une lettre circulaire à tous les ministres.
Dans cette lettre, Général Maïga avait planifié le travail comme suit: chaque lundi : réunion de cabinet dans chaque département ministériel ; chaque mardi : réunion de cabinet à la rupture avec tous les ministres. Avant lui, seulement c’est le mardi qu’il y avait réunion de cabinet dans les départements ministériels et le mercredi chaque ministre se rendait au conseil des ministres sans avoir échangé avec le premier ministre. Le premier ministre sortant, Choguel, s’était approprié de cette innovation de l’officier de gendarmerie, à bon retour de son ” repos médical forcé”.
Au regard de ces hauts faits, il n’y a pas de doute que Général d’armée Assimi Goïta et ses compagnons d’armes n’ont pas opéré un mauvais choix en nommant Général de division Abdoulaye Maïga au poste de Premier ministre. Avec lui, l’œuvre gigantesque et périlleuse de l’organisation des élections à venir pour mettre fin à la transition pourrait bien et très bien s’accomplir avec brio.
Jean Pierre James,