Depuis son accession à la primature, le Premier ministre Choguel Maiga était perçu comme un acteur clé de la transition, chargé de diriger le pays vers des élections démocratiques et de restaurer la stabilité politique. Cependant, des signes récents suggèrent que son soutien au sein de la hiérarchie militaire au pouvoir pourrait s’effriter. La nomination d’un Premier ministre consensuel s’impose pour sortir le pays du marasme polico-économique et social.
Le Premier ministre a été confronté à de nombreux défis, notamment la gestion de la transition politique et la résolution des crises sécuritaires et économiques au Mali. Cependant, certains observateurs estiment que ses performances ont atteint leurs limites et qu’il est temps de le remplacer.
Le Premier ministre est critiqué pour sa gestion de la crise énergétique qui entraîne des délestages prolongés et des mécontentements au sein de la population. De plus, certains reprochent à Choguel Maïga une certaine inertie dans la mise en œuvre des réformes promises lors de sa prise de fonction devant le CNT. Il s’agit des fameuses « Dix Recommandations ».
D’autres critiques portent sur son incapacité à rassembler et à mobiliser les différents acteurs politiques et sociaux du pays. Une autre catégorie pense que son leadership manque de fermeté et de vision stratégique pour faire face aux défis actuels du Mali.
Dans ce contexte, des voix se font entendre pour appeler à un remaniement ministériel et à la nomination d’un nouveau Premier ministre capable de relever les défis auxquels le pays est confronté. Ses partisans qui ne sont plus nombreux au sein du M5-RFP ne veulent rien entendre. Ils soutiennent que leur mentor mérite d’être soutenu dans ses efforts et qu’il devrait avoir la possibilité d’avoir la confiance des militaires pour mener à bien les réformes engagées.
Choguel affaibli ?
A sa maladie qui l’a éloigné de la Primature pendant 4 mois, et les différents « repos », s’ajoutent les querelles au sein du M5-RFP, tous des facteurs de perturbation dans sa gestion. Le M5-RFP était un acteur clé du mouvement de contestation qui a conduit au renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020 et à la mise en place d’une transition politique dirigée par les militaires.
Cependant, les divergences internes au sein du M5-RFP ont éclaté au grand jour après la formation du gouvernement de transition dirigé par Choguel Maiga II. C’est ainsi que ce mouvement se disloqua. Plusieurs mouvements et associations membres ont crée le M5-Malikura.
Il faut noter que ces querelles internes ont affaibli la coalition politique et ont compliqué la tâche de Choguel Maïga pour mener à bien les réformes nécessaires dans un contexte de crise économique, sociale et sécuritaire. De plus, elles ont contribué à une instabilité politique accrue, compromettant ainsi les efforts de stabilisation et de transition vers un gouvernement civil démocratiquement élu.
La fronde entre deux camps du M5-RFP : Un camp dirigé par les soutiens de Choguel et l’autre par Oumarou Diarra, ancien ministre, évincé du gouvernement denote que le PM n’a plus la « main mise » sur ses anciens camarades. C’est désormais le désamour entre membres du M5-RFP après le départ des Cheick Oumar Sissoko, Mme Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, Konimba Sidibé, tous membres du M5-RFP Malikura.
Après tous ses déboires, le PM a quelle légitimité pour conduire l’attelage gouvernementale ? Nommé Premier ministre comme représentant du M5-RFP, aujourd’hui, la plus part des membres du M5-RFP ne sont plus avec lui. En sommes, les querelles internes au sein du M5-RFP où « il n’a presque plus le soutien de la base » ont donc eu un impact significatif sur la capacité de M. Maiga à exercer pleinement ses fonctions et à répondre efficacement aux défis auxquels le Mali est confronté.
Lâcher par les militaires ?
Du côté de ses anciens collaborateurs que sont les militaires, le premier ministre Maïga semble également perdre de sa popularité. Cette situation peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment des divergences politiques et son incapacité de gérer la crise énergétique où il ne cesse de pointer du doigt le Président Assimi comme le seul « responsable ».
Où a-t-on vu un PM se débiner et pointer du doigt le Président sur une affaire aussi sérieuse qui pourrait le fragiliser?
En conséquence, il est possible que la popularité du Premier ministre Choguel Maiga ait diminué au sein des militaires au pouvoir. Il convient de noter que la situation économique et sociale au Mali est complexe et necessite des changements rapides, et que la perception de la popularité d’un leader peut varier en fonction de divers facteurs et intérêts politiques.
Ce que les militaires doivent entreprendre
Pour relever les défis, la nomination d’un Premier ministre consensuel en remplacement de Choguel s’impose. L’idéal pour ce changement de PM serait juste aux lendemains de la tenue du Dialogue nationale. Oui, il faut un sang nouveau et un chef de gouvernement qui peut conseiller aux militaires la nécessité d’organiser les élections afin que le pays sorte de cette impasse.
Les missiles lancés aux puissances occidentales et sous régionales, les déclarations va-en guerre contre les opposants politiques, les cours d’histoire interminables, doivent laisser la place à une vraie réflexion pour dégager des stratégies pour sortir le pays du « trou ».
La nomination d’un Premier ministre consensuel au Mali pourrait effectivement être perçue comme une mesure nécessaire pour relever les défis actuels auxquels le pays est confronté. Dans le contexte de la transition politique en cours, il est crucial de mettre en place un gouvernement capable de rassembler les différentes forces politiques et sociales du pays afin de travailler de manière efficace à la résolution des problèmes.
Dans ce contexte où le pays se trouve, le choix d’un nouveau Premier ministre pourrait être une tentative de renouveler et de dynamiser le leadership politique du pays. La nomination d’un Premier ministre consensuel pourrait également contribuer à apaiser les tensions et les divisions politiques qui persistent au Mali. En choisissant une figure respectée et acceptée par une large partie de la classe politique et de la société civile, les autorités de la transition ou du moins les colonels au pouvoir pourraient renforcer la légitimité de leur gouvernement et favoriser un climat de confiance et de coopération.
Cependant, il est important de noter que la nomination d’un PM consensuel ne résoudra pas à elle seule les nombreux défis auxquels le Mali est confronté. Il faudra également mettre en œuvre des réformes politiques, économiques et sociales.
Amadou Sidibé