Ousmane Boubou Traoré, Bâtonnier de l’ordre des avocats, aux obsèques de Me Drissa Traoré : “Tu resteras dans la mémoire collective de tous les avocats du Mali” “Tu as fait de ta vie un rêve, et du rêve une réalité”

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Réputé être un chevronné cadre de la justice malienne, Me Drissa Traoré nous a quittés, le lundi 11 mars 2024, à l’âge 78 ans. Un vibrant hommage lui a été rendu, le mercredi 13 mars dernier, par ses pairs avocats en présence de plusieurs personnalités du monde de la justice dont le 1er responsable, Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, garde des Sceaux. Me Drissa Traoré, qui fut bâtonnier puis ministre de la Justice, a été décoré par les autorités de la Transition chevalier de l’Ordre national à titre posthume. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule des grands jours. Il repose pour l’éternité au cimetière d’Hamdallaye. Voici l’oraison funèbre lue par le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Ousmane Boubou Traoré qui nous publions en intégralité.

Cher Aîné, Monsieur l’Enseignant, Monsieur le Bâtonnier, Monsieur le Garde des Sceaux, Monsieur l’Avocat tout simplement. Comme c’est particulièrement lourd pour moi et exagérément prétentieux de ma part, fusse- t-il en ma qualité de bâtonnier de parler de toi en quelques minutes. Cette contraction de texte, je vais m’y plier !

Monsieur le Bâtonnier, toi qui, fus le premier président de l’Association des jeunes avocats du Mali en 1981, tu sauras excuser les éventuelles maladresses de ton cadet bâtonnier 43 années plus tard. L’émotion qui m’étreint est celle de tous les avocats, elle est à la dimension de l’humain que tu as été.

A l’annonce de ton décès, les confrères à l’unanimité t’ont rendu un hommage mérité.  Les mots deviennent futiles pour signifier toute la douleur qu’ils ont ressentie suite à cette disparition. Le Barreau du Mali exprime toute sa compassion et ses condoléances les plus attristées à toute la famille si durement éplorée.

Puisse ton épouse et tes cinq enfants avoir le ressort nécessaire de surmonter cette épreuve qui nous attend tous.

Très cher et estimé doyen, ton parcours scolaire et universitaire et ta vie professionnelle sont inspirants. Tu naquis le 2 mai 1946 à Bamako, tu obtins respectivement le Certificat d’études primaires à l’Ecole primaire de Bamako, le diplôme d’études fondamentales, et le diplôme de l’Ecole normale secondaire de Katibougou, en 1959, 1964 et 1965.  Ainsi, commença pour toi une belle carrière d’enseignant du second cycle de 1966 à 1970.

Parce que l’enseignement éveille la curiosité et mène à d’autres domaines insoupçonnés que tu décidas d’aller à Amiens en France où tu obtins ta licence de droit privé, ton certificat de criminologie de la Faculté de droit de Tours et enfin ton certificat en sciences criminelles de l’Institut de criminologie de Paris II (Panthéon-Sorbonne), entre 1974 et 1976.  Tu as obtenu ton Capa à Dakar entre 1977 et 1980, avant d’être inscrit au Barreau du Mali en 1980. C’est ainsi que la salle d’audience remplaça la salle de classe et les clients ont pris la place des élèves.

Cependant, en bon enseignant tu es resté droit dans tes bottes en trouvant l’alchimie entre ses deux nobles métiers qui ont pour quintessence la rigueur, la probité, l’honneur et la transmission du savoir.

Parlant justement de savoir, tel Tierno Bocar, le maitre spirituel de l’écrivain humaniste malien Amadou Hampaté Ba, tu as formé, j’allais dire enseigné le droit ou tout simplement transmis des valeurs à d’autres qui font aujourd’hui la fierté de notre profession.

Tel Prométhée, figure marquante de la Grèce antique, transmetteur du feu sacré, ayant le don de se réinventer en permanence pour le bien-être de la cité, tu es allé au-delà de l’avocat défenseur de la veuve et de l’orphelin pour entamer un brillant parcours politique.

Tu as compris que les problèmes de la cité sont les tiens, et que le Barreau citoyen ne pouvait pas rester en marge de l’évolution socio-politique de notre société.

Tu auras été successivement entre 1991 et 1997 porte-parole du Mouvement démocratique, président-fondateur du Parti pour la démocratie et le progrès (PDP), candidat aux élections présidentielles à deux reprises, ministre d’Etat chargé de la Justice et des Droits de l’Homme avant d’être le vice-consul du Royaume d’Espagne au Mali.

Monsieur le Bâtonnier, en égrenant ton CV, ton cadet a compris qu’avec toi l’existence humaine fut un défi permanent à relever, un bonheur incommensurable à mériter et enfin une aventure exaltante à tenter. Tu as fait de ta vie un rêve, et du rêve une réalité.

Les avocats à l’unanimité sont tous fiers de toi, le Forum du Barreau, notre lieu d’expression au quotidien a brillé par le lustre des propos dithyrambiques te concernant.

Monsieur Jean d’Ormesson avait raison en affirmant qu’il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. Tu en es l’illustration parfaite. Tu resteras dans la mémoire collective de tous les avocats du Mali.

A ta famille, à tes amis, à tes collaborateurs, à tous tes proches, le Barreau du Mali exprime ses condoléances les plus émues.

Puisse l’éternel dans sa miséricorde vous réserver une place de choix dans son paradis ! Amen. Dors en paix cher Bâtonnier !”

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Pour son intégrité et sa loyauté envers son pays :

Me Drissa Traoré fait chevalier à titre posthume !

Décédé le 11 mars 2024 à l’âge de 78 ans, l’ancien ministre de la Justice Me Drissa Traoré a été élevé au grade de chevalier de l’Ordre national à titre posthume. Cela pour son intégrité et sa loyauté .envers son pays.

 Le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Mamoudou Kassogué a exprimé  sa profonde tristesse suite au décès de l’ancien ministre de la Justice et éminent avocat, Me Idrissa Traoré.

Me Traoré a consacré sa vie à la promotion de la justice et à la défense des droits de l’Homme au Mali. Son parcours remarquable, marqué par son engagement sans faille et sa passion pour le droit, restera gravé dans les mémoires.

En tant que 1er président de l’Association des jeunes avocats du Mali et ensuite en tant que ministre d’Etat chargé de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Traoré a laissé une empreinte indélébile dans le domaine juridique et politique de notre pays.

Sa contribution exceptionnelle à la société malienne, tant sur le plan professionnel que politique, ne sera jamais oubliée. “Nous rendons hommage à sa vision, à son dévouement et à sa contribution inestimable à la construction d’un Mali plus juste et équitable”, précisera le ministre Kassogué.

Son intégrité et sa loyauté envers son pays lui ont valu d’être décoré à titre posthume comme chevalier de l’Ordre de national par le garde des Sceaux.

En ces moments difficiles, le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme adresse ses plus sincères condoléances à la famille Traoré, ainsi qu’à ses proches, ses collègues et tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître

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