Le ministre délégué charge des réformes politiques et du soutien au procès électoral lève toute équivoque sur la non-tenue des élections en 2025 : Un autre camouflet à la classe politique ?

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Face à la presse le jeudi 30 janvier 2025, le ministre délégué auprès du premier ministre chargé des réformes politiques et du soutien au processus électoral a levé toute équivoque sur la non tenue des élections cette année. Mamani Nassiré  avance comme arguments l’absence d’une loi électorale et du fichier actualisé, par conséquent il serait difficile voire impossible de parler d’élections sans ces conditions préalables pour une bonne organisation d’élections crédibles transparentes et dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs, a laissé entendre le ministre délégué en chargé du processus électoral. Par cette sortie du ministre délégué auprès du premier ministre chargé du processus électoral, le gouvernement vient   d’infliger une gifle à la classe politique et à tous les citoyens épris de démocratie. Une décision aussi importante qui engage l’avenir de toute une nation ne devrait-elle pas faire l’objet d’une large  concertation de toutes les forces vives de la nation pour la marquer du sceau d’un consensus ? Les arguments avancés sont-ils suffisants voire convaincants pour ne pas tenir les élections ? Cette décision n’est-elle pas un camouflet pour la classe politique ?

C’est après des débats houleux et de très nombreux  amendements que le Conseil National de transition a voté à une majorité écrasante la loi électorale en 2022 et c’est sur la base de cette même loi que l’élection référendaire a été organisée par gouvernement sans aucun problème . Comment après cela  le gouvernement peut-il avoir la maladresse d’affirmer qu’il n y a ni loi électorale encore moins de  fichier électoral ? Il aurait pu dire que ces instruments ne sont pas actualisés eu égard au nouveau découpage administratif et au fichier éélectoral auquel il manque les nouveaux majeurs qui ont l’âge de voter. Ces arguments auraient suffi pour un léger report, en tout cas si les autorités étaient animées par la volonté d’aller aux élections. Tout porte à croire que la sortie du ministre délégué en charge du processus électoral est en prélude à une grande annonce du Premier ministre, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, relative à un au   report à une date ultérieure des élections. Les autorités semblent être dans du dilatoire pour endormir la conscience de l’opinion et reléguer la tenue des élections au second plan.

Une décision aussi importante qui engage l’avenir de toute une nation ne devrait-elle pas faire l’objet d’une large  concertation de toutes les forces vives de la nation pour la marquer du sceau d’un consensus ?

Ce ne serait ni plus ni moins qu’un mépris souverain vis-à-vis de la classe politique et même de toutes les forces vives de la nation. Ce serait la énième fois si le gouvernement venait à acter le report et avec le même mode opératoire à savoir de façon unilatérale et sans une large consultation des forces vives du pays. A-t-on besoin de rappeler que le pays est le seul bien commun qui appartient à tous les fils et à toutes les filles partageant la même aire géographique ? Toute décision qui les engage doit faire l’objet de consultation. Le report des élections s’il venait à être confirmé dans les mêmes conditions que les précédents, serait une décision maladroite de trop, car elle prolongerait non seulement  la transition qui a entamé sa cinquième année, mais aussi la souffrance du peuple qui broie du noir depuis belle lurette. Avec ce report ne doit-on pas craindre une levée des boucliers de la part de la classe politique qui a donné le ton dans une déclaration toute en fixant un délai de trois mois au gouvernement pour qu’il établisse un chronogramme détaillé pour une fin de la transition. Comme pour dire qu’il y a des gros nuages qui s’amoncellent et qui annoncent des pluies torrentielles. Il revient au gouvernement d’anticiper pour minimiser les dégâts en associant les forces vives à toutes les décisions concernant la vie de la nation.

Les arguments avancés sont-ils suffisants voire convaincants pour ne pas tenir les élections ?

Les arguments avancés sont loin d’être suffisants pour reporter les élections. Ils sont relatifs au manque de loi électorale et de fichier de même nature. Un seul argument suffit pour balayer d’un revers de main cette raison, à savoir la tenue du référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Pour rappel la loi électorale qui a servi de support juridique pour la tenue de ce referendum a fait l’objet de beaucoup d’amendements par les conseillers du CNT avant d’être adoptée à une majorité écrasante. Cette loi a juste besoin d’être actualisée pour la rendre conforme au nouveau découpage administratif et politique. D’ailleurs les formations politiques ont été mises à contribution pour des amendements et des améliorations. Un trimestre suffit largement pour la peaufiner et la soumettre au CNT. Quant au fichier, les nouveaux majeurs qui le désirent peuvent s’inscrire et un seul mois suffit largement pour faire ce travail. Bref les deux arguments que le ministre délégué en charge du processus électoral a avancé ne tiennent pas débout, il y a juste un manque de volonté politique ou certainement que les autorités ont  un agenda différent de celui du peuple.

Cette décision n’est-elle pas un camouflet pour la classe politique ?

Tout porte à le croire, car il suffit de mettre en parallèle la dernière déclaration des partis politiques signataires de la déclaration du 31 mars 2024 et cette sortie du ministre délégué en charge du processus électoral, on arriverait à la conclusion que le fossé s’élargit entre classe politique et les autorités et  qu’à ce rythme  la bataille de kirina, pour caricaturer, serait  inévitable entre les deux parties censées travailler en parfaite symbiose. La classe politique qui est montée sur ses grands chevaux n’entend pas subir et se faire raconter l’histoire dont elle est censée être partie prenante. Elle semble déterminée à jouer le rôle qui est le sien dans la préservation des acquis démocratiques.

Youssouf Sissoko             

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1 commentaire

  1. Il n’y aura jamais d’élections qui seront acceptées par tous, surtout dans notre contexte malien où la priorité de la classe politique est d’être au pouvoir, peu importe le sort du pays. Certains commencent même à laisser planer le spectre d’une guerre civile si des élections ne sont pas organisées, comme si le Mali n’appartenait qu’à la classe politique et que l’opinion des autres citoyens ne comptait pour rien. Comme il est difficile de survivre lorsque sa vie et son avenir dépendent de la politique. Il est donc plus louable que notre pays consacre ses ressources et son énergie à la stabilisation du pays pour le moment. Tout au moins, s’il doit y avoir des élections, faisons tout pour qu’une des figures de proue qui ont initié ce dynamisme de rupture soit candidate et poursuive l’héritage, sinon….hummm !!!!

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