Dialogue inter-maliens : Plus de médiation étrangère ?

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Près d’une décennie après sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a été rejeté par la partie malienne pour son “inapplicabilité”. Créé pour suppléer ledit Accord, le président du Comité de pilotage du Dialogue-inter-malien a déclaré que les Maliens veulent restés imbibés dans leurs mécanismes endogènes de gestion des conflits.

 L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était une démarche impliquant la médiation étrangère en vue de pouvoir accorder les violons entre Maliens dans le cadre de la résolution d’une crise qui date de plusieurs années. Signé en 2015, ce cadre de réconciliation n’a jamais pu permettre aux différentes parties opposées de converger ensemble pour une paix durable.

Estimant qu’il est désormais absolument “inapplicable”, le gouvernement de Transition du Mali a fini par rejeter ledit Accord. De ce fait, la médiation internationale a été mise de côté pour, dit-on, résoudre la crise entre Maliens avec la mise en place, en janvier 2024, du cadre dénommé Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale.

C’est en sa qualité d’ancien Premier ministre qu’Ousmane Issoufi Maïga a dirigé le Comité de pilotage du Dialogue inter-malien. Pendant plusieurs mois, le comité a concerté tous les Maliens, censés être consultés selon sa feuille de route, pour recueillir leur avis afin d’en faire des recommandations finalement portées à l’attention du chef de l’Etat le vendredi 10 mai dernier.

A l’occasion de la cérémonie de clôture des travaux du Dialogue, son président a laissé entendre que ce Dialogue inter-malien initié par le gouvernement du Mali est le cadre approprié pour la résolution d’une crise comme celle que le pays connait actuellement notamment en raison de son adaptabilité aux réalités du pays.

“Le Dialogue inter-malien est un processus qui s’est adapté aux réalités du moment. Dans les cris d’espoirs entendus, nos compatriotes souhaitent ardemment une nouvelle architecture de paix dont les piliers doivent être bâtis dans les rochers du Plateau Mandingue et le Plateau Dogon, avec les sables de nos belles dunes du Nord du Mali, avec les eaux de nos beaux fleuves Niger, Sénégal, Bani, Falémé, du Sourou sur la Volta et même le Yamé chez les Dogons, et la paille de nos cultures, de notre flore. Nous avons toutes ces richesses naturelles qui doivent également être mises au service de la construction de la paix et du vivre ensemble. Les Maliens veulent restés imbibés dans leurs mécanismes endogènes de gestion des conflits. Cette nouvelle architecture devrait leur permettre, devant chaque situation de crise, de recourir à leur propre génie de médiation afin que nul n’ait encore besoin d’aller chercher un tiers arbitre extérieur, très souvent peu au fait de nos us et coutumes millénaires, fixés sur ses propres calculs”, a fait savoir Ousmane Issoufi Maïga.

En magnifiant la médiation interne au point de rejeter l’intervention “un tiers arbitre extérieur”, il est légitime de s’interroger sur la nécessité d’une médiation étrangère qu’il semble inadaptée voire révolue si l’on s’en tient aux propos du président du Comité de pilotage du Dialogue inter-malien.

Alassane Cissouma

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