Niaréla Papou, de son vrai nom Mahamadou Sidibé, est un jeune artiste, auteur, compositeur et interprète malien. À 34 ans, l’homme, qui pratique plusieurs genres musicaux, souhaite aller à la conquête du monde afin de découvrir d’autres publics.
À 34 ans, la musique n’a aucun secret pour lui. Mahamadou Sidibé est auteur, compositeur et interprète. « J’aime la musique depuis ma tendre enfance », affirme Niaréla Papou, comme il se fait affectueusement appeler ; il a commencé à chanter depuis 2007, année où il a quitté l’école. « C’est par amour pour la musique que j’ai abandonné l’école », raconte-t-il.
Pourtant, rien ne le prédestinait à une carrière musicale. Car, comme dans la plupart des familles nobles au Mali, le jeune artiste s’est heurté à l’opposition de ses parents. « Avant moi, il n’y avait aucun chanteur dans notre famille. Ce qui fait que mes parents n’étaient pas d’accord pour que je chante. Car à leurs yeux un noble ne doit pas chanter », rappelle le jeune Sidibé. Ce qui ne l’a pas découragé. Loin s’en faut !
Le jeune Sidibé a commencé à chanter en suivant un batteur de Tam-tam du nom de Bogniny Traoré, qui l’a porté sur ses ailes. « Un jour, Bogniny m’a dit qu’au lieu de s’asseoir à ne rien faire, viens me suivre dans mes prestations », se souvient le jeune Sidibé, qui ne manque jamais de bonne humeur.
C’est ainsi que débute sa carrière musicale. « Je chantais par amour, ce qui fait qu’au début j’avais même du mal à prendre de l’argent », se rappelle-t-il.
Quelques années plus tard, Niaréla Papou a intégré le Babemba, un groupe d’orchestre de Bamako. Ce qui a été une aubaine pour lui puisque c’est à Babemba qu’on lui a appris à chanter plusieurs notes de musique. Ce qui lui a permis de donner une tournure à sa carrière et de connaître une ascension musicale.
Puisque, c’est lors de son passage au sein de ce groupe orchestral que le jeune Sidibé est devenu un artiste polyvalent. Se sentant à l’aise dans plusieurs genres et registres musicaux, l’homme fait de l’heptatonique (genre manding), le pentatonique (genre bambara), du jazz, du blues, de l’afrobeat, rap, etc.
« Je ne veux pas que la culture malienne meure. C’est ce qui m’a poussé à faire plusieurs genres de musique », répond ce passionné de musique et polyglotte qui s’est chanté en bambara, peul, sénoufo, kassonké, dogon, française. Cette polyvalence et son ouverture musicale lui ont permis de travailler avec les plus grands artistes maliens, notamment Cheick Tidiane Seck, Vieux Farka Touré, Kasse Mady Diabaté, Bassekou Kouyaté, Madou Sidiki Diabaté et Safi Diabaté.
Niaréla Papou quitte le Babemba après l’avoir intégré quelques années plus tôt ; il évolue désormais en solo. Mais juste pour un très court laps de temps.
Ayant une facilité déconcertante à chanter, le jeune artiste a séduit, dans sa prestation lors de la nuit de la reconnaissance organisée par l’ORTM, la télévision publique malienne, Abdoulaye Diombana, directeur général de Badema national, qui l’a fait venir à l’orchestre gouvernemental en 2022. « Le directeur Diombana m’a dit que je sais chanter et m’a demandé de regagner les rangs de l’orchestre national afin de rehausser la culture malienne », raconte-t-il.
Le jeune artiste a aujourd’hui à son actif un album de huit titres intitulé « Papou Bara Na” (Papou est arrivé) sorti en janvier dernier. Pourquoi un tel titre ?
Parce que Papou a beaucoup « bourlingué », répond-t-il, avec un grand sourire aux lèvres. De satisfaction ! Car la sortie de ce premier album qui a été réalisé au Mali lui tenait trop à cœur ! Le premier clip est sorti le 13 avril dernier.
Un perfectionniste
Ayant joué sur plusieurs scènes au Mali, l’homme souhaite aller à la conquête du monde afin de découvrir d’autres publics. « On ne veut pas que les choses s’arrêtent en 2024 », indique celui qui a fait de nombreuses tournées à l’étranger notamment au Sénégal à l’Institut français de Saint Louis en 2020 et au festival de la musique en 2021. Il a aussi participé à plusieurs festivals comme le Festival Ali Farka Touré 2021, le Festival Holà Bamako 2021, pour ne citer que ceux-ci.
Perfectionniste, Mahamadou Sidibé est fréquemment en studio afin de travailler sa corde vocale. « Si tu ne fais pas la répétition, tu perds ta voix. C’est pourquoi, je le fais au moins deux fois par semaine », assure-t-il.
Niaréla Papou exhorte au passage les jeunes artistes à se mettre au travail afin de se montrer dignes de leurs prédécesseurs comme Mangala Camara, Kassé Mady Diabaté, Oumou Sangaré, Aly Farka Touré, Cheick Tidiane Seck, Salif Kéïta, pour ne citer que ceux-ci.
Concernant les difficultés, confesse le jeune artiste, il est aujourd’hui très difficile de vivre de son art dans notre pays. La sortie d’un album n’a plus d’intérêt du fait du piratage. « Avec l’arrêt des tournées, il ne reste aux artistes que de chanter dans les cérémonies de mariage, de baptême et autres », déplore-t-il.
En dehors de la scène, Mahamadou Sidibé est un homme sociable. Marié et père de famille, Papou partage son temps entre Niaréla en commune II, son quartier de naissance où résident ses parents, et Missabougou en commune IV où lui-même a élu domicile.
Abdrahamane SISSOKO/maliweb.net