Le règne de Habib SYLLA à la tête du Haut Conseil des Maliens Établi à l’Extérieur est-il sur le point de décliner ? Rien n’est moins sûr. Pour rempiler au niveau national, il doit passer une élection au bureau de Gabon où il doit affronter une fronde latente depuis le 14 mai 2024 avec des équivoques dans l’application strict du décret N° 02021.0610/PT-RM du 13 septembre 2021 portant détermination du statut de Malien établi à l’extérieur et migrants de retour. Réunis au sein d’un «Collectif des candidats à l’élection au poste de président du Haut Conseil des Maliens Établi au Gabon (HCM-Gabon)», ses adversaires, notamment Moussa Diarra, Cheick Fousseyni Touré et Mahamadou Simaga, ont saisi la justice gabonaise afin de faire constater l’absence de Habib Sylla dans le pays depuis 5 ans. Selon le contenu de leur plainte adressée au procureur de la République de Libreville, Habib Sylla ne répond plus aux exigences dudit décret. Et pour cause : selon ledit décret est considéré comme établi à l’extérieur «tout citoyen malien qui, après avoir quitté le Mali, s’est établi de manière permanente ou temporaire dans un autre pays, depuis au moins 180 jours consécutifs ou né de résidant à l’étranger dont l’un des parents au moins est malien et dont la déclaration de naissance a été établie au niveau d’une Mission diplomatique ou consulaire du Mali ou transcrite au Centre spécial d’état civil». Il faut également en plus avoir sa résidence habituelle en dehors des frontières reconnues du Mali – être enregistré comme résident à l’étranger auprès de la mission diplomatique ou consulaire du Mali couvrant son pays d’accueil et détenir une autorisation de séjour ou d’un titre de résident du pays d’accueil. Et l’article 4 dudit décret de préciser que «le Malien établi à l’extérieur, de retour au Mali de plus de 180 jours, ne peut se prévaloir de ce statut pour siéger dans une structure ou instance dédiée aux Maliens établis à l’extérieur ni les représenter dans une association de Maliens établis à l’extérieur». En définitive, on perd le statut de Malien établi à l’extérieur 180 jours après son retour au bercail et il va sans dire que l’application de ce décret frappe Habib Sylla qui, selon ses adversaires, n’aurait pas été aperçu au Gabon depuis le 20 mars 2019. À leurs yeux, par conséquent, le président sortant du HCME n’est point éligible à sa propre succession au Haut Conseil des Maliens Établis au Gabon.
En attendant, si les autorités gabonaises semblent prendre les dispositions pour donner suite à la plainte, du coté malien c’est encore silence radio. Et tout porte à croire qu’Habib Sylla, à moins qu’il ne soit battu dans les urnes, sera belle et bien lice pour sa propre succession. Il se murmure en tout état de cause que Habib Sylla a en sa possession une carte consulaire et un passeport gabonais en cours de validité.
Seulement voilà, l’élection prévue pour hier dimanche a été finalement boycottée par les trois candidats en lice face Habib SYLLA, qui de bonnes sources est toujours abonné absent sur le territoire gabonais. Les frondeurs ont également demandé l’intervention de la justice gabonaise pour suspendre la tenue de ladite élection en attendant que les juridictions saisies vident le contentieux. Il reste a voir si les autorités maliennes vont cautionner cette élection qui, il faut le dire, n’est pas loin d’une mascarade.
Amidou Keita