A l’occasion de ses cent jours passés à la tête de l’hôtel de la ville de Bamako, la Délégation spéciale du district a procédé le samedi 27 avril dernier à la présentation du bilan des activités menées depuis sa prise de fonction. En cette occasion, le président de la Délégation spéciale, Balla Traoré a dressé un tableau très satisfaisant des deux principales missions qui leur ont été assignées. Il s’agit de l’assainissement de la ville de Bamako et l’assainissement de la gouvernance financière de la mairie du district.
Le bilan des cent jours de la Délégation spéciale a été essentiellement structuré autour de ces deux principales missions, sans oublier les autres activités menées qui se situent dans la cadre des missions traditionnelles de la mairie du district de Bamako.
En effet, conformément à sa mission, la Délégation spéciale de la mairie du district s’est lancée sur deux grands chantiers au cours de son premier parcours dont le premier concerne l’assainissement de la ville de Bamako, devenue très sale, afin de lui redonner son ancienne allure de capitale coquette et le second est consacré à l’assainissement de la gouvernance financière de la mairie du district, très endettée et dont la réputation était au plus bas.
Pour redonner à Bamako les allures d’une belle capitale, la Délégation, selon Balla Traoré, a décliné ses actions en trois activités principales : le désensablement, le nettoyage des grands axes routiers du district, la libération des trottoirs occupés par les vendeurs du secteur informel, la réhabilitation, la rénovation des grands carrefours.
La ville de Bamako compte actuellement une population de 4 227 569 habitants. Cette population produit quotidiennement 4050 m3 de déchets solides, soit 2025 tonnes. Les services de la mairie, en l’occurrence la direction des services urbains de voirie et d’assainissement (DSUVA), connue sous le nom de Voirie, enlève quotidiennement une moyenne de 588 m3 de déchets solides contre 350 m3 avant la Délégation spéciale.
Le désensablement a porté sur 4386 m3 de sable. Au total, 1020 caissons ont été enlevés et vidés par la DSUVA durant les cent jours. Le linéaire total balayé par la DSUVA en cent jours est de 180 000 mètres linéaires, soit 180 km.
Le président de la Délégation spéciale révèlera que la production journalière de déchets liquides est estimée à plus de 100 000 m3. L’évacuation de cette énorme quantité est assurée par la DSUVA et les privés. En outre, la DSUVA a procédé au nettoyage de toutes les toilettes de la Grande mosquée et au lavage de ladite mosquée à l’occasion de la fête de l’Aïd el Fitr.
“La DSUVA ne dispose que de seulement 6 dépôts de transit alors que la capitale a un besoin de 26 dépôts de transit pour assurer une évacuation ordonnée et coordonnée des ordures vers les décharges finales”, a-t-il signalé.
Aux yeux de M. Traoré, l’un des problèmes majeurs auquel est confrontée la DSUVA est le manque de décharges finales. Il assurera que les négociations sont en cours pour l’aménagement de six décharges finales parmi lesquelles celles de Mountougoula, Noumoubougou, le flanc de colline de Koulouba et Safo.
Durant les cent jours, la Délégation a fait travailler quotidiennement 50 ou 60 manœuvres pour les opérations de désensablement et de nettoyage. “C’est le lieu de féliciter et rendre un hommage mérité à ces hommes et femmes, nos gilets jaunes DSUVA qui, de façon tenace, de jour comme de nuit, sous le soleil et dans la poussière, ont déployé leur énergie et leur savoir-faire pour assainir et améliorer le cadre de vie des populations de la capitale”, a-t-il salué.
Concernant l’assainissement de la gouvernance financière, M. Traoré fera savoir que la Délégation spéciale a hérité d’une situation financière chaotique marquée par un endettement public d’environ 18 milliards de F CFA, correspondant au non payement de factures portant sur les montants impayés des prestataires et fournisseurs de la mairie.
Dans cette optique, elle a pris des mesures d’austérité budgétaire visant la réduction des dépenses de fonctionnement, couplées avec une stratégie de maximisation des recettes.
Ces mesures, à en croire Balla Traoré, ont permis d’atteindre des résultats remarquables. Ainsi les dotations en carburant ont été réduites de 50 % entrainant une économie mensuelle de 27 002 380 F CFA. Les charges des sessions ordinaires et extraordinaires sont passées de 4 350 000 à 640 000 F CFA. “Grâce à ces mesures impopulaires mais salvatrices, le solde budgétaire à la clôture du premier trimestre 2024 est excédentaire de 229 118.481 F CFA”, s’est-il félicité.
Le solde de fin décembre 2023 s’élevait à 435 512 975 F CFA contre 1 508 649 134 F CFA pour le solde de fin mars 2024. La Délégation spéciale a engagé une vigoureuse campagne d’investigation sur la gestion et les pratiques illégales en matière comptable et gestion financière. Cette campagne visant à assainir la gestion s’est traduite par l’arrestation et la mise à la disposition de la justice de six fonctionnaires et employés indélicats et leurs complices.
Balla Traoré déplorera le niveau d’endettement très élevé de la mairie du district, ce qui a entrainé une perte de toute crédibilité aux yeux des nombreux partenaires qui, en désespoir de cause, se sont détournés de la mairie tout en continuant de réclamer leur dus à la Délégation spéciale, au nom de la continuité de l’administration, souvent en saisissant la justice.
Ibrahima Ndiaye