Tiécoura Hamadoun Diarra, maire élu de la commune rurale Kalabancoro
Tiécoura Hamadoun Diarra, maire élu de la commune rurale Kalabancoro, entré en fonction le 28 avril 2017, a reçu ce mardi 5 novembre 2024, l’équipe du quotidien Le républicain pour nous parler de sa commune, ses habitants, les activités qu’y font vivre, les réalisations, les chantiers ouverts et les projets en cours pour la jeunesse, l’avenir de la commune. C’est à travers un agent de la mairie, que nous avons demandé, le lundi 4 novembre, dans l’après midi, à rencontrer le maire de la commune de Kalabancoro. Notre contact nous est revenu avec une réponse favorable, rendez-vous est pris pour le lendemain mardi à 11 heures. Comme prévu, l’équipe du Républicain eut son entretien avec le maire Tiécoura Hamadoun Diarra, et prévoit de publier l’article ce vendredi. Voilà qu’au lendemain de notre rencontre, le communiqué du conseil des ministres du mercredi 6 novembre annonce la dissolution du conseil municipal de la commune rurale. Pour une interview, le maire en a fait à cœur ouvert, une véritable partie de redevabilité, de séance de restitution pour informer les habitants et les décideurs de ce que son équipe a pu faire pour changer en bien la gestion des affaires locales, au bénéfice des populations de la commune. Ce en facilitant l’accès aux biens et services par la construction des équipements marchands, la libre circulation des personnes et des biens en sécurité, par la construction des routes, et une bonne coopération avec les forces de sécurité de la localité. Il ne fait pas l’impasse sur ce que son équipe n’a pas pu faire, à cause des limites de ses compétences, et du strict respect du pouvoir de tutelle, s’écartant de tout conflit de compétences. C’est un maire confiant du bilan de son équipe à la tête de la mairie, de son sens de la gestion des affaires locales, exclusivement tourné vers l’amélioration des conditions de vie des habitants de sa commune, au risque de passer pour un «baroudeur», qui bouscule tous les obstacles sur son passage, qui nous a entretenu du passé, du présent et du futur de sa commune. C’est lui qui a porté les recettes de sa commune de 150 millions de FCFA à plus d’un milliard 500 millions de FCFA par an, grâce aux stratégies dignes de l’ingénieur hydrogéologue qu’il est de formation de base. Tiecoura Hamadoun Diarra est également titulaire d’un Master spécialisé en génie sanitaire et en environnement, disposant d’un bureau d’Etudes depuis 1995, qui marche bien. Il s’agit d’un homme d’expériences avérées qui n’avait plus rien à démontrer, qui s’est mis à la disposition des habitants de sa commune à la demande d’un groupe de jeunes, pour être au service de la communauté. C’est ainsi qu’il a muté de la gestion d’entreprise personnelle à la gestion des affaires publiques locales. «Sincèrement je ne suis pas politicien, je n’ai pas beaucoup milité dans un parti mais comme au niveau local j’étais connu par ce que j’ai managé beaucoup de jeunes». C’est ainsi que Tiecoura H. Diarra a été porté à la tête de la mairie de Kalabancoro pour aider la population, par ce qu’il a beaucoup d’expériences dans le développement. Etant ingénieur conseil, il a fait beaucoup de projets de développement. En venant à la mairie, il ne manquait pas d’ambition: «être le leader, l’innovateur dans le domaine. C’est-à-dire amener beaucoup de maires à suivre l’exemple du maire de Kalabancoro». Ce n’est pas chose aisée pour des raisons complexes. Il a au bilan entre autres: la construction de 45 salles de classes (400 à 500 millions de FCFA); l’équipement des centres de santé et un autre en chantier; achat sur fonds propres de matériels de construction des routes (les engins, un grader, un compacteur, une pelle, 4 bennes 10 roues); la réalisation des routes de Gouana, de certaines artères de la ville de Kalabancoro, une route à Sirakoro Méguetana; le marché central de Kalabancoro en chantier; la reprise du marché avec un coût de 400 millions de FCFA également sur fonds propre de la Mairie.
Monsieur le Maire, comment présentez-vous votre commune Kalabancoro ?
Tiécoura Hamadoun Diarra : Kalabancoro est une commune rurale, que dirai-je semi-rurale, semi-urbaine, parce que notre commune ceinture en quelque sorte la ville de Bamako. Pour aller d’un point à un autre de la commune de Kalabancoro, on peut traverser deux communes de la ville de Bamako, avant de l’atteindre. Nous ceinturons Bamako, ce qui fait que notre commune abrite beaucoup de gens qui ont leurs activités dans la ville de Bamako. Selon certains experts, le taux d’accroissement de la population de la commune de Kalabancoro est de 13%, contrairement à beaucoup de zones du Mali, où le taux ne dépasse pas 2,5%.
A combien d’habitants peut-on estimer la population de votre commune ?
Il y a longtemps qu’il n’y a pas eu de recensement à Kalabancoro. Selon nos estimations, la population pourrait atteindre 500 000 habitants.
Quelles sont essentiellement les activités économiques de la commune, qui font vos recettes ?
Les ressources des habitants de la commune rurale de Kalabancoro sont tirées essentiellement des activités menées en ville. Beaucoup d’entreprises de la localité mènent leurs activités commerciales ou de services dans la ville de Bamako. Mais la particularité de notre commune est qu’elle abrite des ports à sable. Des exploitants de sable vont en extraire dans d’autres localités pour venir l’entasser au bord du fleuve. De là, les camions assurent le dispatching au centre ville et dans certains chantiers de la commune. En plus des activités commerciales et de services, nous avons des zones de production, où on pratique de l’agrobusiness, du maraichage à l’élevage de bovins, d’ovins de volailles et la pisciculture.
Et toutes ces productions finissent dans les marchés pour la commercialisation, la commune dispose-t-elle d’importantes places de marché?
Oui, nous avons environ 18 marchés dans la commune, certaines localités disposent de deux ou trois marchés. Cependant, toutes les productions locales ne se commercialisent pas dans nos différents marchés, une partie est transportée à Bamako. Des habitants de la commune IV et VI viennent s’approvisionner dans nos marchés, en poissonnerie, viande, légumes.
Quels sont quelques-uns de vos grands marchés?
Il y a le marché central de Kalabancoro, le marché de Hèrèmakônô, celui de Tienbani, qui sont des marchés saturés. Ensuite, il y a un marché de Niamana, qui est également très fréquenté. Je peux dire que ceux-ci sont des marchés vraiment à grande potentialité.
En parlant du marché de Niamana, s’agit-il de celui jouxtant l’ancien poste de douane ou d’un autre?
Non, il ne s’agit pas de celui de l’ancien poste. Après le poste, en allant dans la direction Ségou, à votre gauche, à quelque 100 m du goudron, il y a un marché de Niamana, qui a de grandes potentialités. En outre, il y a un autre marché à Niamana, que nous avons réhabilité à notre arrivée à la tête de la mairie, qui est en train de revivre. C’est d’ailleurs le plus grand marché de la commune, s’étendant sur 5 ha. Ce marché est un peu plus loin de la route de Ségou, mais il est le plus grand. Son aménagement avait commencé depuis 2007-2008. Quand nous sommes arrivés aux affaires, le marché était un lieu de vagabondage, le site des vagabonds, compte tenu du fait qu’il n’était pas aménagé. Nous avons entrepris d’aménager tous les marchés inachevés. C’est à ce titre que avons voulu l’aménager. Aujourd’hui, il est en train de revivre, et je pense qu’il va être l’un des plus grands fréquentés de la commune, parce qu’il s’étant sur près de 5 ha.
Voulez-vous dire qu’il y a un chantier par là?
Oui, bien sûr, le marché est un chantier justement, et parallèlement, les gens sont en train de le fréquenter.
Nous allons en revenir aux chantiers pour en parler
Monsieur le Maire, vous avez dans votre commune de très grands marchés qui approvisionnent les caisses de la commune, je peux dire que vous êtes un homme heureux?
Oui … mais, ce n’est pas facile, parce que (rire…) avoir les marchés ne veut pas dire avoir l’argent. Parce qu’il faut des stratégies pour avoir de l’argent. Quand nous sommes arrivés à la mairie, notre premier travail a été d’abord d’acheter quatre véhicules tout terrain sur fonds propre pour pouvoir faire le recouvrement correct de la commune, vu que c’est une commune très large. Parallèlement, nous avons mené une étude diagnostique, un recensement de tous les contribuables de la commune, toutes les activités qui se font dans la commune. On a recensé les gens par activité et on les a géo-reférenciés, c’est-à-dire que nous savons géographiquement où ils se trouvent, nous avons leurs contacts et nous savons quel type d’activité ils mènent. Ce qui a permis de multiplier par dix les recettes que faisait la mairie. Quand nous venions, la mairie ne dépassait pas 150 millions de FCFA par an. Au bout d’un an, nous avons porté ce chiffre à plus d’un milliard 500 millions de FCFA. C’est dû au fait que nous avons fait le recensement géo-référencié les contribuables, donc on a contraint tout le monde à venir payer ses contributions sous peine de pénalité. Ces stratégies nous ont beaucoup aidés.
A combien se chiffre le budget de la commune de Kalabancoro ?
Le budget est composé des avoirs propres de la mairie et des subventions qui constituent les salaires des enseignants, du personnel médical pour ceux qui sont des collectivités. Au total, notre budget s’élève à environ 16 milliards de FCFA.
Et jusqu’à combien peut-on évaluer les subventions accordées par l’Etat?
Les subventions peuvent atteindre 13 à 14 milliards de FCFA.
Notre pays a été éprouvé cette année par de très fortes pluies qui ont provoqué des dégâts ; comment cet évènement a été vécu par votre commune ?
A l’instar des autres communes, la nôtre n’a pas échappé aux impacts climatiques, le dérèglement climatique, qui ont entrainé une augmentation des précipitations entrainant des problèmes, des pertes en vies humaines, des dégâts matériels immenses. La commune de Kalabancoro n’a pas échappé, parce qu’elle est située à proximité du fleuve et il y a des marigots qui la traversent. L’inondation était telle qu’il fallait monter dans une pirogue pour atteindre certaines habitations.
Les marigots ont débordé…
Les marigots ont débordé et le fleuve même a débordé. Ce n’est pas seulement le fait de la pluie, mais le niveau du fleuve avait monté et dépassé les niveaux normaux. C’est le fait souvent du débordement du fleuve, qui a créé des inondations.
Quel bilan peut-on faire de ces fortes précipitations ?
Voyant la situation de certaines maisons qui ont été inondées, très rapidement nous avons donné l’alerte, appelant les gens à quitter rapidement ces maisons qui se sont effondrées. Heureusement, les gens ont vite quitté ces habitations.
Ces inondations ont causé beaucoup de dégâts presque dans toutes les villes maliennes et au-delà de nos frontières, mais selon vous quel aspect positif peut-on tirer de ces évènements douloureux ?
Il faut tirer leçon de ces évènements, le bonheur aussi bien que le malheur sont porteurs de leçons qu’il faut bien apprendre, et en tirer des conclusions. C’est de dire, que nous ne devons pas habiter près du fleuve sans observer les servitudes. Si on veut habiter à côté du fleuve ou d’un marigot, il faut observer les servitudes. Les urbanistes et les services d’assainissement ont leur rôle à jouer, mais une fois que le mal est fait, les causes étant connues, les autorités doivent agir, casser les habitations construites dans les bas-fond ou dans les servitudes des fleuves. Il y a eu, de 2013 à nos jours, de grandes inondations qui ont causé des dégâts. Je pense qu’il n’y a pas d’autres façons de nous mettre à l’abri des inondations que de dégager toutes les concessions qui obstruent les passages des eaux, curer et rendre propres les collecteurs et les caniveaux, qui servent à drainer les eaux. Les services d’assainissement doivent veiller à ce que l’approche de l’hivernage, tout soit propre. Il faut réviser notre politique de l’assainissement, appliquer les textes dans toute leur rigueur, punir les contrevenants. Il faut éviter que les caniveaux qui sont faits pour les eaux de pluies soient utilisés pour drainer les eaux usées. Celles-ci doivent être collectées dans les maisons et être extraites à l’occasion par les engins de vidange.
Revenant aux côtés dramatiques. Les inondations, au-delà des pertes en vies humaines et des dégâts matériels, ont provoqué le report de la rentrée scolaire d’un mois. Aujourd’hui, la rentrée est-elle effective dans votre commune ?
Oui, la rentrée est effective dans toutes les écoles de la commune que nous avons sillonnées hier (lundi 4 novembre). Il y a quelques écoles situées dans les zones très basses, où on a dû faire des aménagements pour que les élèves puissent être dans de bonnes conditions pour suivre les cours. Beaucoup d’écoles avaient servi d’abri pour des déplacés, des sinistrés des inondations, que nous avons aidés par le truchement du gouverneur. Nous avons procédé à une couverture des dons que le gouverneur a pu collecter pour les sinistrés des écoles. On leur a, par ailleurs, donné un délai pour libérer les classes. Toutes ces écoles qui ont servi d’abri des sinistrés ont été nettoyées.
Il y a eu donc nécessité d’effectuer des travaux de remise en état … ?
Oui, effectivement, les gens étaient nombreux à l’école, et l’utilisation des toilettes, des classes, de la cour, l’émission des déchets solides, liquides, tout cela nécessite un nettoyage pour débarrasser l’école, désinfecter les salles de classes en donnant une couche de chaux. Il y avait plusieurs milliers de m3 de déchets solides que nous avons dégagés. Certaines portes et des fenêtres ont été dégradées également, nous les avons mises en état.
Vous avez dépensé combien pour cela ?
Pour faire ça en deux jours, on a dépensé 5 millions de FCFA. Nous avons délibéré pour que le jour « J » on ait déjà fait tous ces travaux, et on a dépensé 5 millions dans une seule école. Nous n’avons pas pu travailler partout, mais on a déjà délibéré de l’argent pour remettre plus tard ces écoles en état.
Quelle est l’école qui a reçu ces travaux ?
C’est l’école Mamadou Kounta de Kalabancoro qui était beaucoup dégradée. Les sinistrés ont souvent utilisé les table-bancs comme bois de chauffe pour faire la cuisine. Nous avons fait des table-bancs pour les écoles.
Vous avez également décidé de venir au secours des écoles. Pourquoi avez choisi de venir en aide avec des tables-bancs ?
Bien avant des tables-bancs, il faut revenir en arrière. Nous avons fait des salles de classes. Nous avons construit 45 salles de classes en deux ans. Déjà, on en a construit 39. Il nous reste seulement 6 en cours de construction. Sur les 45, on a fait 39 ; il nous reste 6 salles de classes. Beaucoup d’écoles faisaient la double vacation, souvent deux classes pléthoriques dans une même salle, avec certains à deux mètres du tableau, d’autres étaient assis à même le sol ou sur des briques. Cette situation nous a donné à réfléchir pour non seulement faire des salles de classes, mais également des table-bancs: 1000 table-bancs, l’année dernière, et 1000 autres cette année.
2000 tables-bancs, 45 classes, cela a sans doute un coût que la mairie a dû supporter, combien c’est?
Nos salles sont spéciales, ce sont des salles en dalle. Ce n’est plus en taule, qui se dégrade avec le temps. Les nouvelles salles de classes que nous avons faites sont en béton armé, pour résister.
Combien elles ont coûté ?
Par trois salles de classes, nous déboursons près de 34 millions de FCFA. Nous avons fait les salles en trois-trois. Nous sommes à environ 400 à 500 millions de FCFA.
Quels sont les projets de la commune à court, moyen et long termes ?
Nous sommes déjà dans la construction des écoles. Parce que nous avons estimé que l’avenir d’un pays, c’est la réussite de l’éducation des enfants, étant donné qu’ils seront les adultes de demain. Il faudrait qu’ils puissent étudier dans des conditions normales pour être bien formés. Ce qui n’était pas le cas dans notre commune. Après nous nous avoir été illustrés dans la construction des écoles, nous sommes en train de construire un centre de santé. Nous avons, par le passé, équipé certains centres de santé.
En outre, nous avons acheté tous les matériels pour faire les routes d’ordre communal. Ainsi, les routes de Gouana, certaines artères de la ville de Kalabancoro, une route également à Sirakoro Méguetana, ont été réalisées par la mairie. Nous avons une politique participative, qui fait que chaque fois qu’il est constaté dans une localité, un besoin urgent de route, nous procédions à la sensibilisation des populations. Nous disposons de tous les engins : un grader, un compacteur, une pelle, 4 bennes 10 roues que nous avons achetés sur fonds propre de la Mairie. Nous leur avons dit que nous mettons tout cet arsenal à votre disposition, nous avons des techniciens qui peuvent faire les levées topographiques, mais vous devez vous constituer en association pour acheter le carburant permettant de faire ces routes. Je pense que c’était un procédé participatif qui pouvait nous aider beaucoup.
Avez-vous été compris ?
Certains ont compris, mais d’autres peinent à suivre. Nous supposons que l’Etat du Mali, vu l’étendue de notre territoire et la nécessité des routes internationales, des routes inter-urbaines, des routes entre les grandes villes, ne peut pas subvenir à tous ces besoins. C’est l’esprit qui nous a amenés d’ailleurs à nous doter de tels matériels pour que nous puissions suppléer, aider l’Etat, au moins à faire nos routes communales. C’est une nouveauté dans notre pays, il faut du temps pour que les gens puissent nous comprendre et aller dans ce domaine. Certains ont déjà compris et nous sollicitent régulièrement. Je pense qu’avec le temps, ça va se vulgariser. Nous maintenons en état nos outils que nous mettons à la disposition des populations.
Il y a donc des projets d’infrastructures sanitaires, scolaires, routières, qu’en est-il des projets d’infrastructures marchandes ?
Mais bien sûr, il y en a. Actuellement, un marché est en chantier, c’est le marché central de Kalabancoro, qui avait fait quatorze ans d’inactivité. Notre prédécesseur avait déplacé les gens du marché, pour les installer sur une place de jeunes, prétextant qu’en six mois, ils allaient revenir. Mais cela a duré quatorze ans. Quand nous venions, nous leur avons promis de reprendre ce marché. Dieu merci aujourd’hui, on a tenu notre promesse, avec un coût de 400 millions de FCFA également sur fonds propre de la Mairie.
On dit que le Développement passe par l’électricité, avez-vous des dispositions particulières pour assurer l’électricité ?
Non, la production d’électricité ne peut pas être prise en charge par une Commune. Elle demande des infrastructures qui dépassent les moyens d’une commune. Le pays a compris déjà que nous regorgeons de soleil qui fait près de dix mois sur douze dans notre pays, qu’on peut exploiter. Pour l’électrification de notre Mairie, nous avons délibéré déjà près de 40 millions de FCFA, nous allons installer une mini-centrale-solaire pour prendre en charge tous les besoins en électricité de la Mairie. Pendant les temps de grandes difficultés, on avait acheté un groupe électrogène à 25 millions de FCFA. Mais les frais de carburant se sont révélés trop élevés pour nous. C’est ainsi qu’on a vu franchement qu’il nous faut une centrale solaire pour que nous soyons à l’aise.
Quels sont les lieux de loisir ou les infrastructures qui font la fierté de la commune ?
Franchement, je dirai que cela existait, c’est des miniatures. Il y a un coin de loisir appelé Sun 7, qui est une structure privée, et qui, pendant la saison sèche, fait la fierté des jeunes de la commune. Disons que c’est le marché qui était établi sur la place des jeunes. Cette place devait normalement abriter une infrastructure pour la jeunesse, non seulement de Kalabacoro, mais aussi la jeunesse d’autres communes du District de Bamako. Nous avons été handicapés pendant longtemps du fait que le marché central était sur la place des jeunes. Nous envisageons dans les jours à venir, de réunir les jeunes, réfléchir, tenir des réunions pour fixer quel est le type d’équipement approprié, qui pourrait être un lieu de loisir et un lieu de sport pour la jeunesse. Nous allons après cette interview entre les jeunes et nous, inviter les techniciens pour lancer un concours entre les architectes, pour nous proposer un type d’équipement approprié non seulement pour les loisirs, mais aussi pour tenir des conférences et le sport, parce que l’espace est assez grand. Donc on va faire ce choix et la mairie se propose de le construire dans deux ou trois ans. Le site se trouve dans le village de Kalanbancoro à proximité du marché central de Kalabancoro.
Quels sont les types d’insécurités auxquelles la commune est confrontée ?
La commune, à l’instar de la ville de Bamako, est confrontée au banditisme, mais notre particularité est que nos quartiers reculés sont les logements des grands bandits, parce que nous ne sommes pas assez couverts par la police, vu le caractère reculé de nos localités comme Gouana, Diatoula, Ntabacoro, Niamana …, franchement, il y a du banditisme. Dans ce domaine, nous épaulons beaucoup les forces de sécurité.
Quelle est votre part pour épauler les forces de sécurité?
Nous les épaulons en carburant, et quand un de leurs véhicules tombe en panne, pour les réparer rapidement, afin de leur permettre de faire régulièrement les patrouilles. Nous intervenons également pour changer toute la pneumatique et souvent le moteur des différents véhicules pour assurer leur mobilité vers les points aigus du banditisme comme Niamana, au niveau de l’ancien poste, nous cherchons avec la police, les voies et moyens pour déguerpir toutes les personnes qui sont illégalement installées là-bas.
On parle déjà du déguerpissement du marché à bétail de Niamana…
Effectivement, cette décision est venue après notre politique de voie libre, parce qu’il y a beaucoup de banditisme dans le marché de bétail d’abord, mais encore beaucoup de bandits sont établis à côte du marché de bétail.
Avez-vous des dispositions particulières dans la lutte contre la drogue ?
Nous n’avons pas de dispositions particulières car c’est la police qui s’en charge. Nous les appuyons seulement en logistique.
La question de l’insécurité routière est aussi récurrente dans votre commune. Quelles sont les dispositions prises dans ce sens ?
Nous sommes un peu limités. Vers les années 2018-2020, les camions bennes avaient, en l’espace d’un mois, fait plusieurs accidents qui ont causé la mort de 5 étudiants de l’université de Kabala, donc en son temps, le maire que je suis avais pris une décision pour interdire la circulation des bennes transporteurs de sable qui sont les plus dangereux le jour. Donc nous avons en ce moment demandé que les camions commencent à circuler à partir de 22 heures à 5 heures du matin. Cette mesure n’a pas pu prospérer parce que nous avons une tutelle qui est le cercle de Kati. Le préfet de l’époque m’a appelé pour me dire de surseoir à cette décision, parce que la mesure empêcherait les gens d’avoir leur pain. Nous avons été obligés de surseoir à ça.
Votre mesure visait à prévenir les cas d’accidents mortels ?
Oui, effectivement c’était ça. D’ailleurs, à l’occasion on a passé plus d’un mois, on tenait des réunions hebdomadaires au Ministère de l’Enseignement Supérieur. Nous avons été appuyés par le Ministère en son temps, on a pu modérer, réglementer la circulation des bennes. A l’époque, on a retenu que les bennes ne vont pas circuler au moment des heures de pointe des élèves. Ces camions bennes devaient commencer à circuler à partir de 09 heures, quand la plupart des étudiants étaient déjà à l’école. Le soir également leur circulation devait s’arrêter à partir de 14h 30 pour reprendre encore la nuit.
Monsieur le Maire, on est bientôt au terme de notre entretien. Je m’en voudrais de ne pas aborder la question de la répartition des compétences entre vos élus locaux et les représentants de l’Etat. La question de transfert de compétences et des ressource est-elle de nos jours réglée ?
Je pense qu’à présent, le problème demeure parce qu’il y a un grand décalage entre le rythme de transfert de compétence transférée et la réalité des faits. Il y a bon nombre de pouvoirs qui sont transférés et qui peuvent constituer des opportunités, de grandes ressources. Il faut se le dire, la mairie, les communes sont à la base du développement local. Mais pour que cela soit effectif, il faut que les pouvoirs qui leur sont transférés soient effectivement accompagnés de ressources correspondantes. Cela leur permettrait d’avoir de l’argent qu’ils vont investir dans la commune. Je pense que c’est un conflit d’intérêt qui existe entre les détenteurs de ces pouvoirs transférés, représentants de l’Etat et les collectivités. Mais je crois que l’Etat doit prendre davantage ses responsabilités pour que les pouvoirs transférés soient effectifs pour le bonheur des populations. Nous en souffrons beaucoup.
Propos recueillis par Boukary Daou
Transcrits par la Rédaction