«Normalienne» (Ecole normale supérieure/ENSUP) pur teint, ancienne ministre (Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille), Mme Alwata Ichata Sahi a été longtemps été (1998 à 2007) la Secrétaire régionale de l’Organisation panafricaine des femmes (OPF) en Afrique de l’ouest. A cette organisation, elle a donné ses lettres de noblesse dans la sous-région. Titulaire d’un baccalauréat en philosophie et d’une maîtrise d’anglais, enseignante de formation et élue municipale, elle a aussi été chef de cabinet du ministère du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme. Récemment, elle a fait partie du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens (DNI). A l’occasion de la célébration de la Journée panafricaine des femmes, elle s’est volontiers prêtée à quelques questions de Le Matin. Interview !
Le Matin : De 1974 à nos jours, qu’est-ce que la célébration de la Panafricaine a changé dans le quotidien des Maliennes voire des Africaines ?
Mme Alwata : La libération totale du continent africain, l’élimination de l’apartheid et l’instauration d’une justice commune qui défende les droits de l’Homme en tant qu’être humain étaient les objectifs prioritaires de notre organisation à sa création. En la matière, du chemin a été parcouru, du chemin reste à parcourir !
Il faut rappeler que l’Organisation panafricaine des femmes (OPF) a vu le jour le 31 juillet 1962 lors du Congrès constitutif tenu à Dar es Salam (Dar es Salaam en swahili) au Tanganyika, actuelle Tanzanie. Le Mali y était représenté par une forte délégation. En 1974, lors du congrès de Dakar (Sénégal), le 31 juillet fut consacré Journée panafricaine des femmes sur proposition des Maliennes. Notre pays a ensuite abrité le premier siège de l’OPF de 1962 à 1968.
C’est juste pour vous dire combien les femmes maliennes ont joué un rôle important dans la création et le fonctionnement de cette organisation. Elles ne pouvaient que logiquement bénéficier du fruit de leur longue lutte. À partir de là, les femmes se sont battues pour leur émancipation et ont arraché leurs droits à participer à toutes les étapes fondamentales de l’évolution de notre pays. La scolarisation des filles, l’alphabétisation des femmes et leur autonomisation étaient au cœur de leur combat avec des résultats visibles sur le terrain.
-Aujourd’hui, est-ce que les Maliennes sont réellement prises en compte dans la Refondation de l’Etat en tant qu’actrices et aussi bénéficiaires des réformes envisagées ?
Mme Alwata : Aujourd’hui, on peut dire que non seulement les femmes sont prises en compte dans la Refondation, mais qu’elles sont des actrices incontournables des différentes réformes. Elles ne sont pas restées en marge des différentes réformes et elles se sont appropriées des différents processus à travers plusieurs ateliers pendant lesquels elles ont passé au peigne fin les différents textes, dont la Constitution du 22 juillet 2023. Elles ont participé activement aux Assises et aux Dialogues organisés par l’Etat en apportant des contributions spécifiques tenant compte du genre et d’autres spécificités.
-Quelles sont les perspectives qui s’offrent aujourd’hui à la Malienne à l’issue de cette transition ?
Mme Alwata : A l’issue de cette transition, les perspectives qui s’offrent aux Maliennes sont nombreuses et multiples. Ayant eu l’opportunité de participer efficacement aux différentes étapes de la Refondation, en y contribuant, elles profiteront de toutes les opportunités pour participer à la mise en œuvre des programmes et veiller à la prise en compte de leurs préoccupations pour un développement harmonieux et durable de notre pays.
-Avez-vous un message particulier à adresser à vos sœurs et à vos filles du Mali, de l’AES et de l’Afrique toute entière ?
Mme Alwata : A mes sœurs Africaines, je voudrais dire que seule l’union fait la force. C’est pourquoi, il est indispensable pour les femmes des trois pays (Mali, Burkina Faso et Niger) de se donner la main pour entreprendre des vrais combats, notamment celui de la souveraineté et de notre indépendance. L’OPF en a donné l’exemple à travers nos trois pays partageant les mêmes réalités. C’est ensemble que nous devons gérer nos pays sans ingérences extérieures. Ensemble, nous pouvons !
Propos recueillis par
Moussa Bolly