Notre consœur a bien voulu s’exprimer à l’occasion de la panafricaine. L’une des rares femmes à administrer un média audiovisuel majeur donne son avis sur cette journée dédiée aux femmes du continent ainsi que sur la promotion du genre dans le secteur de la communication.
Le TEMOIN : Que symbolise la panafricaine des femmes pour vous?
Fadima Maiga : Ça signifie l’unité africaine ou la promotion de la race africaine à travers laquelle on défend des valeurs de travail, respect, d’évolution, d’engagement, de citoyenneté et de responsabilité. Il sera vrai si nous travaillons par devoir et avons la considération qu’il faut. Les dirigeants doivent promouvoir cet état d’esprit à travers le continent.
Le TEMOIN : Comment voyez-vous vous la promotion du genre en Afrique ?
J’avoue que les choses ont beaucoup changé car les Etats sont à fond sur la question. 60 ans plutôt, nul ne pouvait imaginer une femme présidente de la République, c’est désormais le cas (Libéria, Centrafrique, ndlr). Idem pour les postes de DG ainsi que pour le leadership politique, entre autres. Donc les équilibres en matière de promotion du genre monte en puissance même s’il faut déplorer que la dynamique est plus poussée dans certains zones de l’Afrique. Par exemple, le Ghana, le Nigeria, la Côte d’Ivoire sont des pays avancés sur la question même si au Mali rien n’est à négliger surtout qu’à l’échelle parlementaire certaines se sont distinguées hors des frontières nationales ainsi qu’au gouvernement.
Le TEMOIN : Pour cette année, le thème est l’apport des enseignantes au sein de la transition. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Le thème aurait dû être inverse à savoir ” l’apport de la transition aux enseignantes. En effet, qu’un pays soit en période d’exception ou pas, elles sont toujours là. Elles apportent leur contribution à la nation et il serait intéressant que soit mis en avant ce qu’on peut leur apporter de façon significative, différente afin que les enseignantes travaillent dans un cadre propice à leur épanouissement. À travers ces arguments que j’avance, souffrez que je sois mitigée sur le thème national de la panafricaine.
Le TEMOIN : Parlez-nous de votre expérience en tant que directrice d’une télévision ?
En parler serait long mais je puis dire que ça me permet de me surpasser quotidiennement au fil des années et je me rends compte qu’il suffit de bosser très dur et tirer les conséquences de certains échecs. Il me fallait être regardante sur des approches infructueuses afin d’en tirer les leçons. Mon expérience, je la trouve très belle car elle n’a pas été très lisse, avec des challenges au quotidien qui m’ont boostée au fil du temps. Et s’il fallait tenter l’expérience, je l’aurais retenté car ça m’a permis de faire de belles choses et montrer que la femme africaine peut aller de l’avant professionnellement.
Le TEMOIN : Comment voyez-vous l’évolution des femmes dans le secteur du journalisme et de la communication ?
Dans le monde de la communication, l’évolution des femmes est rapide car beaucoup d’entre elles apportent leur particularité et leur touche. Elles s’en sortent très bien. La preuve avec mes sœurs aux commandes d’agence de communication depuis 5 à 10 qui arrivent à s’insérer dans le marché de la communication. Il faut noter qu’elles sont dans le détail et font focus sur la perfection avec un œil très avisé. Elles évoluent donc bien malgré un contexte socio-économique marqué par une conjoncture sans précédent. Journalistiquement c’est plus complexe car beaucoup de sortantes des écoles arrivent à devenir présentatrices, JRI, animatrices, analystes ou chroniqueuses, mais patinent à certains échelons : rédactrice en chef ou directrice de média. À ces niveaux on a moins de femmes alors que l’évolution est censée rester constante. L’évolution est en gestation car 15 ans plus tôt, on en voyait presque pas mais sur les 5 dernières assez de femmes premières responsables de structures de presse ont émergé.
Le TEMOIN : Vous venez de vous engager dans la production d’une série. Parlez-nous de votre projet !
Effectivement on a procédé au lancement de cette série dénommée LA VOIX DU MALI, le 27 juin dernier. On a 30 épisodes de 26 minutes en deux langues : français et bambara afin d’atteindre une grande audience. En premier, la version française sera diffusée le mardi 3 septembre 2024 à 21h30. Son but est d’éveiller les consciences afin que les citoyens assument leurs devoirs au sein de la société et revendiquent leurs droits comme il faut. La série entend sensibiliser sur le civisme, la citoyenneté et même la préservation des valeurs républicaines. Aussi, la lutte contre la corruption, la discrimination, l’inégalité à l’égard des populations sont visées. Un cocktail censé pousser à adopter des politiques bien conçues dans la cité allant dans le sens du progrès et même impacter pour des dispositions législatives prônant de plus en plus les libertés. L’équipe de production entend par-là contribuer à une relation saine entre gouvernants et gouvernés. Nous travaillons déjà à nouer des partenaires financiers afin de faire une seconde saison.
Le TEMOIN : Votre mot de la fin
Chaque africaine doit prendre conscience de la valeur panafricaniste, que chacun joue sa partition et que chacun apporte du sien de façon sincère et positive. Chaque africaine doit avoir une vision sur le long terme et non au jour le jour. Mettons-nous tous au travail.
Propos recueillis par I. KEITA