Un accord financier adopté dans la douleur à la COP29: plusieurs pays s’y opposent, réactions divisées dans le monde

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À l’issue de négociations marathon, les pays développés se sont engagés, dans la nuit de samedi à dimanche à la COP29 à Bakou, à porter à “au moins 300 milliards” de dollars d’ici 2035 le montant du financement pour permettre aux pays en développement de faire face au dérèglement climatique et soutenir leurs efforts de transition vers la neutralité carbone.

Ce noyau dur de 300 milliards de dollars s’inscrit dans un appel plus large “à tous les acteurs” à collaborer pour une augmentation du financement climatique à “au moins 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035″, pour les pays en développement, “à partir de toutes les sources publiques et privées.” Pour ce faire, une “feuille de route” sera conduite jusqu’à la COP30, l’an prochain à Belem (Brésil), pour progresser vers ces 1.300 milliards de dollars.

Les pays en développement n’ont cessé de rappeler que leurs besoins face au dérèglement climatique atteindront à terme 1.300 milliards de dollars par an. Il réclamait des pays développés un engagement d’au moins 500 milliards de dollars dès 2030.

Le précédent engagement de financement pour l’action climatique des pays du Sud, décidé en 2009 à Copenhague, portait sur 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Une promesse que les pays industrialisés n’ont atteint qu’avec deux années de retard, en 2022, selon les calculs de l’OCDE.

“Pas de tours d’honneur”
Le nouvel objectif financier adopté dans la douleur à la COP29 de Bakou “est une police d’assurance pour l’humanité” face aux impacts du changement climatique, mais “il n’est pas l’heure de faire des tours d’honneur”, a réagi dimanche le chef de l’ONU Climat. “Aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il voulait, et nous quittons Bakou avec une montagne de travail à accomplir. Ce n’est donc pas l’heure de faire des tours d’honneur”, a déclaré Simon Stiell dans une déclaration.

Réactions divisées
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé des sentiments mitigés à propos de l’accord sur le financement de la lutte contre le changement climatique conclu en Azerbaïdjan tôt dimanche matin, exhortant les États à le considérer comme une “fondation” à consolider. “J’avais espéré un résultat plus ambitieux – tant sur le plan financier que sur celui de l’atténuation – pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés”, a-t-il déclaré dans un communiqué, appelant “les gouvernements à considérer cet accord comme une fondation – pour continuer à construire”.

L’accord “doit être honoré dans son intégralité et dans les délais”, a déclaré M. Guterres. “Les engagements doivent être rapidement transformés en argent liquide. Tous les pays doivent s’unir pour veiller à ce que la fourchette haute de ce nouvel objectif soit atteinte.” Le chef de l’ONU a souligné qu’”un accord à la COP29 était absolument essentiel pour maintenir la limite de 1,5 degré”, objectif de réchauffement maximal des températures planétaires. “Et les pays ont tenu leurs promesses.”

Le président américain Joe Biden a salué samedi l’accord de la COP29 comme un “pas important” dans la lutte contre le réchauffement climatique, et s’est engagé à ce que l’Amérique poursuive son action malgré l’attitude climatosceptique de son successeur, Donald Trump. “Si certains cherchent à nier ou à retarder la révolution des énergies propres qui est en cours en Amérique et dans le monde entier, personne ne peut revenir dessus – personne”, a déclaré Joe Biden.

“Dans un contexte géopolitique tendu où les engagements en matière de climat sont mis à rude épreuve, alors que les effets de la crise climatique se font toujours plus dévastateurs, il fallait un accord. L’enjeu central de cette COP29 portait sur l’augmentation du financement climatique pour les pays en développement. Un engagement de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 a ainsi été pris”, déclare la ministre du climat, Zakia Khattabi (Ecolo), qui a emmené la délégation belge à Bakou.

“Nous voulions plus sur la mitigation. Les négociations ont été particulièrement difficiles, mais l’Union européenne a réussi à sauvegarder le consensus de Dubaï. Il est regrettable de devoir perdre une année supplémentaire, il faudra mettre les bouchées doubles l’an prochain au Brésil où chacun devra arriver avec des contributions déterminées au niveau national (plans d’action nationaux visant à réduire les émissions pour préserver la limite des 1.5°C)”, souligne Zakia Khattabi.

La ministre, dont c’était plus que probablement la dernière COP en tant que ministre fédérale du climat, a tenu également à remercier et à saluer l’engagement de la délégation belge. “J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur une telle équipe ces dernières années. Leur efficacité et leur expertise ont été déterminantes dans ces négociations complexes”, conclut Mme Khattabi.

“Décevant”
L’accord conclu à la COP29 “sape les fondements de l’Accord de Paris et permet aux pays riches de se défaire de leurs responsabilités historiques sans répondre aux besoins des plus vulnérables pour les 10 prochaines années”, a réagi la Coalition Climat. Pour la coupole de la société civile belge, l’accord conclu dans la nuit de samedi à dimanche à Bakou représente “une insulte” aux communautés les plus fragiles face à la crise climatique.

“Les pays riches, dont l’Union européenne, n’ont pas fait leurs devoirs pour débloquer de nouvelles sources de financement et sont venus les mains vides à la table des négociations. Après trois ans de négociations, ils n’ont présenté leur nouveau montant qu’au dernier moment, gardant ainsi en otage l’ensemble des négociations”, dénonce encore la Coalition Climat.

L’accord conclu dimanche à la COP29 est “décevant” et “pas à la hauteur des enjeux”, a regretté la ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Malgré “plusieurs avancées”, dont le triplement des financements en faveur des pays pauvres menacés par le changement climatique, la conférence de Bakou a été marquée “par une vraie désorganisation et une absence de leadership de la présidence” azerbaïdjanaise, a affirmé la ministre dans une déclaration transmise à l’AFP.

Plusieurs pays s’opposent à l’accord
Plusieurs pays en développement, Inde en tête, ont vertement critiqué la décision adoptée sur le nouvel objectif de financement climatique pour les pays du Sud. Ce noyau dur de 300 milliards de dollars s’inscrit dans un appel plus large “à tous les acteurs” à collaborer pour une augmentation du financement climatique à “au moins 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035″, pour les pays en développement, “à partir de toutes les sources publiques et privées.”

“Il s’agit d’un incident très regrettable, dans le prolongement d’autres incidents de ce genre”, a déploré la représentante de l’Inde. “L’inclusivité n’a pas prévalu, l’inclusivité des pays n’a pas été respectée. Nous voulions faire une déclaration avant toute prise de décision et cela n’a pas été pris en compte. Nous sommes extrêmement déçus”, a-t-elle ajouté sous les applaudissements. “Nous sommes blessés, très blessés par ce qu’a fait la présidence et le secrétariat. Nous avons une objection totale par rapport à ce document”, a encore affirmé la déléguée indienne.

La Bolivie, très vocale tout au long de la COP29 pour appuyer les demandes des pays en développement, a également fait part de son “objection” à la décision. “Cet accord ne fait que renforcer un système injuste dans lequel les pays développés s’affranchissent de leur obligation légale”, a cinglé le Bolivien Diego Pacheco, estimant que les pays développés “devaient avoir honte” de ne pas respecter “le principe de responsabilité commune, mais différenciée” à la base des négociations climatiques internationales.

La représentante du Nigeria n’a pas davantage mâché ses mots, parlant “d’affront”. “C’est une plaisanterie?”, a-t-elle demandé, furieuse. “Nous n’acceptons pas cette décision!” Pour le groupe des pays les moins avancés, le Malawi a dénoncé un accord “qui n’est pas ambitieux” et a émis “des réserves quant à l’acceptation de cette décision en l’état”. Les décisions sont en principe prises au consensus des 198 pays et de l’Union européenne, parties à l’Accord de Paris sur le climat et à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique.

Source: https://www.7sur7.be/

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