Ukraine, guerre commerciale, Doge : Donald Trump déchaîné devant le Congrès

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La dernière fois que Donald Trump s’était adressé au Congrès, c’était en février 2020 : il était alors empêtré dans son premier impeachment, et Nancy Pelosi avait déchiré devant les caméras son discours sur l’état de l’Union. Cinq ans plus tard, les vents ont changé : c’est un Trump triomphant qui s’est présenté devant les élus ce mardi 4 mars, fort de sa large victoire sur Kamala Harris et d’une majorité républicaine à la Chambre et au Sénat. Le locataire de la Maison-Blanche a insisté, en commençant un discours fleuve de 1 h 40 : « À mes concitoyens, l’Amérique est de retour ! Notre fierté est de retour ! Notre confiance est de retour ! »

En six semaines, le tourbillon Trump a secoué les institutions américaines, ébranlé les alliances internationales, démarré une guerre commerciale avec le Mexique et le Canada, humilié Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale et laissé Elon Musk et sa jeune garde du Doge mener une purge de l’administration fédérale. Il ne compte pas baisser de rythme et veut « créer la civilisation la plus dominante ayant jamais existé sur terre ». Revue de détails.

L’Ukraine prête « à venir à la table des négociations »
C’était le passage le plus attendu par tous les Européens. Quatre jours après son clash ahurissant avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump n’a consacré que quelques minutes, à la fin de son discours, à l’Ukraine. Il a annoncé avoir reçu une lettre de Zelensky qui se dit prêt « à venir à la table des négociations dès que possible » pour tenter de parvenir à « une paix durable ». Kiev compte également, selon Donald Trump, signer « l’accord sur les minerais et la sécurité à tout moment ».

« J’ai apprécié qu’il ait envoyé cette lettre », conclut Trump. Selon lui, les États-Unis ont eu « des discussions sérieuses avec la Russie » et reçu « des signaux forts » que Moscou est « prêt à la paix ». On ne se saura pas lesquels.

Trump lorgne toujours sur le canal de Panama et le Groenland
« Très bientôt, mon administration va reprendre le contrôle du canal de Panama, assure le président américain. On l’a donné à Panama, et on va le reprendre. » Il a également « un message pour les habitants du Groenland » : « Nous soutenons votre droit à déterminer votre propre futur. Si vous le choisissez, nous vous accueillerons au sein des États-Unis d’Amérique. » Avant de se faire menaçant : « Je pense qu’on va l’avoir [le Groenland], d’une manière ou d’une autre. »

Guerre commerciale : l’entêtement de Trump
Le président américain a imposé ce mardi des droits de douane de 25 % sur la majorité des biens venant du Canada et du Mexique, qualifiés de « très cons » par Justin Trudeau, et doublé ceux visant la Chine. La riposte d’Ottawa, Mexico et Pékin a fait plonger Wall Street. De nombreux élus républicains, comme le sénateur du Wisconsin Ron Johnson, ont fait part de leur inquiétude face à une guerre commerciale qui fait déjà flamber le prix des voitures : un pick-up Ram (Stellantis) assemblé au Canada, coûte désormais 100 000 dollars contre 80 000 la veille. « Personne ne va en acheter », s’alarmait un concessionnaire de Pennsylvanie sur Fox News. Les géants de la distribution Target et Best Buy ont également averti que les prix des fruits et légumes et ceux de l’électronique allaient grimper, alors même que Donald Trump avait promis de faire baisser l’inflation.

À LIRE AUSSI Comment faut-il s’y prendre face à un Trump « sous stéroïdes » ? Dans son discours, le président américain a pourtant doublé la mise : « Le 2 avril, nos droits de douane réciproques entreront en vigueur. Quels que soient les droits de douane que [les autres pays] nous imposent, nous leur imposerons les mêmes. S’ils nous taxent, nous les taxerons. S’ils mettent en place des barrières non tarifaires pour nous exclure de leur marché, nous les exclurons du nôtre. Nous allons engranger des milliers de milliards de dollars et créer des emplois comme jamais. » Il donne en exemple la construction d’une usine par Honda dans l’Indiana, et les investissements massifs d’Apple ou du fabricant de puces taïwanais TSMC aux États-Unis : « Ils veulent éviter de payer des droits de douane. »

Doge : Elon Musk en invité
Démantèlement de l’agence pour le développement international, gel des aides fédérales, licenciements massifs, accès à des données sensibles de millions d’Américains… L’action du département à l’Efficacité gouvernementale (Doge) va très vite, trop vite, avec une majorité des Américains qui estiment qu’Elon Musk a trop de pouvoir. Sur CNN, le chef des sénateurs républicains, John Thune, a plaidé mardi pour une approche plus « humaine » et « nuancée ».

Cela n’a pas empêché Donald Trump d’inviter Elon Musk, mardi soir, et de lui rendre un hommage appuyé (« Elon fait un travail formidable ») avant de lister tous les programmes annulés, principalement des aides jugées « woke » à des pays étrangers. Notamment « 8 millions pour promouvoir [la cause] LGBTQI + dans la nation africaine du Lesotho, dont personne n’a jamais entendu parler ».

La résistance des démocrates
Certains élus démocrates, comme Alexandria Ocasio-Cortez et Chris Murphy, avaient choisi de boycotter le discours. Le représentant du Texas Al Green, lui, a bruyamment protesté et a été expulsé de la salle alors qu’il refusait de s’asseoir, canne brandie.

Mais la plupart des élus de l’opposition ont manifesté silencieusement en brandissant des pancartes noires comme « Musk vole », ou « Sauver Medicaid » (l’assurance maladie pour les personnes aux revenus limités) ou tout simplement « faux », face aux nombreuses affirmations erronées de Donald Trump. C’est la sénatrice du Michigan Elissa Slotkin qui a été chargée de répondre au président américain. « Les Américains veulent du changement, a-t-elle concédé. Mais le changement n’a pas besoin d’être chaotique ou d’affaiblir notre sécurité. »

Source: https://www.lepoint.fr/

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