Tractations pour priver le RN du pouvoir: la gauche dénonce la “cacophonie” du camp macroniste

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Au lendemain de la poussée historique de l’extrême droite aux législatives en France, qui suscite l’intérêt ou la crainte en Europe, les désistements de candidats entre gauche et droite se multiplient lundi pour éviter qu’elle obtienne la majorité absolue au second tour.

Les candidats encore en lice ont jusqu’à mardi 18h00 pour se retirer au profit d’un rival d’un autre bord politique et espérer empêcher ainsi la victoire d’un représentant de l’extrême droite.

Car s’il obtient la majorité absolue des 577 députés de l’Assemblée à l’issue du second tour dimanche, le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella sera appelé à former un gouvernement, mettant ainsi l’extrême droite au pouvoir en France pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Lundi, une centaine de candidats de gauche ou du camp présidentiel d’Emmanuel Macron qualifiés pour le second tour se sont déjà désistés, selon un décompte provisoire de l’AFP.

Parmi ceux-ci figurent à ce stade une majorité de représentants de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP), ainsi que trois ministres.

Ces candidats sont engagés dans des triangulaires (trois candidats qualifiés), et arrivés en troisième position dans des circonscriptions où le RN pourrait l’emporter.

Trois semaines après le séisme provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron, le RN a engrangé dimanche plus de 10,6 millions de voix, soit 33,1% des suffrages, un niveau historique si l’on excepte le second tour de la présidentielle de 2022.

Un “grand danger” pour la France et l’Europe
Un résultat qui suscite l’inquiétude des grands partenaires européens de la France. “Personne ne peut rester indifférent (…) si chez notre tout proche partenaire et meilleur ami, un parti qui voit dans l’Europe le problème et non la solution arrive largement en tête”, a déclaré lundi la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a lui évoqué lundi un “grand danger” pour la France et l’Europe.

Mais d’autres se félicitent, à l’instar de l’Italie de la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni, qui s’est réjouie que la “diabolisation” ne fonctionne plus.

La Russie de Vladimir Poutine, de son côté, a indiqué suivre de “très près les élections en France”.

Trente-neuf députés d’extrême droite, à commencer par sa figure de proue Marine Le Pen, ont été élus dès le premier tour dimanche.

Le NFP a obtenu 27,99% des suffrages et compte déjà 32 élus. Le camp présidentiel – qui disposait d’une majorité relative dans la précédente assemblée – a lui été mis en déroute, en troisième position avec seulement 20,8% des suffrages.

Le jeune président du RN, Jordan Bardella, 28 ans, a demandé aux Français de lui donner dimanche les clés du pouvoir.

“Il nous faut une majorité absolue”, a abondé Marine Le Pen, fille du dirigeant historique Jean-Marie Le Pen, et cofondateur en 1972, avec deux anciens membres des Waffen-SS, du Front national (devenu RN en 2018).

“Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe”
Obsédé par l’immigration et les juifs, farouche partisan de l’Algérie française, Jean-Marie Le Pen a été condamné plusieurs fois pour ses dérapages. Sa fille a lancé depuis une décennie une stratégie de dédiabolisation et de normalisation du sulfureux parti.

Alors que le traditionnel “front républicain” contre l’extrême droite apparaît moins systématique que par le passé, l’alliance de la gauche dénonce la “cacophonie” au sein de la majorité présidentielle.

“Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe”, a déclaré le député européen social-démocrate Raphaël Glucksmann, appelant tous les candidats arrivés en troisième position à se désister au second tour.

Mais pour son allié de la gauche radicale La France insoumise (LFI), cela vaudra seulement là où le RN est “arrivé en tête”, a précisé son chef de file Jean-Luc Mélenchon.

Dans le camp présidentiel, la ligne semble moins claire. Lors d’une réunion avec les membres de son gouvernement lundi, M. Macron ne leur a pas donné de consigne claire, selon plusieurs sources ministérielles.

Mais selon un participant, il leur a affirmé que “pas une voix” ne devait “aller à l’extrême droite”, soulignant que la gauche s’était mobilisée face au RN en 2017 et en 2022, ce qui lui avait permis les deux fois d’être élu président.

Si plusieurs candidats macronistes arrivés troisième ont déjà annoncé leur retrait, quelques-uns entendent se maintenir. Ils estiment soit qu’ils ont davantage de réserves de voix que la gauche, soit que leur retrait favoriserait le RN.

Et la majorité sortante peine à s’exprimer d’une seule voix quand il s’agit de soutenir un candidat LFI, repoussoir pour les électeurs centristes et même pour certains au sein de la gauche, en raison des outrances de Jean-Luc Mélenchon, dont la formation est accusée d’antisémitisme.

Source: https://www.7sur7.be/

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