Si l’époque de la prise du pouvoir par des opposants historiques est presque révolue, une nouvelle forme d’accéder au sommet est en passe d’être formalisée. Celle des chefs rebelles qui arrivent à la tête des États avec le soutien des États-Unis qui veulent instaurer un nouvel ordre mondial pour brider le rêve russe de la bipolarisation des relations internationales. Après l’Asie, c’est le tour de l’Afrique. Le pouvoir en place en République démocratique du Congo (RDC) est sérieusement menacé par le Mouvement du 23 mars(M23), une rébellion derrière laquelle se trouve le Rwanda, bras armé des multinationales.
Le monde unipolaire, instauré et dirigé par les États-Unis après la chute du Mur de Berlin en 1989, la dislocation de l’URSS en 1991, et l’imposition de l’élection ‘‘démocratique’’ comme seul moyen d’accéder à la tête de l’État, est dangereusement menacé par l’émergence de nouvelles puissances mondiales concurrentes. Celles-ci, décidées à ébranler le leadership américain, ont construit un modèle de gouvernance qui fait recettes de par le monde. S’il est perçu par certaines populations comme moins contraignant et libérateur. Pour d’autres, il répond à leurs aspirations de diversification de partenaires pour booster leur développement.
Pour contrer l’avancée de la Russie, la Chine, la Turquie, les États- Unis d’Amériques (USA) ne lésinent plus sur les moyens. Ils s’allient et signent des pactes avec le diable en organisant l’arrivée au pouvoir des rebelles et terroristes contre les règles qu’ils ont eux-mêmes établies comme conditions pour accéder au pouvoir: l’élection dite démocratique. Après l’Afghanistan et la Syrie, la République démocratique du Congo (RDC) est dans leur ligne de mire. La prise de Goma, principale ville dans l’est de la RDC, la semaine dernière, est la même stratégie de la conquête du pouvoir par les rebelles en Afghanistan et en Syrie. Dans ces deux, le jour où les principales villes sont tombées, rien n’empêchait plus les nouveaux alliés des USA à accéder au pouvoir.
Le Mouvement du 23 mars(M23), soutenu par 4 000 soldats rwandais et bénéficiant aussi de la logistique et des renseignements américains et ses partenaires européens, veut prendre le pouvoir à Kinshasa, capitale de la RDC. Non pas pour le bien-être des Congolais, mais pour un partage des richesses naturelles de ce vaste pays entre le Rwanda et les multinationales dont son armée assure la sécurité de celles-ci dans le pillage de ce pays depuis 1997, année de la chute du maréchal Mobutu Sesse Seko.
Cette agression internationale du Congo ne rencontre aucune réaction vigoureuse de la part des organisations africaines. Sauf, le sommet extraordinaire de façade des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), tenu vendredi 30 janvier, à Harare, au Zimbabwe. Il n’a abouti à rien.
Pourtant, les Africains ont intérêt à faire bloc derrière la RDC pour faire échec à ses criminels qui n’ont aucune pitié pour l’âme africaine. Sinon, si le jour où le pouvoir de Félix Tshisekedi tombera, tous les pays africains regorgeant des ressources naturelles, dont la coalition mondiale a besoin pour alimenter ses industries, peuvent dire adieu à la stabilité. Et chacun attendre son tour. À commencer par les pays du Sahel, déjà en proie à une guerre terroriste imposée pour les affaiblir, avant que les Etats- Unis et ses partenaires sortent de l’ombre pour conduire leurs alliés terroristes et rebelles sur la route de la prise du pouvoir.
En ce qui concerne le Mali, l’Algérie est déjà dans le startingblock pour déstabiliser notre pays. La manifestation de sa mauvaise foi se traduit par son attachement à l’accord dit d’Alger, signé en 2015 et jeté à la poubelle par les autorités de la transition malienne. Celles-ci ont jugé que ce chiffon de papier contient les germes de la partition de notre pays qui garantit miraculeusement la stabilité de l’Algérie ingrate. Elle a assuré le gîte et le couvert à des criminels sécessionnistes qui ont du sang de leurs compatriotes sur leurs mains comme les djihadistes et les rebelles de l’Afghanistan et de la Syrie, blanchis de tous les crimes odieux qu’ils ont commis contre les populations de leur propre pays par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. L’essentiel, c’est de faire leurs affaires. Les assurer les matières premières stratégiques. Même si c’est dans le sang.
Dans cette manœuvre diabolique, l’Algérie, sachant bien qu’elle seule ne peut pas conduire cette opération de déstabilisation de notre pays, dont les autorités maliennes ont compris son jeu trouble à travers les différents accords qu’elle a parrainés depuis l’accord de Tamanrasset (1991), à l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (2015), en passant par celui de 2006, veut se mettre sous le parapluie d’une grande puissance. Et depuis la fin de l’accord de 2015 qui garantissait ses visées territoriales sur le Mali, la diplomatie algérienne fait feu de tout bois.
En décembre 2023, le ministre algérien des Affaires étrangères appelait ainsi: «Le gouvernement malien à s’associer aux efforts actuellement entrepris par l’Algérie pour relancer la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali». En réaction, le gouvernement malien a qualifié cette déclaration d’actes inamicaux.
Cette offensive diplomatique algérienne est soutenue par ses élites qui ne cessent de pondre des livres dans lesquels elles soutiennent qu’une bonne partie de notre territoire est le prolongement de leur pays. Le livre de Nourredine Ayadi «KIDAL VAUT BIEN UNE GUERRE: L’Algérie et la France au Mali et au Sahel: Influence vs Puissance», publié en 2024, est révélateur. Il pousse d’ailleurs son pays, en des termes voilés, à déclarer la guerre au Mali pour récupérer Kidal, à défaut d’obtenir une autonomie de cette partie de notre pays.
L’Afrique avertie
L’Afrique ne semble rien tirer des leçons de la chute des régimes en Afghanistan et en Syrie. L’arrivée des rebelles au pouvoir dans ces pays est un avertissement pour l’Afrique. Par ce jeu d’intérêts, tous les régimes peuvent tomber comme un fruit mûr. Au regard des événements, l’anticipation est le dernier souci des dirigeants africains. Sinon, Boko Haram est un cas d’école. À l’apparition de ce mouvement djihadiste dans le nord du Nigeria en 2013, aucun pays africain n’a apporté un soutien à ce pays à plus forte raison des organisations africaines. Ils se sont tous dits que cette affaire est purement nigériane. Au bout de dix, malheureusement, il a poussé ses tentacules dans la sous régionale africaine et même au-delà. Si certains pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso font face à cette guerre terroriste, les autres pays qui se croyaient à l’abri ont tous eu leurs doses d’attaques. Ce qui fait qu’aujourd’hui, toute l’Afrique de l’Ouest est sur le qui-vive.
Pour éviter la déstabilisation de l’Afrique, à travers des rébellions parrainées, l’Union africaine (UA), les organisations régionales et sous- régionales doivent revoir leur copie. Il est temps que l’Afrique s’organise pour faire face à ce nouveau défi. Sinon, à défaut de passer par les rebelles et les djihadistes, leur plan B est la formation des gangs qui vont contrôler les zones minières pour leurs multinationales comme en Haïti. La République démocratique du Congo n’est pas à l’abri de cette nouvelle forme de déstabilisation, si le M23 n’arrive pas à prendre le pouvoir à Kinshasa.
Yoro SOW
“et l’imposition de l’élection ‘‘démocratique’’ comme seul moyen d’accéder à la tête de l’État”
C’est vrai qu’un bon coup d’état suivi d’une dictature c’est tellement mieux….
Qu’est-ce qui faut pas lire comme con..ries…
Quand un article commence comme on comprends tout de suite qu’il est directement écrit pas ces dictateurs…