Sénégal : la Déclaration de politique générale d’Ousmane Sonko compromise ?

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Ousmane Sonko a passé le délai de trois mois. Mais, selon des députés proches du nouveau régime au Sénégal, plusieurs dispositions parlementaires doivent être modifiées avant que le Premier ministre ne puisse faire sa Déclaration de politique générale (DPG).

Le sujet fait polémique depuis quelques jours. Près de trois mois après sa nomination, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a toujours pas effectué de Déclaration de politique générale (DPG) comme cela est de coutume dans les 90 jours suivant l’installation du chef du gouvernement au Sénégal. Face à la presse mercredi 26 juin, les députés de Yewwi Askan Wi (YAW, libérer le peuple en langue wolof) ont indiqué que Sonko ne pouvait techniquement pas faire de DPG parce que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale n’en fait pas mention.

« L’audition du Premier ministre est impossible puisqu’elle ne figure pas dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale », a déclaré Ayib Daffé, nouveau président du groupe parlementaire YAW, minoritaire à l’Assemblée nationale face à Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir) proche de l’ex-président Macky Sall (2012-2024).

Il souligne que les dispositions des articles 97, 98 et 99 et des chapitres 22, 23 et 24 doivent au préalable être rétablies après la suppression du poste de Premier ministre par l’ancien chef de l’Etat à la suite de sa réélection en 2019, une mesure sur laquelle Macky Sall reviendra d’ailleurs en 2021. C’est ainsi que plusieurs dispositions retirées n’ont pas été incluses suite à ce retour, a-t-il justifié.

Daffé a dénoncé une « entorse au droit », à la « séparation des pouvoirs » et à leur « équilibre », invitant ses collègues de la majorité et les opposants du nouveau régime à plutôt faire appel en faveur d’une modification du règlement intérieur en vigueur au parlement sénégalais. Il précise que Ousmane Sonko n’est pas tenu par les contraintes de délai puisque les dispositions actuelles n’évoquent pas la DPG, encore moins la motion de censure et la motion de confiance.

Toutefois, certains opposants indiquent que les nouveaux dirigeants sont dans une fuite en avant, soupçonnant le Premier ministre de ne pas vouloir faire face à la quatorzième législature qui siège présentement à l’Assemblée nationale. Il voudrait surtout éviter une motion de censure des députés de la majorité encore acquise à la nouvelle opposition, une situation qui occasionnerait sa démission et celle de son gouvernement.

Le président Bassirou Diomaye Faye pourra, conformément à la loi, dissoudre le parlement en septembre prochain, soit après deux ans d’exercice de la quatorzième législature et organiser, au plus tard dans les trois mois, de nouvelles élections législatives. Pour plusieurs observateurs, c’est ce scénario auquel joue le nouveau régime pour permettre au chef du gouvernement de faire sa DPG devant une quinzième législature où il disposera de la majorité.

Les journaux sénégalais de ce jeudi ont presque tous eu la même lecture. Bés Bi note que les députés de YAW volent « au secours de Sonko », là où Le Quotidien souligne que « YAW censure la DPG », alors que Sud Quotidien estime que « le Premier ministre n’est pas lié », faisant foi aux explications des membres de ce groupe parlementaire composé d’une quarantaine de députés. « Nous allons saisir le PM (pour la DPG), mais c’est à lui de décider », a précisé Abass Fall, membre du groupe.

Toutefois, « cela ne l’absout pas de ses obligations de respecter la Constitution » qui fait bien mention de la DPG pour le Premier ministre, a rétorqué l’ancien parlementaire Babacar Gaye dans L’Observateur, qui constate que « Yewwi enchaîne Sonko », « un PM entre la morale et le droit ».

ODL/te/APA

Source: https://fr.apanews.net/

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