Deux princes marchant côte à côte sur un tapis rouge, quoi de plus normal. Sauf que l’un de deux altesses partageant la même chaise royale pourrait se noyer dans l’orgueil majestueux de l’autre. Cette description risque de correspondre au scénario inédit du Sénégal de Bassirou Diomana Faye et d’Ousmane Sonko surtout après la décision du chef de l’Etat de procéder à l’extension des pouvoirs du Premier ministre. Si cela peut à juste titre ressembler à une simple délégation du pouvoir présidentiel à un Premier ministre déjà fort de son statut de chef de gouvernement et non moins inspirateur des orientations essentielles de la gouvernance du pays, il n’en demeure pas moins qu’un pouvoir à deux têtes porte les germes de clivages au sein du parti au pouvoir PASTEF composé majoritairement de brillants et ambitieux jeunes cadres nourrissant légitimement l’ambition politique suprême.
Si nous avons coutume d’entendre, par ailleurs, que l’histoire a un penchant répétitif, l’épisode du duo Leopold Sedar Senghor-Mahmadou Dia, à l’aube de l’indépendance du pays de la Terranga, est riche d’enseignements sur les incertitudes d’un bicéphalisme qu’on espère courtois et salvateur pour un peuple sénégalais qui a émerveillé par sa maturité démocratique à l’issue d’un scrutin présidentiel que beaucoup annonçaient incendiaires.
Toutefois, au regard du train où vont les choses, le Sénégal d’Ousmane Sonko tient d’une main de fer la gestion du pays sous le leadership de son ex lieutenant qui, du fait du destin, l’a relégué au rang de dauphin. On est néanmoins enclin à s’imaginer que la lassitude du second rôle ou l’impression fantoche d’être un roi sans couronne peut entraver la bonne intelligence qui existe entre l’actuel président de la République et son premier ministre.
Seydou Diakité
Article malveillant
On devrait au contraire encourager ces deux hommes plutôt que hypothèquer sur des querelles d’égos….