RDC: le M23 et l’armée rwandaise dans Goma, qui “s’apprête à tomber” selon Paris

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Goma, principale ville de l’est de la République du Congo, est lundi en plein chaos et secouée par des tirs d’artillerie lourde après l’arrivée la veille au soir de combattants du groupe armé antigouvernemental M23 et de soldats rwandais.

“Goma s’apprête à tomber”, a déploré dans la matinée à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, condamnant fermement cette offensive militaire.

“Le gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage et les pertes en vies humaines”, a déclaré lundi à la mi-journée sur X son porte-parole Patrick Muyaya, la première réaction officielle congolaise depuis l’entrée dans la ville du M23 et de ses alliés.

L’entrée dans la capitale de la province du Nord-Kivu, située à la frontière rwandaise et qui compte un million d’habitants pour autant de déplacés, ponctue plusieurs semaines d’avancée des soldats rwandais et des combattants du M23 face à une armée congolaise qui semble débordée.

Le M23 a évoqué dès dimanche soir dans un communiqué “ce jour glorieux de la libération de la ville de Goma”, lançant un ultimatum pour que les soldats congolais remettent leurs armes.

Mais lundi dans le centre-ville, des détonations d’artillerie soutenues et d’intenses rafales d’armes légères entendues dès le matin continuent.

Les rues sont quasi désertes, et ne sont plus arpentées que par des colonnes de miliciens pro-régime battant en retraite, armes à la main. Un habitant à moto somme un autre de rebrousser chemin, alors que des tirs résonnent.

Ces combats, doublés d’une escalade diplomatique entre la RDC et le Rwanda, ont abouti à la convocation par Nairobi d’une rencontre Tshisekedi-Kagame dans les deux jours à propos de ce conflit en cours depuis plus de trois ans.

Une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola avait échoué en décembre faute d’accord.

Frontalier du Rwanda, l’est de la RDC est secoué depuis plus de 30 ans par des conflits et des relations tumultueuses exacerbées depuis le génocide rwandais de 1994.

La RDC accuse le Rwanda de vouloir y faire main basse sur ses nombreuses richesses naturelles, ce que Kigali dément.

– Scènes de liesse –
Les combattants du M23 (“Mouvement du 23 mars”) et plus de 3.500 soldats rwandais, selon l’ONU, ont pénétré dimanche dans Goma qu’ils assiégeaient depuis plusieurs jours, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires. Des rafales ont résonné dans la ville dans la soirée, puis quelques tirs sporadiques dans la nuit, selon des journalistes de l’AFP.

“Nous sommes dans nos lits dans la peur. On entend les tirs depuis nos maisons, on ne peut pas sortir”, a déclaré lundi Lucie, une habitante de Goma jointe au téléphone.

Signe du chaos régnant, la prison de la ville située dans les quartiers nord, qui comptait environ 3.000 détenus, a été “totalement incendiée” après une “évasion massive” qui a causé des “morts”, a précisé à l’AFP une source sécuritaire, sans donner de bilan. L’AFP a aperçu des dizaines prisonniers fuyant le complexe en flammes.

Dans certains quartiers de la ville, le M23 a été accueilli par des habitants en liesse.

Quelques unités de l’armée congolaise (FARDC) ont commencé à se rendre en remettant leurs armes à des Casques bleus à Goma, selon l’armée uruguayenne, qui fournit des soldats à la force de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) engagées contre le M23.

La frontière avec le Rwanda est fermée lundi à Goma, a indiqué à l’AFP une source consulaire. “Personne n’entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l’ONU”, a ajouté un travailleur humanitaire au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.

Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (“Mouvement du 23 mars”), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.

– “Déclaration de guerre” –
Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir “déclaré la guerre” en envoyant ce week-end de nouvelles troupes en RDC, entre 500 et 1.000 hommes selon des sources onusiennes à l’AFP, alors que l’ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région.

Kigali a répliqué conserver une “posture défensive durable” au vu des combats représentant “une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda”.

La RDC a réclamé au Conseil de Sécurité de l’ONU “des sanctions ciblées” contre les dirigeants militaires et politiques rwandais et un “embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais”.

L’Union européenne a appelé le M23 à “arrêter son avancée” et le Rwanda à “se retirer immédiatement”. L’Union africaine (UA) a réclamé “la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties” fin juillet.

Treize soldats de la force régionale d’Afrique australe (SAMIRDC) et la Monusco ont été tués dans des combats ces derniers jours, selon les armées des pays impliqués.

Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier.

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