Après plusieurs mois de crispations diplomatiques, les autorités du Niger et du Nigéria multiplient les signes d’apaisement. Alors que le ministre nigérian des Affaires étrangères est attendu ce 16 avril à Niamey, une rencontre préalable entre les deux chancelleries avait déjà permis, début mars, d’amorcer un dialogue autour des enjeux de sécurité transfrontalière.
Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, est attendu ce mercredi 16 avril à Niamey pour une visite de travail, ont indiqué à APA des sources concordantes proches du dossier. Ce déplacement s’inscrit dans un processus de rapprochement entre Abuja et Niamey, après plusieurs mois de tensions provoquées par la prise de pouvoir du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au Niger en juillet 2023.
Une première initiative en ce sens avait été observée début mars, lorsque le chef de la diplomatie nigérienne, Bakary Yaou Sangaré, a reçu l’ambassadeur du Nigéria à Niamey, Mohammed Sani Usman. À cette occasion, les deux responsables avaient évoqué les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale, dans un climat encore marqué par des divergences sur les questions de sécurité transfrontalière.
Selon la diplomatie nigérienne, les échanges ont notamment porté sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la zone frontalière. Niamey avait exprimé ses réserves quant à un nouveau dispositif de contrôle mis en place par le Nigéria à ses frontières, jugé contraignant pour les populations riveraines. Les deux parties avaient alors convenu de la nécessité d’une concertation technique, tout en réaffirmant leur volonté de maintenir le dialogue face aux défis sécuritaires partagés.
Dans la foulée, les autorités nigériennes ont annoncé la réorientation de leur stratégie militaire dans le sud-est du pays, avec le lancement de l’opération « Nalewa Dole » à Diffa. Cette initiative intervient après le retrait du Niger de la Force multinationale mixte, dans une volonté affichée de renforcer l’autonomie de ses forces armées, en particulier pour la protection des infrastructures stratégiques.
Cette évolution bilatérale s’inscrit dans une dynamique régionale plus large. En janvier 2025, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont confirmé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), bouleversant les équilibres diplomatiques et sécuritaires dans la sous-région. Une situation qui a conduit le président ghanéen, John Dramani Mahama, à entreprendre une médiation du 8 au 10 mars dans les capitales de l’Alliance des États du Sahel (AES), appelant à un dialogue inclusif pour éviter une rupture définitive avec la Cédéao.
Des tensions toujours vives, mais des signaux de détente
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, les relations entre le Niger et le Nigéria sont restées tendues, notamment en raison du rôle joué par Abuja dans l’adoption des sanctions de la Cédéao et la menace d’une intervention militaire contre Niamey. Des efforts de décrispation ont toutefois été engagés, comme en témoigne la visite, en août 2024, du chef d’état-major des armées nigérianes, conclue par la signature d’un protocole d’accord sur la coopération sécuritaire.
Malgré ces avancées, les différends demeurent. Le président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a récemment accusé Abuja de collusion avec la France pour tenter de déstabiliser son régime, des accusations formellement rejetées par les autorités nigérianes. Dans un entretien accordé à la chaîne Al Jazeera, le chef d’état-major de la défense nigériane, le général Christopher Musa, a rappelé l’importance des liens historiques et géographiques entre les deux pays, niant toute intention hostile de la part de son gouvernement.
La visite de Yusuf Maitama Tuggar à Niamey pourrait ainsi constituer une étape décisive vers la relance d’un dialogue politique et sécuritaire, dans une région où les équilibres sont plus que jamais fragiles.
AC/Sf/APA
Source: fr.apanews.net
Le Nigeria a commis des crimes contre l’ humanite au Niger, des crimes inoubliables!