L’ingérence de Trump et Musk dans la politique européenne menace l’ordre démocratique libéral ( un expert)

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– “Je pense qu’il s’agit d’une stratégie visant à semer la nervosité chez les alliés”, déclare Amelia Hadfield de l’Université de Surrey

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, et son proche allié, le milliardaire Elon Musk, sont les “plus grands exemples de menaces” d’ingérence étrangère, a affirmé une experte britannique, qui a averti que l’ordre démocratique libéral basé sur des règles court un grand risque de “disparaître”.

Le PDG de Tesla et SpaceX, qui doit servir de conseiller à Trump, a fait l’objet de vives critiques pour son ingérence dans la politique européenne via sa plateforme X.

Il a tenu des propos controversés concernant les affaires politiques de pays européens, dont l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, et a également subi des critiques acerbes de la part de l’establishment politique allemand pour son soutien au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) avant une élection anticipée en février.

Amelia Hadfield, responsable du département de politique de l’Université de Surrey, a qualifié cette situation de “dérapage sur les réseaux sociaux”, affirmant que Musk s’attaque aux gouvernements avec une attention ciblée, souvent sur un individu en particulier.

“C’est un peu une attaque pointue lorsqu’on examine de près, mais c’est aussi très répandu. Cela s’étend à divers cibles de manière assez large,” a-t-elle expliqué.

Elle a souligné que ces “provocations semblent vraiment délibérées”, étant d’une part “manipulatrices” et conçues pour “provoquer”, et d’autre part, Musk est parfaitement conscient qu’il ne se contente pas de s’impliquer, mais qu’il interfère réellement.

“Je pense qu’il y aura une intensification entre maintenant et l’investiture présidentielle du 20 janvier. Je pense que c’est une stratégie visant à accroître l’inquiétude chez les alliés et peut-être à semer encore plus de doutes dans les pays qui ne sont pas sûrs d’être des alliés,” a-t-elle ajouté.

– “Des temps compliqués pour l’UE”

Hadfield a indiqué que le 20 janvier, Musk ne sera plus seulement un multi-milliardaire et un grand entrepreneur technologique, mais aussi un membre de la cavalcade présidentielle de Trump, ce qui compliquera encore la manière dont l’Occident pourra gérer sa situation.

Interrogée sur l’état possible des relations entre les États-Unis et l’Europe avec l’investiture de Trump en tant que 47e président plus tard ce mois-ci, Hadfield a estimé que les liens pourraient être tendus.

“Je pense que ce n’est pas seulement parce que Musk a pris pour cible plusieurs pays européens – la France et l’Allemagne étant les meilleurs exemples, mais aussi, plus largement, le Royaume-Uni – mais je pense aussi que la Commission européenne ressent qu’il n’a pas seulement interféré, mais qu’il a été inflammatoire de manière délibérée.”

Elle a souligné que le soutien exprimé par Musk pour l’AfD sur X et sa récente discussion avec la dirigeante du parti, Alice Weidel, ont mis la pression sur la Commission européenne ainsi que sur les gouvernements européens “car la Commission est chargée de faire appliquer la Loi européenne sur les services numériques, la règle numérique, si vous voulez, et l’objectif de cette loi est de réguler et de contrôler les plateformes de réseaux sociaux.”

Soulignant qu’en cas de violations de ces plateformes, y compris l’ingérence, d’énormes amendes peuvent être infligées, elle a ajouté que la Commission européenne est en position d’envisager si elle peut s’attaquer à une plateforme aussi grande que X, en raison du fait d’avoir donné un avantage public injuste à un parti comme l’AfD face à ses rivaux avant un vote.

Cependant, elle a noté que la volonté politique ainsi que les preuves techniques sont nécessaires pour pouvoir poursuivre Musk, précisant que ces temps sont compliqués pour l’Union européenne, d’autant plus qu’il fait désormais partie de l’administration Trump.

– “Le plus grand exemple de menace d’ingérence étrangère”

En évoquant les “menaces répétées” de Trump concernant une guerre commerciale avec l’Europe, elle a souligné que cela serait particulièrement dommageable pour l’Allemagne et ses exportations si des droits de douane aussi élevés que 20% étaient imposés.

“Il y a donc une véritable inquiétude, et cela ne peut être contré que par une réponse ferme et réelle.”

Elle a indiqué que la question dans ce cas est de savoir si Musk est “poussé par Trump” pour saper les partis centristes à travers l’Europe dans son ensemble.

Hadfield a ajouté que l’Allemagne constitue un très bon exemple de cela, en tant qu’étude de cas sur “l’effort de normalisation” des partis d’extrême droite comme l’AfD et de minimisation de leur radicalisme.

Elle a noté qu’il y a eu des tensions avec la France, mais que cela ne s’est “pas vraiment transformé ni dissous.”

Pour elle, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a jusqu’à présent joué “des jeux très astucieux”, tout comme elle l’a fait avec beaucoup de pays de l’UE, en essayant d’inclure certains aspects de Musk “mais sans l’encourager à s’aligner explicitement avec des éléments qui le rendraient encore plus difficile à gérer.”

“Je suis d’accord pour dire que Musk et Trump représentent le plus grand exemple de menace d’ingérence étrangère. En même temps, je pense que beaucoup de cela est basé sur des provocations, du harcèlement. C’est clairement performatif.”

Elle a précisé qu’à une échelle plus large, cela vise l’ordre démocratique libéral.

“Si l’ordre démocratique libéral ne prend pas cela au sérieux, nous assisterons à la fin de l’ordre démocratique libéral basé sur des règles. Les enjeux, franchement, ne pourraient pas être plus élevés”, a-t-elle ajouté.

* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba

Source: https://www.aa.com.tr/fr/

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