Le siècle des transitions : l’Occident face à la montée en puissance des pays émergents

3

Alors que les Etats-Unis et l’Europe sont paralysés par leurs divisions et leur inertie, les puissances émergentes s’apprêtent à prendre le pouvoir et à façonner un monde nouveau, où l’Occident n’est plus le centre de gravité. La fin de l’hégémonie occidentale est en marche, et rien ne pourra l’arrêter.

La dynamique géopolitique mondiale est en pleine transformation, marquée par le déclin de l’hégémonie occidentale face à la montée en puissance de la Russie, de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud, de la Turquie et de l’ensemble des pays membres de l’Alliance BRICS. Ces puissances émergentes redéfinissent les centres de décision stratégiques, autrefois concentrés à Washington et Bruxelles, maintenant tournés vers Pékin, Moscou et Ankara. Simultanément, l’OTAN et l’UE naviguent dans une crise de cohésion, exacerbée par des rivalités impériales ré-émergentes qui fragmentent leur unité et compromettent leur efficacité collective. Sur le plan économique, l’Occident se trouve de plus en plus dépendant des investissements et marchés étrangers, ce qui fragilise sa souveraineté économique et confère aux puissances émergentes un pouvoir de négociation renforcé, érodant progressivement les fondements économiques occidentaux.

l’Occident s’enfonce dans la nuit de son déclin, abandonnant son rôle de leader mondial aux puissances émergentes

Contexte géopolitique et géostratégique

Dans un contexte mondial chargé de nouvelles dynamiques géopolitiques, les puissances émergentes redéfinissent l’équilibre des forces. La Russie, sous l’égide de Vladimir Poutine, vise à restaurer son influence historique et s’affirme comme un acteur géopolitique incontournable face à l’Ouest, à travers des actions stratégiques telles que la réaction aux événements de Maïdan (cause profonde du conflit ukrainien), la réadmission de la Crimée et les interventions en Syrie et en Géorgie. Parallèlement, la Turquie, dirigée par Recep Tayyip Erdogan, cherche à raviver l’héritage ottoman via une politique expansionniste en Syrie, en Irak et en Libye, tout en s’affirmant comme puissance régionale clé. La Chine, sous la conduite de Xi Jinping, pratique une expansion silencieuse mais résolue, investissant stratégiquement en Asie, Afrique et Amérique Latine pour s’établir comme leader mondial sur les plans économique, politique et militaire. Les Etats-Unis, sous l’administration du président élu Donald Trump, cherchent à réaffirmer leur hégémonie, notamment face aux avancées de la Chine et de la Russie, tout en affichant l’ambition d’annexer le Canada, le Groenland et le canal de Panama. Pendant ce temps, l’Europe occidentale et l’Occident collectif semblent fragilisés, confrontés à une potentielle érosion de leur influence et de leur identité historique sur la scène mondiale.

La perte de l’hégémonie occidentale : un déclin inexorable

La résurgence des puissances émergentes telles que la Russie, la Turquie et la Chine marque un tournant dans l’équilibre mondial, signifiant la fin de l’hégémonie occidentale. Après des décennies de domination depuis la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et l’Europe font face à un déclin progressif de leur influence. Ce changement est attribué à plusieurs facteurs : stagnation économique, baisse de compétitivité, coûts de production élevés et bureaucratie excessive. Simultanément, leur puissance militaire s’est affaiblie en raison de conflits comme ceux en Irak et Afghanistan, et les divisions internes ont miné leur influence diplomatique. En contraste, les puissances émergentes connaissent une croissance économique explosive, avec la Chine à la tête en tant que première économie mondiale. Elles modernisent également leurs capacités militaires et étendent leur influence diplomatique. La Chine se distingue par sa diplomatie économique, la Russie par son impact en Europe et au-delà, et la Turquie renforce sa position au Moyen-Orient. Ce basculement inexorable appelle les Etats-Unis et l’Europe à repenser leur stratégie pour s’adapter au nouvel ordre mondial multipolaire et rester pertinents sur l’échiquier international ou à disparaître.

La fragmentation de l’OTAN et de l’UE : une crise de la cohésion occidentale

La montée des puissances émergentes et la résurgence des rivalités impériales entraînent une fragmentation inquiétante de l’OTAN et de l’UE, minant ainsi leur cohésion stratégique. Cette situation découle de divers facteurs, notamment la divergence des intérêts prioritaires : les Etats-Unis se concentrent sur la menace chinoise en Asie-Pacifique, tandis que les Etats européens s’inquiètent davantage de la menace russe en Europe et dans l’espace stratégique indopacifique. Par ailleurs, des disparités économiques et militaires creusent le fossé transatlantique, les Etats-Unis disposant d’une puissance économique et militaire bien supérieure. Les visions divergentes quant à l’avenir de l’Europe et de l’OTAN ajoutent une couche de complexité : les Etats-Unis prônent une alliance militaire robuste, alors que l’Europe envisage une autonomie stratégique renforcée. Cette fragmentation affaiblit la capacité des Etats membres à agir de manière unifiée face aux défis globaux, offrant aux puissances émergentes, notamment à travers l’Alliance BRICS, l’opportunité d’exploiter leurs divisions. Les conséquences sont sérieuses : une perte de crédibilité pour l’OTAN et l’UE, une diminution de leur capacité à répondre aux enjeux mondiaux, une influence accrue des puissances émergentes, et une menace pour la sécurité et la stabilité en Europe et dans l’ensemble de l’Occident.

La perte de la souveraineté économique : une dépendance croissante à l’égard des puissances émergentes

L’émergence des puissances mondiales comme la Chine, la Russie, l’Inde et la Turquie induit une redéfinition de la souveraineté économique occidentale, plaçant les Etats-Unis et l’Europe dans une dépendance croissante vis-à-vis des investissements et marchés étrangers. Cette dynamique résulte de plusieurs facteurs : une croissance économique fulgurante des économies émergentes, qui ont accumulé d’importantes réserves de change et développé des alternatives monétaires comme le Bitcoin pour contourner la prédominance du dollar. En parallèle, l’Occident subit stagnation et baisse de compétitivité, alourdissant son fardeau de production en raison de coûts élevés et de bureaucratie excessive. Les stratégies d’investissement et de commerce des nouvelles puissances, illustrées par la « Nouvelle Route de la Soie » chinoise, leur confèrent un contrôle sur les chaînes de valeur mondiales. Cette dépendance accrue mine la capacité des Etats-Unis et de l’Europe à mener des politiques économiques autonomes, renforçant l’influence des émergents sur les décisions politiques occidentales. Face à ces enjeux, l’Occident peine à reconquérir sa souveraineté et à diminuer sa vulnérabilité économique, menacé par une perte de compétitivité, de contrôle décisionnel, et de souveraineté politique.

De ce qui précède, nous pouvons déduire que l’Occident s’enfonce dans la nuit de son déclin, abandonnant son rôle de leader mondial aux puissances émergentes. La fin de l’hégémonie occidentale est un fait accompli, et le monde entre dans une nouvelle ère de domination où l’Occident n’est plus qu’un souvenir du passé. Les Etats-Unis et l’Europe sont condamnés à vivre dans l’ombre de leurs anciens rivaux, qui les ont dépassés et les ont laissés dans la poussière de l’histoire.

On peut donc dire que l’année 2025 qui s’annonce sera stratégique, où l’Occident basculera définitivement dans l’ombre, marquant ainsi la fin d’une ère de domination et l’avènement d’un nouveau monde multipolaire où les puissances émergentes seront les seules à détenir les clés de la puissance.

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l’intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine

Source: https://journal-neo.su/fr/

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. L’occident est en déclin total partout car avec les BRICS, les autres pays du Sud commencent a gérer effectivement leurs ressources naturelles eux-memes et refusent d’être exploites et gardés dans la pauvrete par les pays occidentaux!

    • On pourrait être d’accord, pour une fois, avec le crétin de service, si les BRICS n’avaient en leur sein qu’un unique pays d’Afrique : l’Afrique du Sud. On imagine assez mal l’un des pays de la « confédération » y adhérer jamais. De surcroît, l’Occident, comme on dit bêtement, a encore quelques atouts dans sa manche, ne serait-ce que la maîtrise des flux financiers. Le déclin est donc réel, mais non « total » comme l’avance cet andouille à l’esprit assez lent pour me prendre encore pour « un troll de la maudite France ».

      • Ogoba tu es et resteras un tres sale de la tres maudite France, la de-dollarisation est une réalité qui suit son bonhomme de chemin et dans les autres domaines, l’industrie de l’armement n’a pas la vie longue car les dirigeants du monde ont compris le jeu des occidentaux!

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!