Alors que Joe Biden commence à montrer d’inquiétants signes d’essoufflement dans les sondages et n’est plus certain de remporter un probable nouveau duel contre Donald Trump, ce dernier n’est pas épargné non plus par le scepticisme de nombreux Américains véritablement “frustrés” d’être confrontés à un choix aussi limité à 8 mois de l’élection présidentielle: deux candidats particulièrement âgés, confie la journaliste et experte politique Laila Frank
Ce mardi 5 mars se tient le “Super Tuesday” et dans 16 États américains, les électeurs démocrates et républicains éliront leur candidat à l’élection présidentielle du 9 novembre prochain. Or, l’événement, généralement très attendu et enrobé de suspense, s’annonce cette année comme “le plus ennuyeux de l’Histoire”. À gauche, Joe Biden avance désespérément seul. À droite, Donald Trump a d’ores et déjà écrasé la (faible) concurrence. Et si Nikki Haley, son ultime adversaire, s’accroche encore, sa résistance vit sans doute ses dernières heures.
Sondage inquiétant
Un sondage du New York Times et du Siena College a récemment donné un net avantage à Donald Trump face à Joe Biden, à 48 contre 43 %. Plus grave encore, il a également démontré que seuls 83 % des électeurs de Joe Biden en 2020 comptaient à nouveau lui faire confiance en 2024. Nombre d’entre doutent désormais en effet de sa capacité à assurer un second mandat. Pendant ce temps, dans le camp républicain, les partisans de Trump affichent quasiment la même unité que lors du précédent scrutin, à 97 %. Contraste. Comme souvent, le vote des indécis reste la grande inconnue. Et le dilemme s’avère cette année particulièrement profond.
“Frustration et colère”
De nombreux électeurs, tant démocrates que républicains, ne cachent pas leur “frustration” d’être ainsi confrontés à un choix aussi limité, entre “deux vieillards”, commente la journaliste néerlandaise Laila Frank dans le Morgen. Joe Biden a 81 ans. Donald Trump 77 ans. “On note une grande frustration chez les électeurs et une grande colère aussi: que le Parti démocrate, dans un aussi grand pays, n’ait trouvé personne d’autre que l’octogénaire Joe Biden. Cette stratégie suscite un profond agacement, sans parler de la fragilité et de la vieillesse du président sortant, qui ne renvoient certainement pas une image très rassurante”.
Biden, la transition qui s’éternise
“Joe Biden avait annoncé au départ qu’il serait un président de transition, un intermédiaire. Or, il est toujours le seul capable de battre Trump aux yeux du Parti démocrate. Ses bons résultats de mi-mandat, en 2022, contrairement à ceux du Parti républicain, ont renforcé cette conviction. Mais depuis quelque temps, Joe Biden montre des signes de vieillissement et ça devient problématique, d’autant plus depuis que les médias s’y intéressent. Facteur aggravant: Nikki Haley exploite également cet argument de l’âge dans sa campagne et traite Tump et Biden de ‘vieillards grincheux’”, confie Laila Frank.
“Choisir entre deux vieillards?”
“À 8 mois des élections, de nombreux électeurs demeurent indécis et confrontés à un dilemme: ‘Dois-je vraiment choisir entre ces deux vieillards?’, se demandent-ils. La question se pose aussi dans les rangs républicains où une fraction des électeurs aspire à élire un autre candidat”, analyse-t-elle. Du côté démocrate, les sentiments sont mitigés à l’égard de Joe Biden: “Si c’est le seul moyen de battre Trump, je voterai à nouveau pour lui” disent les uns, “Je ne voterai plus pour lui cette fois”, disent les autres. “Il est encore trop tôt pour évaluer les tendances”, estime Laila Frank.
La question palestinienne
Autre inconnue du scrutin: la question palestinienne. La position de Joe Biden sur la guerre à Gaza fragilise l’adhésion d’une certaine partie de la population américaine, constate-t-elle, notamment chez les jeunes et les citoyens d’origine étrangère qui “lui reprochent l’échec des tentatives de cessez-le-feu”. Et même si la très discrète vice-présidente Kamala Harris s’implique désormais pour résoudre la crise humanitaire en cours et appelle à un “cessez-le-feu immédiat” à Gaza, il est “sans doute déjà trop tard” pour convaincre ces électeurs déçus par l’inefficacité américaine au Proche-Orient depuis l’éclatement du conflit.
Source : De Morgen