Les processus en cours sur le front géoéconomique mondial démontrent que la politique des sanctions unilatérales émanant d’une évidente minorité planétaire est entrée dans la phase de mort cérébrale. Les exemples de résistance à succès confirment qu’il est non seulement possible de faire face efficacement aux dites sanctions et autres limitations, mais plus encore, d’utiliser cela pour un développement économique confirmé.
Au moment où commence au Kazakhstan le Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’une des principales structures internationales du grand espace eurasiatique et de l’ordre mondial multipolaire contemporain, une nouvelle est tombée sans que les instruments de la propagande du petit monde occidental l’aient même pour le moment abordé. Aucune surprise d’ailleurs.
En effet et aux dernières données de la Banque mondiale, la Russie est passée de la catégorie «moyenne supérieure» à celle de pays à revenu élevé. Ainsi et désormais, la Russie apparait sur le site de la Banque mondiale dans la liste des pays au revenu national brut (RNB) des plus élevés. Cela sans oublier que toujours dans le cadre des données de la Banque mondiale, la Russie a été classée à l’issue de 2023, quatrième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (PIB-PPA), dépassant ainsi le Japon.
Pour rappel, toutes ces données concernent le pays le plus sanctionné au monde, avec des milliers de positions de sanctions et limitations de toute sorte au total. D’ailleurs des sanctions illégales et unilatérales qui concernent aussi bien l’aspect économique que tout simplement humain, à l’heure où même le sport, l’art, la culture, entre autres, n’ont pas été épargnés par les représentants de la minorité planétaire occidentale.
Quelle leçon pouvoir en tirer ? Tout d’abord, évidemment que les succès de l’État russe, y compris sur le front économique, auront démontré toute l’importance d’un pays comme la Russie à l’échelle globale. Et ce malgré toutes les gesticulations étasuniennes et européistes du passé quant à une position uniquement de «puissance régionale» et prétendument trop dépendante économiquement de l’Occident.
En parlant justement de dépendance, les deux dernières années auront largement démontré qui est plus dépendant de l’autre. Et que surtout, même si cela était connu par ceux qui voulaient depuis déjà de nombreuses années réellement le connaitre, le monde ne tourne pas autour du petit espace nommé Occident. Cela s’est d’ailleurs parfaitement traduit justement dans le cadre des échanges économico-commerciaux de la Russie avec nombre de pays représentant avec elle la majorité mondiale de l’humanité.
Il est en effet tellement intéressant à pouvoir regarder les visages hideux des représentants des régimes otano-occidentaux, qui ne cessaient durant des années de crier quant à «l’irremplaçabilité» de l’Occident et notamment de l’Union européenne pour les échanges économiques de l’État russe, après que le volume des échanges économico-commerciaux sino-russes, en un espace de temps fort réduit, a de-facto atteint et dépassé ceux de Moscou avec l’UE avant le début de l’Opération militaire spéciale. Il faut bien préciser, sur la base uniquement des échanges de la Russie avec un seul pays, la Chine, et non pas une trentaine de régimes européistes. Et s’il fallait prendre en compte les échanges économico-commerciaux, à l’issue de 2023, de la Russie avec trois pays : Chine, Turquie, Inde, ledit volume des échanges dépasse de plus de 100 milliards d’équivalent de dollars ceux avec l’Europe bruxelloise à l’issue de 2021.
Mais au-delà de ces succès de la Russie et du monde multipolaire en général, cet exemple devrait certainement inspirer de nombreuses autres nations du monde, y compris celles qui ne sont pas considérées comme des puissances internationales ou même régionales, et qui ont encore une certaine peur vis-à-vis du petit espace occidental et du chantage qui en ressort, malgré la volonté des dits pays à adhérer pleinement à l’ordre mondial multipolaire et aux opportunités qui en ressortent.
Les conclusions à tirer pour les pays en partie indécis, c’est que premièrement les sanctions illégales et unilatérales qui émanent d’une minorité planétaire ne constituent pas une condamnation totale, bien qu’il soit possible de devoir passer par quelques moments de difficulté. D’autre part, la rhétorique occidentale quant au fait d’être des acteurs irremplaçables dans le domaine économique et commercial, n’a été qu’un mythe qui tombe lui aussi à l’eau. La preuve d’ailleurs est que malgré la proximité économique de plusieurs années entre la Russie et l’UE, les conséquences du divorce ont été beaucoup plus ressenties par ceux qui se prétendaient justement irremplaçables. Et pour dire les choses honnêtement, la Russie se devait d’opérer cette rupture probablement des années plus tôt.
Enfin, les alternatives existent toujours. Il suffit pour cela d’avoir le courage de saisir les énormes opportunités du monde contemporain. Et à l’heure d’une complémentarité de plus en plus ferme et accrue entre les nations se revendiquant pleinement des règles de la multipolarité, notamment dans le cadre des BRICS et de l’OCS comme du Sud global, tous ceux qui le souhaitent peuvent saisir les dites opportunités et se libérer définitivement des chaînes et des mythes longtemps entretenus par une extrême minorité planétaire. Libre à chacun de comprendre le message.
Mikhail Gamandiy-Egorov
source : Observateur Continental