La Corée du Nord fait exploser une route et une voie ferrée intercoréennes près de la frontière

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SEOUL, 15 octobre (Reuters) – La Corée du Nord a fait exploser mardi des sections de routes et de voies ferrées intercoréennes de son côté de la frontière fortement fortifiée entre les deux Corées, incitant l’armée sud-coréenne à tirer des coups de semonce.

Pyongyang a annoncé la semaine dernière qu’il couperait entièrement les routes et les voies ferrées intercoréennes et renforcerait davantage les zones de son côté de la frontière, dans le cadre de sa volonté d’instaurer un système à « deux États », abandonnant ainsi son objectif de longue date d’unification.

Mardi vers midi, certaines parties nord des lignes routières et ferroviaires reliées au Sud ont été détruites, ont indiqué les chefs d’état-major interarmées du Sud (JCS).
Le ministère de l’Unification de Séoul, qui gère les affaires transfrontalières, a condamné l’incident comme une violation claire des accords intercoréens passés, le qualifiant de « hautement anormal ».

« Il est déplorable que la Corée du Nord adopte à répétition un comportement aussi régressif », a déclaré le porte-parole du ministère, Koo Byoung-sam, lors d’un point de presse.

La tension est montée d’un cran après que le Nord a accusé Séoul d’avoir envoyé des drones au-dessus de Pyongyang. La Corée du Nord a affirmé que les drones avaient dispersé un “nombre considérable” de tracts anti-Nord, et Kim Yo Jong, la sœur du puissant dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a prévenu mardi que Séoul “en paierait le prix fort”.
Le gouvernement sud-coréen a refusé de dire si les drones présumés étaient pilotés par des militaires ou des civils sud-coréens.

Les deux Corées se sont également affrontées au sujet de ballons remplis de déchets lancés depuis mai par la Corée du Nord. Pyongyang a déclaré que ces lancements étaient une réponse aux ballons envoyés par des militants anti-régime au Sud.

Après les démolitions de mardi, une vidéo diffusée par l’armée sud-coréenne a montré une explosion et un panache de fumée s’élevant au-dessus d’une zone de route où le Nord avait érigé une barrière noire.

On y voit également plusieurs camions à benne basculante et engins de terrassement s’approcher, accompagnés d’un groupe de responsables militaires nord-coréens observant et guidant les véhicules.

En réponse aux explosions, l’armée sud-coréenne a tiré des coups de semonce au sud de la ligne de démarcation militaire, bien qu’il n’y ait eu aucun dégât du côté de Séoul de la frontière, a-t-elle indiqué.

ANCIENS SIGNES DE RÉCONCILIATION
Pyongyang a pris des mesures pour rompre les relations intercoréennes, redéfinissant le Sud comme un État ennemi distinct et hostile, depuis que Kim Jong Un l’a déclaré « ennemi principal » au début de cette année et a déclaré que l’unification n’était plus possible.
Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre après que leur guerre de 1950-1953 se soit terminée par un armistice et non par un traité de paix.

Les routes et voies ferrées transfrontalières sont les vestiges d’un rapprochement qui a notamment inclus un sommet en 2018. Séoul a investi plus de 132 millions de dollars dans la reconstruction de ces liens sous forme de prêts bon marché à Pyongyang, selon les données du ministère de l’Unification.

“Il s’agissait d’un projet majeur de coopération intercoréenne qui a été mené à la demande du Nord”, a déclaré le porte-parole du ministère, Koo, ajoutant que Pyongyang était toujours obligé de rembourser les prêts.

En 2020, la Corée du Nord a fait exploser un bureau de liaison conjoint installé dans une ville frontalière après l’échec des négociations nucléaires avec les États-Unis.
La Corée du Sud a intenté une action en justice en 2023 contre le Nord, réclamant des dommages et intérêts d’environ 45 milliards de wons (33 millions de dollars) pour la démolition du bureau commun.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré lors d’une conférence de presse que Pékin était préoccupé par l’évolution de la situation et souhaitait « éviter une nouvelle escalade du conflit ».

Le gouvernement de la province sud-coréenne du Gyeonggi, frontalière de la Corée du Nord, a annoncé mardi qu’une force de police spéciale serait déployée pour réprimer la pratique consistant à distribuer des tracts anti-Corée du Nord depuis certaines zones frontalières.

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a annulé l’année dernière l’interdiction de tels lancements.

Les partisans de ces campagnes de distribution de tracts affirment qu’elles doivent être respectées en tant que liberté d’expression, mais les critiques et certains législateurs estiment que la police devrait les bloquer si elles menacent des vies et la sécurité.

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2 COMMENTAIRES

  1. Il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas pour empêcher les sud coréens d’envahir le Nord, mais bien d’empêcher les Nord- Coréens de quitter la Corée du Nord, ce pays où tout le monde mange à sa faim.

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