Politique. Le président réélu il y a deux ans est confronté à une malédiction à laquelle n’a échappé aucun de ses prédécesseurs.
Emmanuel Macron aime défier les lois de l’Histoire, élu président à un âge inédit au terme d’un parcours inédit. Or le voilà plus que jamais englué dans la malédiction des seconds mandats à laquelle n’a échappé aucun de ses prédécesseurs, qu’ils s’appellent Charles de Gaulle, sorti par un référendum, François Mitterrand, écrasé dans des législatives, ou Jacques Chirac, humilié dans un autre référendum, aux conséquences européennes celui-là. Le quinquennat actuel, vicié dès le premier mois, à cause d’une majorité législative trop serrée pour être entraînante, vicié dès le premier jour même, à cause d’une campagne trop floue pour être forte, met en cause ce qui est l’essence même du macronisme.
Si celui-ci ne veut pas être une simple quoique brillante parenthèse de la Ve République, il doit rester fidèle à son identité : en marche, disait Emmanuel Macron au début de son aventure, c’était sa marque de fabrique, sa raison d’être. L’immobilisme serait donc son linceul. Le président n’a certes pas renoncé à agiter les conservatismes français, mais ses mots ne sont plus magiques au terme de sept ans d’exercice du pouvoir. Son bilan, sur les comptes publics par exemple, sur l’autorité aussi, est devenu son boulet.
On comprend bien pourquoi le chef de l’Etat s’efforce de ne pas tomber du côté où il penche, c’est-à-dire à droite. Conclure une alliance avec une partie des Républicains, ce serait renoncer au “en même temps”, et donc donner un coup de canif au macronisme originel. Mais l’immobilisme, certes pas dans le verbe mais dans les résultats, en est un autre. L’Europe, rêve réenchanté de sa campagne de 2017, peut-elle lui permettre de retrouver un peu d’air, ou les élections du 9 juin, sur lesquelles souffle un vent si fort de populisme, viendront-elles au contraire sonner le glas de l’épopée ?
L’enjeu n’est pas mince s’agissant d’un mandat qui ne ressemble à aucun autre pour une raison singulière. Ce quinquennat a deux ans, déjà Le Pen perce sous Macron. La candidate du Rassemblement national fut le marchepied du chef de l’Etat puis son assurance-vie ; elle ne saurait pas être sa prolongation. La menace de sa victoire devrait être le garde-fou de l’action présidentielle, au-delà des postures qui trop souvent l’accompagnent. Puisqu’il est question de l’Histoire, à l’évidence, sur ce sujet, celle-ci regarde Emmanuel Macron. Elle sera sans pitié.
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