Dissoudre pour éviter “une motion de censure à l’automne”: le coup de poker raté d’Emmanuel Macron

2

Trois jours après la dissolution de l’Assemblée nationale, le président de la République disait avoir motivé sa décision par la crainte d’une motion de censure à l’automne 2024. Son camp ayant perdu les élections législatives cet été, cette censure a bien eu lieu.

Une archive qui n’a pas bien vieillie. La motion de censure du Nouveau front populaire (NFP) a été largement adoptée ce mercredi 4 décembre à l’Assemblée nationale grâce aux voix des députés du Rassemblement national (RN), entraînant la chute du gouvernement Barnier.

Ce vote de 190 députés de gauche (LFI, PS, EELV, PCF) et 139 députés d’extrême droite (UDR, FN) a été permis… par la dissolution de l’Assemblée nationale début juin par Emmanuel Macron.

En effet, avant les élections législatives cet été, ces forces politiques disposaient de 237 élus au Palais Bourbon. Loin de la majorité absolue requise pour faire adopter une motion de censure (288 ce mercredi).

Pourtant, Emmanuel Macron avait justifié la dissolution de l’Assemblée nationale début juin par la crainte du vote d’une motion de censure sur le budget.

“Soyons lucides, [nous n’avons pas] bâti des coalitions durables malgré tous les efforts déployés. (…) L’équation parlementaire devenait difficilement tenable: les oppositions ayant dit plusieurs fois leur volonté de voter une motion de censure à l’automne. J’ai donc pris acte d’un blocage qui empêchait inéluctablement le gouvernement d’agir”, déclarait le mercredi 12 juin Emmanuel Macron, trois jours après l’annonce de la dissolution.

Une pression venue de LR et qui se retourne contre LR
À l’époque groupe d’opposition, Les Républicains (60 députés) laissaient planer le doute en coulisses le possible vote d’une motion de censure en cas de nouveaux 49.3 sur le budget.

Les textes budgétaires avaient déjà été adoptés sans vote au Parlement deux ans de suite, en 2022 et 2023, grâce aux vingt-deux 49.3 déclenchés par Elisabeth Borne. À quelques mois d’une nouvelle saison de textes budgétaires, les ténors des Républicains (LR) faisaient donc monter la pression: s’ils soutenaient une motion de censure, le gouvernement tombait.

Malgré l’échec de la liste de son parti aux européennes le dimanche 9 juin, Emmanuel Macron dissout le soir même de l’élection pour tenter d’obtenir une majorité plus large et s’assurer ainsi qu’aucune motion de censure ne soit adoptée lors de l’examen des textes budgétaires en fin d’année.

Pari raté: la coalition présidentielle a perdu de nombreux députés et a été obligée de s’allier avec Les Républicains (devenu Droite républicaine à l’Assemblée nationale) pour avoir le plus large “bloc” au Palais Bourbon, le “socle commun”. La suite de l’histoire est connue: Michel Barnier est nommé le 5 septembre à Matignon par Emmanuel Macron, enclenche le 49.3 sur le PLFSS le lundi 2 décembre et se fait censuré ce mercredi.

Signe que les opposants d’hier deviennent les alliés d’aujourd’hui: aucun député Les Républicains n’a voté la motion de censure du Nouveau Front populaire.

 

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. macron since becoming president of France have seemingly always had government filled with turmoil on either international issues or local issues or both. What is ongoing now is little or no surprise being macron is drama queen with knack for sensationalizing mundane conditions. Macron drama queen should be writing movies.
    Henry Author Price Jr aka Kankan

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!