– Une enquête de Libération révèle le rôle de groupes français dans le soutien à l’armée congolaise face aux rebelles du M23
Le conflit entre l’armée congolaise et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) mobilise des sociétés militaires privées françaises, selon une enquête du quotidien “Libération”. Ces groupes, opérant à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), participent à la formation des troupes, au renseignement et à des opérations tactiques dans un contexte de guerre prolongée.
Parmi les principaux acteurs identifiés, Agemira et Congo Protection. Agemira, dirigée par Olivier Bazin, ancien militaire français, assure officiellement la maintenance d’équipements aéronautiques. Pourtant, selon le quotidien, elle serait impliquée dans des missions plus sensibles, comme la supervision de frappes d’artillerie contre le M23. Congo Protection, sous la direction d’Horatiu Potra, un Franco-Roumain, a déployé près de mille « instructeurs » européens pour former les forces congolaises et protéger des sites stratégiques.
Ces interventions se déroulent dans une zone complexe où le M23, appuyé par le Rwanda, menace des villes clés comme Goma. « Nous travaillons avec plusieurs partenaires », a déclaré le général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée congolaise, justifiant ces collaborations dans une situation de guerre intense.
Le rôle de ces sociétés s’inscrit dans une zone grise. Tandis que Kinshasa qualifie ces intervenants de « coachs », leurs activités vont parfois au-delà de la formation, selon Libération. Des experts de l’ONU, cités par le quotidien, notent que des entreprises comme Agemira et Congo Protection jouent un rôle dans la collecte de renseignement, la planification d’opérations et le soutien logistique, brouillant la distinction avec des missions combattantes.
Ces interventions soulèvent aussi des controverses. Un rapport de l’ONU a révélé des interactions entre les forces privées et des groupes armés locaux accusés de crimes de guerre. Bien que les dirigeants d’Agemira et Congo Protection démentent tout lien, la présence de ces acteurs alimente les tensions dans une région déjà instable.
Joints par Anadolu des responsables congolais ont refusé de commenter les faits révélés par Libération.
Le Mouvement du 23 mars (M23) est une rébellion armée active dans l’est de la RDC, principalement dans la région du Nord-Kivu. Créé en 2012 par d’anciens membres de l’armée congolaise, le groupe justifie initialement son insurrection par le non-respect, par Kinshasa, d’un accord de paix signé en 2009. L’accord est connu sous le nom d’Accord du 23 mars.
Le M23, largement perçu comme une émanation des intérêts régionaux, bénéficie d’un soutien militaire et logistique présumé du Rwanda et, dans une moindre mesure, de l’Ouganda, bien que ces pays démentent ces allégations. Le conflit est alimenté par des rivalités géopolitiques, des tensions ethniques et la lutte pour le contrôle des ressources naturelles de la région, en particulier les minerais stratégiques.
Les avancées récentes du M23 ont provoqué des déplacements massifs de populations civiles et fragilisé davantage la sécurité dans une zone marquée par des décennies de violences armées.
Source: https://www.aa.com.tr/fr