L’AES (Alliance des États du Sahel) fait face à une opposition croissante de l’Algérie, notamment avec le Mali, mettant en lumière les tensions régionales exacerbées. L’Algérie, partageant des frontières avec plusieurs pays du Sahel, a souvent été perçue comme un acteur influent dans la région. Cependant, ses relations avec les membres de l’AES, en particulier le Mali, se sont tendues au fil du temps. Ces tensions sont illustrées par les divergences politiques et sécuritaires, l’Algérie adoptant une approche parfois jugée intrusive par les nations du Sahel.
Au Maghreb, le Maroc, qui n’est pas membre de l’AES, se positionne également en opposition à l’Algérie concernant la gestion des affaires du Sahel. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse avec son homologue burkinabè, a ouvertement critiqué les ingérences étrangères, y compris celles de l’Algérie. Bourita a mis en avant la politique du Maroc basée sur le principe de non-ingérence, en soulignant l’importance de la stabilité et de la transition démocratique dans le Sahel. Il a rejeté les approches qu’il considère comme du chantage et des politiques de donneurs de leçons, attribuées non seulement à certains pays européens mais également à l’Algérie.
Le Maroc prône une vision de soutien et d’accompagnement plutôt que de substitution, en opposition à ce qu’il perçoit comme des tentatives de manipulation de la situation au Sahel par l’Algérie. Cette divergence marque un contraste notable dans les approches des deux nations maghrébines concernant les défis sécuritaires et politiques dans la région du Sahel. L’intervention de Bourita souligne également le rôle actif que le Maroc souhaite jouer dans la stabilisation et le développement du Sahel, en s’appuyant sur une politique royale d’accès à l’Atlantique pour les pays sahéliens, initiative qu’il a vantée comme étant bénéfique lors d’événements récents à Washington.
Ces développements interviennent dans un contexte où le Sahel lui-même est en proie à d’importants défis, incluant des insurrections jihadistes et des crises politiques internes. Les pays de l’AES, bien qu’ayant formé cette alliance pour renforcer leur autonomie vis-à-vis des influences extérieures, se retrouvent au cœur d’une lutte d’influence où les anciennes puissances coloniales et les pays voisins cherchent à étendre leur influence.
Les implications de cette dynamique pour l’avenir de la région sont profondes. Si les pays de l’AES parviennent à maintenir une position unie, ils pourraient effectivement naviguer vers une plus grande indépendance politique et sécuritaire. Cependant, les frictions avec des acteurs clés comme l’Algérie pourraient compromettre ces efforts. L’avenir de la coopération régionale au Sahel pourrait dépendre de la capacité de ses nations à concilier ces relations tendues et à formuler une stratégie inclusive qui respecte les aspirations à l’autonomie de chaque pays tout en contribuant à la stabilité régionale.
Source: https://lanouvelletribune.info/