Enlèvements et assassinat à Bamako : A qui profite le crime ?

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Boubou Tigal Cissé

La capitale malienne, Bamako, est en émoi après l’enlèvement d’Alou Badra Sacko et de l’assassinat de Boubou Tigal Cissé, président du Garbal de Niamana. Le premier a été enlevé et  le second a été tué dans des circonstances encore floues.

Le crime, survenu à quelques jours d’intervalle de l’enlèvement d’Alou Badra Sacko, a  suscité l’indignation et de nombreuses interrogations. Qui avait intérêt à faire taire ces deux personnes ? Et pour quelles raisons ?

  1. Sacko, de la Société civile malienne, est un acteur clé dans la défense des droits des maliens. Il plaide pour une meilleure redistribution des richesses et dénonce régulièrement la corruption dans le secteur économique et les cas d’abus. Sa dernière sortie avait trait à l’imposition d’un fonds de soutiens par les autorités du pays.
  2. Sacko a été enlevé en pleine journée. Jusqu’à présent, aucune information officielle ne permet d’identifier les ravisseurs, ni de connaître leurs motivations. Ce silence alimente les spéculations et l’inquiétude parmi les citoyens. Comment peut-on enlever une personnalité publique en plein jour et en pleine Bamako sans que personne ne sache sa destination ? Il faut rappeler que les enlèvements dans la capitale malienne sont monnaie courante depuis bientôt 3 ans. Ces disparus ne sont autres que ceux là qui haussent la voix sur des questions nationales ou portant sur les visant les dirigeants du pays.  Outre M. Sacko, plusieurs autres personnes critiques contre le pouvoir avaient été enlevées sans qu’on ne sache leurs kidnappeurs. Des jours ou du moins des semaines après les personnes  enlevées retournent sans commentaire.

De son côté, Boubou Tigal Cissé, en tant que président du Garbal de Niamana (le principal marché de bétail de Bamako), était une figure incontournable dans la défense des éleveurs et commerçants du secteur. Il s’opposait fermement à la mainmise de certains groupes sur le commerce du bétail et militait pour une meilleure régulation des prix afin de protéger les petits éleveurs. Sa « disparition » brutale apparaît donc comme une attaque directe contre ceux qui œuvraient pour les intérêts des populations les plus vulnérables.

Cet acte barbare, perpétré dans un cadre aussi proche du domicile de la victime, témoigne de la vulnérabilité des citoyens face à des criminels de plus en plus audacieux. Avant sa assassinant, M. Cissé avait été enlevé pendant des semaines par des inconnus sans qu’on ne sache les auteurs.

Juste après le crime, une enquête a été ouverte pour dit-on « faire la lumière ».

Ces événements s’inscrivent dans un climat d’insécurité grandissant à Bamako, où les enlèvements et assassinats ciblés deviennent de plus en plus fréquents.

A qui profite le crime ? Cette question reste sans réponse claire, mais une chose est sûre : la disparition de M. Cissé laisse un vide immense et un sentiment d’injustice chez ceux qu’ils défendaient. Tant que la vérité ne sera pas établie et que les responsables ne seront pas identifiés, la suspicion et la colère continueront d’alimenter une tension déjà palpable à Niamana et dans la communauté peule où le président Tapital Pulaku a déjà fait un communiqué de condamnation et appelé les autorités à faire toute la lumière sur le crime.

Bamako, ville lumière d’antan, risque de devenir un espace où règnent la peur et l’incertitude. La balle est désormais dans le camp des autorités.

Affaire à suivre…

Amadou Sidibé

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