Crise sécuritaire ou guerre géopolitique au Sahel : La Bataille de Tinzawatène a-t-il levé un coin de voile dans la guerre au Sahel ?

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Il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que la guerre Russo-Ukrainienne, qui est en réalité une guerre entre l’OTAN et la Russie, s’est transportée au Sahel. Sans aucun doute, le Sahel est devenu un enjeu géopolitique entre les grandes puissances qui se disputent le contrôle des ressources du monde. Dans cette guéguerre des titans les trois pauvres pays sahéliens que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne pourraient qu’être des victimes, au lieu d’en être les héros ou tout au moins les bourreaux. Le scandale géologique, les immenses ressources naturelles, minières, énergétiques et qui sont convoitées par les grandes puissances, font que ces pays ne connaitront plus jamais la paix. Ils deviendront des champs de bataille, de rivalité et de convoitise des grandes puissances au grand détriment des peuples. Ni la Russie, partenaire privilégié des Etats du sahel, encore moins l’occident qui n’arrive pas à digérer l’humiliation qu’il a subi, ne sont  et ne seront jamais là pour les beaux yeux des peuples des Etats du sahel, mais pour leurs intérêts. Les autorités des pays de l’Alliance des Etats du Sahel, AES vont-elles comprendre les enjeux et envisager d’autres stratégies ? Les grandes puissances qui se disputent le monde épargneront-elles les pauvres populations de leur course vers les ressources ?

La bataille de Tinzawatène qui a opposé l’armée malienne aux rebelles du CSP DPA, a prouvé si besoin en était que cette guerre qui se mène au sahel est une guerre par procuration entre la Russie, alliée des Etats du sahel et l’OTAN, l’instrument de domination de l’occident. Ce dernier après avoir été humilié dans les trois Etats sahéliens qui ont déroulé le tapis rouge devant leur ennemie jurée qu’est la Russie ont juré de faire payer cet acte. C’est pourquoi après la guerre diplomatique qui a consisté à avoir des alliés à la porte du sahel pouvant leur permettre d’atteindre facilement leurs cibles, les occidentaux semblent passer à la vitesse supérieure en apportant leur soutien aux rebelles du CSP. Les trois jours de combats à Tinzawatène, surtout au regard du bilan, ont prouvé à juste titre que les rebelles ont reçu d’innombrables soutiens tant matériels qu’en termes de renseignements. Donc il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que cette bataille est la preuve de l’extension de la guerre Russo-Ukrainienne au sahel. Sinon comment comprendre qu’en dépit des moyens militaires et du soutien de taille de la Russie que l’armée puisse subir un tel revers. En tout cas si l’on se réfère aux communiqués des autorités qui ont fait état des pertes en vies humaines et en matériels, on pourrait affirmer sans risque de se tromper que la bataille de Tinzawatène n’a pas été comme les autres batailles.

Les autorités des pays de l’Alliance des Etats du Sahel, AES vont-elles comprendre les enjeux et envisager d’autres stratégies ?

Certainement que l’une des erreurs commises  par la diplomatie des Etats du Sahel est sans nul doute le fait  de s’être aligné d’un côté, la Russie ; au détriment de l’occident. Les pères des indépendances en dépit de leur combat pour le panafricanisme et surtout pour les Etats Unis d’Afrique ne se sont jamais alignés d’un côté d’où l’appellation de pays non-alignés. La guerre que les grandes puissances se font est une guerre de leadership qui ne saurait intéresser des pays qui cherchent juste leur voie pour un développement harmonieux. Le choix de la Russie au détriment de l’occident en est pour beaucoup dans l’embrasement généralisé du sahel, car l’occident, en voyant ses intérêts menacés, fera tout ce qui est de son ressort pour contrarier les intérêts russes au sahel. Il revient aux autorités des Etats de l’AES de changer de fusil d’épaule en revenant à l’ancienne formule, celle qui consiste de collaborer avec tous les pays en fonction des intérêts réciproques. La Russie sur le plan militaire et les pays de l’OTAN sur le plan économique. Sans un changement de paradigme diplomatique, la guerre qui nous a été imposée perdurerait longtemps au grand désarroi des peuples de l’AES.

Les grandes puissances qui se disputent le monde épargneront-elles les pauvres populations de leur course vers les ressources ?

Si la part de la morale est très minime dans une guerre, comme en attestent les millions de morts en Irak comme en Lybie, les grandes puissances doivent au moins avoir de la pitié et être solidaires des pauvres populations qui n’ont rien demandé d’autre que de vivre en paix. Elles doivent, dans leur course immorale vers les richesses, voir les ressources, épargner les peuples d’une descente aux enfers en les privant jusqu’au minimum vital. Si tant est que les principes des droits humains comme exhibés à tout bout de champ par les puissances étaient une réalité, la préservation des intérêts des populations civiles devrait guider toutes les actions sur les théâtres des opérations. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en dépit de l’immense ressources dont ces pays regorgent, font partie des pays les plus pauvres de la planète et cela est dû à l’instabilité politique chronique et aux différentes rebellions cycliques. Il devient une impérieuse nécessité de trouver des solutions durables pour la paix ensuite poser les bases d’un développement durable.

En somme, les pays de l’AES doivent retrousser leur manche en revoyant certains choix politiques, à commencer par leur retrait de la CEDEAO, ensuite ils doivent harmoniser leurs relations avec tous les pays en général et surtout ceux avec lesquels ils sont en brouille, comme les pays occidentaux en tête desquels la France et les USA.

Youssouf Sissoko

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