Après un crime de guerre contre des civils ayant fait plus de 111 morts : L’Algérie à l’épreuve des soupçons sur la CMA dans l’attaque du bateau «Tombouctou»

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Si pour de nombreux observateurs l’attaque du 7 septembre 2023 contre le bateau le «Tombouctou» -«un crime de guerre» selon la Fédération internationale pour les droits humains-FIDH- risque de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation national (APR, signé en mai et juin 2015 entre le Mali et les supposés mouvements rebelle de Kidal), il faudra compter aussi sur l’Algérie qui joue son va-tout pour sauver un accord dont ce pays est le parrain.

L’Algérie a fermement condamné, dans un communiqué publié vendredi dernier (8 septembre 2023), les attaques terroristes qui ont frappé notre pays jeudi dernier (7 septembre 2023) et a exprimé sa sympathie et sa solidarité face à cette épreuve que lui «impose le fléau terroriste». Deux attaques distinctes simultanées survenues jeudi dernier qui ont coûté la vie à une centaine de personnes, dont des militaires, et ont fait de nombreux blessés ainsi que d’importants dégâts matériels. L’attaque la plus meurtrière a visé un bateau de transport fluvial de passagers qui a été la cible de trois roquettes. Une attaque avec des civils comme cible que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme comme la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont condamné comme étant un «crime de guerre».

Même si elle a été aussitôt revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, beaucoup d’observateurs pensent qu’elle a été planifiée et exécutée par des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Elle est en tout cas survenue après que les Forces armées maliennes (FAMa) aient empêché l’aile militaire de la CMA d’occuper le camp libéré par la Minusma à Ber et que celle-ci ait menacé de livrer une guerre totale au Mali. Depuis, la CMA s’est beaucoup illustrée par des tirs d’obus et de roquettes sur la ville de Tombouctou. Cet acte criminel, selon de nombreux observateurs, risque ainsi de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR). Mais, visiblement, l’Algérie n’entend pas les choses de cette oreille. Alger est plutôt d’avis que c’est la mise en œuvre de l’APR qui pourra mettre le Mali à l’abri de tels drames.

Le communiqué signé vendredi dernier du ministère algérien des Affaires étrangères estime que seule «la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (issu du processus d’Alger) de bonne foi sur la base d’une volonté politique qui ne souffrirait d’aucune hésitation ni réserve» pourra permettre au Mali de «résister aux agressions que le terrorisme fait subir au Mali et, au-delà, à l’ensemble de la région». Une reconnaissance implicite du rôle de la CMA dans les événements de jeudi dernier ?

Ce qui est sûr, cette responsabilité a sans doute été au centre des échanges entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire au Mali qu’il a reçu en audience vendredi dernier (8 septembre 2023). De sources diplomatiques maliennes, les échanges ont essentiellement porté sur les perspectives de l’APR dans un contexte de retrait de la Minusma du Mali. Selon elles, la «centralité» de l’Accord dans la recherche de la paix et de la cohésion nationale a été réaffirmée.

A cet égard, M. Abdoulaye Diop a renouvelé «l’engagement du gouvernement malien à faire avancer le processus de paix dans une dynamique nouvelle d’internalisation et d’appropriation nationale en privilégiant le dialogue direct et inter-malien, sans interférences extérieures à la région, mues par des intérêts géopolitiques et des desseins inavoués». Quant à l’ambassadeur d’Algérie, M. El Haoues Riache, il a reconnu la nécessité de renforcer les mécanismes internes et les capacités endogènes visant «la promotion du dialogue inter-malien dans le cadre du processus de paix».

Le Chef de la diplomatie malienne a salué «les efforts importants et le rôle majeur» de l’Algérie dans la recherche de la paix au Mali. Mais, de l’avis de M. Diop, il est important de poursuivre les échanges autour des mécanismes de suivi de l’APR en vue de faire «progresser le processus dans l’intérêt supérieur du peuple malien».  Des mécanismes auxquels la CMA s’est soustraite depuis décembre dernier et n’a pas cessé de poser des actes de sabordage de l’APR croyant ainsi mettre la pression sur la République du Mali.

Le processus de retrait de la Minusma a jeté l’huile sur le feu car, se croyant plus royaliste que le roi, la CMA convoitait le camp de Ber (favorable à ses trafics) et ne compte pas abandonner les bases de Tessalit, de Kidal… au Mali. Nous ne savons pas de quel droit elle peut revendiquer cela. Mais, ce qui est sûr, c’est que le Mali aussi compte pleinement jouer sa souveraineté en récupérant toutes les bases de la Minusma dans notre pays.

La confiance étant aujourd’hui rompue entre les parties et dans ce nouveau contexte propice à de nouveaux affrontements (tirs d’obus fréquents sur Tombouctou, Gao, Bourem… imputés aux éléments de la CMA) qu’au dialogue autour de la table, l’Algérie pourra-t-elle sauver l’accord moribond issu du processus d’Alger en obtenant de chacune des parties de rester dans son rôle déterminé par cet engagement ?

Rien n’est moins sûr !

Moussa Bolly

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8 COMMENTAIRES

  1. «la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (issu du processus d’Alger) de bonne foi sur la base d’une volonté politique qui ne souffrirait d’aucune hésitation ni réserve» pourra permettre au Mali de «résister aux agressions que le terrorisme fait subir au Mali et, au-delà, à l’ensemble de la région».
    EN LIANT LA FIN “DES ACTES TERRORISTE” A LA MISE EN OEUVRE DE L’ACCORD, L’ALGERIE CONFIRME DE FACON SOLENNELLE QUE GROUPES ARMES DE L’ACCORD ET TERRORISTES NE FONT QU’UN.
    A CHACUN D’EN TIRER LA LECON

    • SANKARA vous avez parfaitement raison, la mise en oeuvre de l’Accord ne peut pas être subordonnée à la fin des attaques terroristes. L’Algérie démontre par A+B que la CMA est le responsable designé des attaques des 07, 08 et 12 septembre 2023 à Tombouctou, Gao et à Bourem, qui mettent en lambeaux l’Acoord de Paix et de Reconciliation issu du processus d’Alger. L’Accord n’existe plus, c’est la guerre déclarée par la CMA.

  2. Salif Keita l’a dit. L’algérie soutient les terroristes. Elle les a implanté au nord au début des années 2000 et les a toujours soutenu.

    • Ceci démontre que la CEDEAO des peuples de Yakub Gowon et de Moussa Traore n’existe plus et elle est remplacée par une CEDEAO des sous-préfets de Paris, manipulee et instrumentalisée par la maudite France et l’Union Europeenne

  3. Nul doute que la CMA est un groupe terroriste à la solde de la France et des ses soutiens néo-colons.

    Nous exhortons les autorités maliennes à continuer le renforcement des renseignements et des capacités aéroterrestres.

    Les maliens doivent faire l’union sacrée derrière les autorités pour barrer la route à toute forme d’agression interne comme externe.

    L’ennemi est identifié, il faut le combattre!

    • Tu as raison Djibril et comme le Ministre des Affaires Étrangères a bien dit nous allons négocier entre nous Maliens pour l’intérêt superieur de notre Nation. J’ajoute que la nouvelle Constitution 2023 répond a toutes les demandes dans les accords d’Alger selon beaucoup de personnes averties dont le Secretaire General des Nations-Unies

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