28 février 1978-28 février 2025, cela fait 47 ans jour pour jour que Bamako vibrait sous l’orage. Les hommes forts de la junte au pouvoir, le Comité militaire de libération nationale (CMLN) sont arrêtés. Il s’agit de Tiécoro Bagayoko, directeur des services de sécurité, Kissima Doukara, ministre de la Défense nationale, Karim Dembélé, ministre des Transports, et le commandant de la Compagnie-Para, le capitaine Soungalo Samaké, ami personnel de Tiécoro et le préposé des missions secrètes et redoutables du pouvoir. Nous avons déjà parlé de ces événements et le procès qui s’en est suivi. Lequel jugement a confirmé la cassure entre des frères d’armes. Aujourd’hui sous l’angle de “Regard sur le passé”, nous revenons à une anecdote liée à l’ex-président Amadou Toumani Touré. Ce jour, il a été intronisé commandant de la Compagnie-Para par le colonel Youssouf Traoré. Comment ? Quel est cet acte pour lequel le président Moussa Traoré lui avait dit qu’il ira loin ? Nous avons investigué une fois de plus pour revisiter l’une des pages de l’histoire du Mali.
Le mardi 28 février 1978 avant midi, le président Moussa Traoré et le colonel Youssouf Traoré avaient déjà fini l’application de leur plan machiavélique, c’est-à-dire l’arrestation des ténors du CMLN mis en cause.
Pendant qu’un bain de foule sous la forme d’une motion de soutien réconfortait le président Moussa Traoré dans sa posture, son acolyte Youssouf Traoré se rendait au Camp-Para de Djicoroni. Parce que le commandant de cette unité d’élite fait partie des conjurés. Il fallait tuer dans l’œuf toute tentative de soulèvement et trouver rapidement un nouveau commandant de compagnie. Faudrait-il rappeler que c’est dans le bureau du colonel Youssouf Traoré que Soungalo fût arrêté et ligoté par de jeunes soldats. En plus des instructions du président Moussa Traoré pour les arrestations, Youssouf a aussi trouvé l’occasion de prendre une revanche sur le commandant de la Compagnie-Para. Un incident a opposé les deux officiers, dans la gestion de l’affaire des coupeurs de tête à Dioïla (village de Soungalo). Après enquête, le colonel Youssouf a été contraint à présenter des excuses à son subordonné. Mais la rancune est restée. Parce qu’il le lui avait dit. Et Soungalo en parle dans son livre “Ma vie de soldat” (page 110).
De façon tacite l’adjoint de Soungalo Samaké, le capitaine Amadou Toumani Touré est intronisé. Comment ? Le colonel Youssouf Traoré dès son arrivée au camp des commandos parachutistes s’enferme avec ATT. Il lui explique les raisons qui ont conduit à l’arrestation de la bande des trois et leurs complices. Aussi il lui dit qu’il dirigera désormais la Compagnie-Para, et que cela sera formalisé plus tard. Mieux il a instruit à ATT de calmer toute éventuelle tempête. Cette séance de travail des deux officiers a duré des heures. C’est sous cet orage au sein du CMLN que le grand frère et ami personnel d’ATT, Mamadou Diarra (de l’Essor pour plus de précision) très inquiet fit le trajet Bamako Coura/Djicoroni Para pour s’enquérir des nouvelles de son cadet. Il trouvera Mme Touré Lobo Traoré dans une panique totale, et dont la santé n’était pas au top. Le silence entretenu déjà par le départ de son mari au bureau créa une confusion impitoyable dans sa tête.
L’ami Mad Diarra
Le lendemain matin le chauffeur de l’ex-ministre des Transports Karim Dembélé a apporté à ATT une valisette qui se trouvait dans le coffre du véhicule de son patron. Le nouveau commandant de la Compagnie-Para s’en est allé rendre compte au président Moussa Traoré. Celui-ci lui serra la main en lui disant : “Tu iras loin”. Les anciens se rappellent sûrement que c’est cette valisette qui a été publiée dans le quotidien national L’Essor comme une fortune détournée par un membre du gouvernement. Mais de quoi s’agit-il à propos de cette valisette contenant des dizaines de millions ?
Il ressort de nos investigations que l’argent a été remis au ministre des Transports en Côte d’Ivoire la veille de son retour au Mali, par des compatriotes au profit de leur frère commerçant. Avec le week-end, le ministre n’a pas pu rentrer en contact avec le destinataire du colis. Le temps de fixer un rendez-vous, la situation fût confuse et tout bascula. Dommage !!!
Effectivement Amadou Toumani Touré ira loin, et même très loin. Il renversera le président Moussa Traoré dans le feu d’une révolution populaire. Il dirigera une transition exemplaire, un grand projet de lutte contre la dracunculose, puis devint président de la République par la voie des urnes. Malheureusement un coup d’Etat inexplicable le chassa du pouvoir à quelques mois de la fin de son deuxième mandat. Une fois de plus le doyen Mad Diarra joua un grand rôle.
Le constat amer est que le président ATT a été trahi par les siens, et surtout ceux-là qu’il a aidés, secourus ou même sauvés. Hélas !!! Comme l’a dit un écrivain, “l’homme est un animal à deux têtes, l’une c’est la grandeur, l’autre c’est la médiocrité”. Il est indéniable que le président Amadou Toumani Touré a aimé ce pays jusqu’à son décès. C’est cet amour pour le Mali qui expliquait d’ailleurs son refus de s’exiler à Dakar à la demande de la Cédéao, quelques jours après le coup d’Etat du capitaine Amadou Aya Sanogo.
Là encore c’est le doyen Mad Diarra qui est intervenu pour qu’il accepte de quitter le pays. Pour la circonstance, c’est la fille d’ATT, Mabo Touré qui demanda au doyen d’intercéder auprès de son père. Parce qu’elle ne voulait pas du tout que celui-ci ait d’autres ennuis que la chute de son régime.
Le doyen Mad Diarra rejoindra ATT dans la villa où il s’était réfugié dans l’ACI-2000. Face à l’ancien président et cadet, il tranche : “Tu acceptes de partir tel que demandé par la Cédéao, ou tu m’oublies pour le reste de notre vie. Mieux tu ne feras aucune déclaration ni avant, ni après ton départ”. ATT surpris par la fermeté rare de Mad Diarra à son égard ne répliquera pas. Il lui obéira en acceptant les propositions de la Cédéao.
Les pages de l’histoire de feu président Amadou Toumani Touré sont riches. D’autres anecdotes suivront selon les circonstances.
O. Roger Sissoko
Nous Maliens avons explications à tout.
Pourquoi protéger les voleurs?
La valise dans la voiture de Kari Dembélé bourré de francs Maliens
Les billets seront en fait l’aide d’un proche de Karim à un parent du village.
Qui ne connaissait pas Karim?
Un ministre puissant comme lui quelqu’un qui peut le rencontrer leur d’une mission en rci, il faut qu’il soient vraiment tres tres proches.Des parents du village de Molobala, region de Koutiala.
Si c’est des parents, Karim plein aux as va dire à ce parent d’Abidjan.Laisse tomber.J’ai pas besoin de ton fric pour notre frere au village.Je veux m’en charger.Je paie, je lui donne la somme que tu devais l’envoyer.
C’est comme l’affaire de notre 1er arbitre international Mr Traoré Drissa de Sikasso.Pris la main dans le sac lors d’un tournoi Can dans les annees 90, il dira que c’est un parent à Dakar qui l’a remis de l’argent pour un parent à Bamako.Faux! En fait les Senegalais avaient donner de l’argent à Drissa pour les faire gagner, c’est à dire truquer le match…Drissa a été banni à vie par la CAF.
On ne cherche point à proteger un voleur ou un corrompu.
Merci Roger Cissoko pour ce article.
Dans le cas de Karim, on veut faire passer ATT comme un officier trop zélé sous un régime corrompu
et assassin.Ce qui n’est pas vrai.