Modibo Keïta: Qui était l’homme ?

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Homme politique malien né à Bamako (1915-1977). Sorti de l’école normale William Pointy de Dakar en 1936, il fonda l’année suivante le Syndicat des enseignants de l’Afrique occidentale française (AOF), avec le Burkinabé Ouezzin Coulibaly. En 1946, il se joignit à Félix Houphouët-Boigny pour créer à Bamako, le Rassemblement démocratique africain (RDA).

Intégré dans le sérail des représentants de l’Union française à l’Assemblée nationale, il entra dans les cabinets de Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard (1957). C’est un fédéraliste comme la plupart des hommes politiques de la savane qui rêvent à l’unité d’autrefois, mais il est aussi pragmatique, car le Soudan français est un pays enclavé dont le seul poumon est la voie ferrée qui le relie au port de Dakar.

En 1959, il préside la Fédération du Mali, qui unit son pays au Sénégal, mais sa personnalité et son amitié avec Sékou Touré, qui a quitté la Communauté française avec fracas, heurtent les options socialisantes tout en nuances de Léopold Senghor. Après l’éclatement de la Fédération, il continue à présider son pays, qui a gardé le nom prestigieux de Mali. Sans rompre totalement avec la France, il se rapproche de la Guinée et du Ghana (création de l’Union des États de l’Afrique de l’Ouest), opte pour le «non-alignement», une formule dont il est l’auteur, et fait sortir le Mali de la zone franc.

Les difficultés financières et la raréfaction des produits importés, alors que l’administration pléthorique absorbe l’essentiel du budget de l’Etat, déclenchent une sourde opposition de la population. L’opinion publique bascule lorsqu’il créé une milice qui ne tarde pas verser dans la corruption. L’armée, composée de responsable formés à l’école française, en profite pour prendre le pouvoir sous la direction du lieutenant Moussa Traoré (1968). Détenu pendant de longues années à Kidal, le premier président de la République malienne meurt le 16 mai 1977.

Air Mali

Dans le cadre de l’option fondamentale du parti et du gouvernement, le 22 septembre 1960 la résolution économique demandait entre autres: de s’attaquer immédiatement et rigoureusement à la décolonisation économique; d’instituer rapidement des structures économiques nouvelles en renversant et développant les circuits commerciaux dans le cadre de la planification socialiste fondée sur les réalités africaines; d’user de tous les moyens, pour implanter une infrastructure ferroviaire, routière, fluviale et aérienne conforme aux besoins du pays. C’est donc en application de ces décisions que fut créée la Compagnie nationale Air Mali.

L’exploitation du réseau aérien intérieur était faite par la Compagnie Air France dans le cadre général de son exploitation Inter africaine et ne ravitaillait donc pas en profondeur le territoire. Trois fois par semaine, des longs- courriers de la Compagnie Air France-TAL-UAT reliaient Bamako à la France. Trois escales seulement étaient reliées deux fois par semaine, deux autres escales une fois par semaine et deux chaque quinzaine (Nioro-Nara).

D’octobre 1960 à décembre, les activités se sont surtout axées sur les prises de contacts, la mise en forme de la Compagnie et le recrutement du personnel indispensable. C’est en avril 1961, à la suite de la réception de trois DC 3, que devait commencer le rôle de transporteur aérien d’Air Mali. Lignes intérieures: Ségou, Mopti, Goundam, Tombouctou, Gao, Nara, Niafunké, Kayes, Nioro, Niono. Si l’on considère la jeunesse de cette compagnie à l’époque, nous pouvons affirmer qu’elle peut mériter toute la confiance qu’on peut placer en elle.

Le développement du tourisme en République du Mali sera un facteur de la progression du transport aérien, compte tenu des commodités qu’il offre (rapidité, stabilité, sécurité, confort). Pays continental, le Mali avec sa superficie étendue est obligé de s’appuyer sur une compagnie aérienne solide pour faire face à un développement économique rapide et cohérent.

Transferts définitifs: Extrait du livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé né en 1935 à Mouroudiah (Nara)

Le livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé est terrible et édifiant. Terrible parce qu’il montre du Mali une image que peu de gens soupçonnent. Le souvenir d’une terre de grands empires, un peuple fier et pacifique, une culture d’une richesse insolente caractérisent en effet ce pays, havre de paix dans les sables mouvants qu’est devenue l’Afrique. Il y a certes ce Mali- là, mais il y en a un autre plus secret, moins glorieux, celui des brimades, des tortures, des assassinats dont personne ne parle.

De l’ère «socialiste» de Modibo Keïta au long règne des militaires sous la férule de Moussa Traoré, ce furent trente années de violences sans nom. Nul n’était épargné, ni les femmes, ni les enfants, ni les vieilles personnes. Comme régie par une loi implacable la chaîne des assassinats fut ininterrompue, les bourreaux finissant immanquablement par devenir les victimes. Et cela, au nom de l’idéologie, au nom du pouvoir. Le Mali fut un pays relativement stable sous Modibo Keïta comme sous Moussa Traoré, mais c’est à la lecture du livre du colonel Dembélé qu’on comprend le prix que le pays a payé pour cette stabilité: une vie faite de silence.

Silence de ceux qui ont subi les pires tortures, silence de leurs parents, silence des cadres, silence des politiciens. Il faudra un jour répondre à cette question: comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il subi de telles dictatures durant des décennies sans broncher ? La réponse: Au Mali, nous sommes passés du monopartisme au multi-monopartisme. Cela veut dire que nous sommes passés d’un système de parti unique à un système avec une multitude de partis qui gardent encore les réflexes du parti unique. On a chassé le naturel, il est revenu au galop. Alors que le 26 mars 1991, date historique pour les Maliens, signe la fin de privilèges d’une dictature et d’un régime bâti sur le parti unique, le népotisme et la corruption.

Comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il sombré ? La réponse à cette question se trouve dans un fait abracadabrant au Mali: le Programme d’ajustement structurel (PAS) qui frappé notre pays sous le parti unique de Moussa Traoré et sous la démocratie. La Banque mondiale et l’USAID et d’autres partenaires financiers ont imposé et financé dans le cadre de l’ajustement structurel des liquidations des sociétés et entreprises d’État qui ont occasionné des départs volontaires à la retraite. Plusieurs entreprises sont liquidées: Éditions et imprimeries du Mali (EDIM-SA), Société Nationale d’Entreprise de Travaux Publics (SONETRA), Société malienne d’import-export (SOMIEX), Société malienne de conserves (SOMACO), Office des produits agricoles du Mali (OPAM), Société des conserves du Mali (SOCOMA), Société nationale de recherches et d’exploitation des ressources Minières (SONAREM), Société malienne des produits chimiques (SMPC), Société nationale Air-Mali (AM), Régie des chemins de fer du Mali (CFM), Industrie textile du Mali (ITEMA), Usine de Bois, Librairie populaire du Mali, Société nationale des hôtelleries du Mali, Office malien du bétail et de la viande (OMBEVI), Société malienne du bétail et des peaux (SOMBEPEC), Société d’exploitation des produits oléagineux du Mali (SEPOM) , Société de construction radioélectrique du Mali (SOCORAM), Société nationale de tabac et allumette du Mali (SONATAM), Union nationale des coopératives (UNICOOP), Compagnie malienne de navigation (CMN), COMATEX, Société des ciments du Mali (SOCIMA) à Diamou, Société des tanneries maliennes (TAMALI), Mali Lait, etc.

Au total, 5 666 fonctionnaires ont été victimes des PAS. Plus d’un tiers des fonctionnaires de la fonction publique ont été compressés entre 1987 et 1993. Le programme a concerné deux (02) vagues. La première 1987-1988 et 1989. La deuxième vague: 1991-1992 et 1993. Depuis ces années, les Programmes d’ajustement structurel ont créé un malaise social. Une injustice sociale, source de tous nos maux.

La démocratie devait réparer la blessure, elle l’a enflée en redéployant ses militants victimes du Programme d’ajustement structurel dans des institutions et services nouvellement crées. Dès lors, la méchanceté gratuite, la jalousie et la haine sont rentrés dans nos mœurs. La Banque mondiale, l’USAID et les partenaires financiers ont versé 310 milliards de francs CFA pour payer les droits des travailleurs compressés.

Mali: grandeur et décadence de Modibo Keïta

Pays de haute tradition historique, le Mali correspond à l’ancien Soudan. C’est un pays musulman dans lequel subsiste une partie du régime des castes qui divise la population selon les fonctions sociales. Le parti dominant est l’Union soudanaise, parti révolutionnaire anticolonialiste dirigé par Modibo Keïta. Il est relayé par des comités locaux, des mouvements de jeunesse et aux élections de 1959, il balaye ses rivaux. Après l’échec de la Fédération, le Mali se retrouve seul, sans voie d’accès à la mer, qui dépend de la France pour 80% de ses importations et doit faire transiter ses produits par le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.

Le gouvernement se rapproche de la Guinée de Sékou Touré et lance une campagne de nationalisations et de collectivisation. Une société étatique, la (Société malienne d’import-export (SOMIEX) est chargée de l’exportation des arachides, principale source de revenus du Mali, et de l’importation des produits courants.

Les livres et journaux, la banque, les transports, la pharmacie sont également réglementés au niveau national. Bien que le Mali ne veuille pas rompre avec la France, les dissensions s’accentuent avec l’ancien colonisateur. Les bases militaires françaises sont évacuées, un franc malien créé, que la France se refuse à garantir, la balance commerciale reste déficitaire et les dépenses de fonctionnement augmentent, tirées par les augmentations des fonctionnaires, les frais administratifs et la réalisation d’équipements luxueux improductifs.

Dès 1967, il faut se rendre à l’évidence. Le plan quinquennal a échoué. En politique étrangère, le Mali soutient les combats menés en Algérie, au Congo Kinshasa, en Angola contre l’impérialisme. Il tente de s’assurer des appuis à l’Est du côté de la Chine et de l’URSS, comme à l’Ouest avec les États-Unis et l’Allemagne, par une politique de modération qui n’exclut pas la fermeté.

En politique intérieure, Modibo Keïta cultive son image de marque de sage, obtient le prix Lénine pour la paix et s’implique dans la mise en œuvre du socialisme. Mais celui-ci heurte à l’individualisme des paysans. Sa politique puritaine (restriction des fêtes, interdiction des jeux de hasard) déplait également aux jeunes, qui préfèrent les fêtes aux causeries politiques. Les populations nomades touareg du nord entrent en rébellion, des manifestations contre l’austérité forcée éclatent en juillet 1962, réprimées avec brutalité.

Des dirigeants de l‘opposition meurent dans des conditions mystérieuses Aux élections de 1964, la liste unique de l’Union soudanaise obtient 99,8% des voix. Mais les finances du pays ne s’assainissent pas, la fraude reprend de plus belle, encouragée par la corruption au niveau de l’État, les commerçants mènent une guerre larvée contre le pouvoir, le Fonds monétaire international (FMI) refuse un prêt, la France fait la sourde oreille. La production d’arachide s’effondre. Modibo Keïta remplace le bureau politique du parti par un Comité national de défense de la révolution (CNDR), appuyé sur des milices populaires. Il croit pouvoir compter sur la France, avec laquelle il vient de signer un accord, quand il est renversé en novembre 1968 par le lieutenant Moussa Traoré, qui devient chef d’État. Ce putsch surprend d’autant plus les observateurs internationaux qu’il ne s’accompagne d’aucune réaction de la population.

Au contraire, femmes et jeunes applaudissent à la chute du socialisme. Mais la lune de miel entre le peuple et ses dirigeants ne dure pas. Le régime cède à la corruption, guerroie contre son voisin burkinabè, s’appauvrit et, ayant pris ses distances vis-vis des pays de l’Est, demande l’aide de la France qui s’entremet en 1984 pour lui faire réintégrer l’Union. Le franc malien dévalué de moitié, rentre dans la zone franc. Moussa Traoré est chassé du pouvoir par une insurrection en mars 1991.

Au Mali, comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, la société est fortement hiérarchisée. Elle comprend deux (02) grands groupes: les horons et les esclaves. Il appartient aux horons «tlobilé» de diriger notre le Mali nous enseignent les griots dans leur Tarik.

Pour mieux comprendre les soubresauts lisez ces messages de deux conservateurs et traditionnalistes: «Peuples et jeunes prétentieux, un jour viendra où ce pays n’aura comme chefs suprêmes, que des gens de condition servile (esclaves) pour vous gouverner».

Le second d’ajouter: «S’il y a cinquante-deux (52) semaines dans l’année, il n’est pas certain que les vraies familles nobles atteignent en nombre ce chiffre au Mali». Sommes-nous arrivés à ce stade ? Sûrement oui.

GÉOPOLITIQUE

Le Mali de Modibo Keïta et ses réalisations

Le territoire malien est situé dans la zone des cuvettes centrales de l’Afrique Occidentale. Il est limité au nord par le Sahara algérien, au nord-est par le Niger, à l’est par le Burkina Faso, au sud par la Côte d’Ivoire et la Guinée, à l’ouest par la Mauritanie. Au Mali, se trouve la partie supérieure du fleuve Sénégal ainsi que 1 600 km du fleuve Niger, sur les 4200 km de son parcours.

Organisation politique

La République du Mali est indépendante depuis le 20 août 1960, date de l’éclatement de la Fédération du Mali (Soudan-Sénégal) dont l’indépendance avait été proclamée le 20 juin 1960, mais elle sera officiellement proclamée le 22 septembre 1960 par l’Assemblée nationale. La capitale est Bamako. La Constitution, de type présidentiel, a été adoptée par l’Assemblée nationale le 22 septembre 1960.

Le pouvoir exécutif appartient au président du gouvernement, chef de l’État. Il est assisté dans ses décisions par le Bureau politique du parti de l’Union Soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). Le président de l’époque était Modibo Keïta. Le pouvoir Législatif appartient à l’Assemblée élue au suffrage universel direct pour cinq (05) ans. Elle comprenait 80 députés. Le parti de l’Union Soudanaise-RDA (Rassemblement Démocratique Africain) était un parti unique.

L’Union générale des travailleurs du Mali (UGTM) réunissait tous les travailleurs syndiqués. Tous les membres influents du syndicat étaient membres du Bureau politique du parti.

Le Mali était membre:

– du groupe de Casablanca (siège du bureau permanent à Bamako),

– de la zone franc (sous réserve des remarques faites au chapitre VIII),

– de l’union douanière ouest- africaine,

– de l’ONU (27 septembre 1960) et des grandes organisations internationales, y compris le FMI depuis 1963,

De l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Le Mali était, en outre, associé au marché Commun.

L’État: Au seuil de l’indépendance, le Mali tenta un essai de Fédération avec le Sénégal qui se termina par un échec (20 août 1960). La République du Mali était alors proclamée, le 22 septembre 1960 de la même année, indivisible, démocratique, laïque et sociale: «Un Peuple, Un But, Une foi». Le président du gouvernement est investi par l’Assemblée nationale à la majorité absolue. Il est chef de l’État et gardien de la Constitution. Il nomme les ministres, les ambassadeurs, signe et ratifie les traités. Il est le chef suprême des Armées.

L’Administration: Le Mali était divisé en six (06) régions administratives dont les gouverneurs étaient nommés; et qui était assistés d’assemblées de régions élues au suffrage universel. Subdivisions: cercles (commandants nommés+conseils de cercles); arrondissements (conseils d’arrondissements): communes (maires élus+conseils de villages). Les six (06) régions totalisaient quarante-deux (42) cercles et cent trente (230) arrondissements. Les tribus et fractions nomades du Nord étaient dirigées par des conseils de tribus élus.

La Santé publique: Deux (02) hôpitaux de première catégorie (Bamako). Six (06) hôpitaux secondaires, Gao, Markala, Mopti, Ségou, Sikasso, Kayes). L’ensemble de l’équipement sanitaire s’est considérablement développé (trente-neuf (39) centres hospitaliers deux cent cinquante (250) dispensaires, sept (07) léproseries, quarante-sept (45) maternités, des centres de protection de la mère et de l’enfant, des infirmeries, une banque de sang, des camions de dépistage et de radio. On ne peut évoquer cet équipement sans faire mention de l’Institut Marchoux (lèpre) et de l’IOTA (Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique), centre de recherche concernant l’ophtalmologie tropicale.

La Justice: les tribunaux coutumiers ont été abolis. L’organisation judiciaire comprenait les échelons suivants: Haute Cour de justice (composée de députés élus), compétente le cas échéant, pour juger les ministres, voire le chef de l’État, la Cour d’État (trois sections: constitution, contentieux, comptes); appelée à trancher les litiges sur le plan gouvernemental; Cour d’Assises, Cour d’Appel, tribunaux de première instance, justices de paix, tribunaux du travail.

La Diplomatie: Le Mali avait une vingtaine de représentants diplomatiques à l’étranger, notamment aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en URSS et en République populaire de Chine. Près de quarante (40) pays étaient représentés au Bamako. Sur le plan international, notre pays était membre de nombreuses organisations, à commencer par les Nations unies et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), etc.

Les Forces armées: L’effectif des Forces armées était d’environ 3 000 hommes. Il existait une école militaire de formations de cadres. L’équipement (chars, aviation) était d’origine soviétique. L’armée participait à la vie de la nation (administration de certaines régions, culture des champs collectifs, alphabétisation).

Les Finances: En 1962, notre pays quittait la zone franc et créait sa propre monnaie: le franc malien, équivalant au Fr. CFA. Le 17 janvier 1967, des conversations s’engagèrent avec la France pour réintégrer le Mali dans la zone franc (accord signé le 15 février 1967).

En mai de la même année, le franc malien était dévalué de 50%. Sa nouvelle valeur est définie par un équivalant en or (0,0018 grammes d’or fin). L’Institut d’émission était la BRM (Banque de la République du Mali).

Les Investissements: Trois (03) secteurs se partageaient l’éventail des investissements:

– un secteur privé malien et étranger, représentant plus de dix mille (10 000) patentes;

– un secteur coopératif et mutualiste dont le développement s’accroit sans cesse;

– un secteur d’intérêt public réservé à l’État et dans le cadre duquel un certain nombre d’activités sont orientées en fonction des objectifs du plan.

L’Agriculture: La production locale est, au Mali, l’économie de base. C’est donc à la paysannerie que s’est appliquée, en tout premier lieu, la planification socialiste du pays. La forme coopérative est la structure essentielle de cette économie. Toutes les sociétés mutuelles sont affiliées à un Fonds territorial d’Action Économique. L’Institut d’économie rurale (IER) élabore les programmes de développement agricole, en corrélation avec le Plan.

Enfin, des Centres d’expansion rurale s’occupent du forage des puits, d’aménagement des terres et du calendrier des cultures. Le groupe mil-sorgho est la première production du Mali (1 200 000 hectares). Production annuelle moyenne: 800 000 tonnes. Toutefois, la culture du riz est intensifiée parce que considérée comme étant de valeur plus nutritive pour la population.

L’Industrie: Les industries procédant de la production agricole sont les plus importantes (rizeries, égrenage du coton, défibrage du kapock, conserves alimentaires et boissons). La production de l’élevage a conduit à l’installation d’abattoirs frigorifiques à Gao et Bamako.

Minoteries et tanneries complètent cette industrialisation des produits de l’élevage et de l’agriculture. Autres industries de fabrication: cimenterie, briqueterie, complexe textile, matériel électronique, céramique, papeterie, allumettes, cigarettes.

Les Mines: L’exploitation la plus importantes qui était en activité fut celle des carrières de sel gemme de Taoudénit (3 500 tonnes par an). Mais d’importants gisements métalliques existent au Mali. Le Plan a prévu leur exploitation au fur et à mesure des prospections positives. Le Bureau minier a été créé en vue de promouvoir la recherche, l’exploitation et la transformation des richesses du sous-sol. La «prospective» porte sur l’or, le platine, l’uranium, le thorium, le lithium, la bauxite, les phosphates, le cuivre, le fer, le manganèse, etc. Des carrières de marbre sont déjà exploitées. Des forages de pétrole ont été entrepris, notamment au nord- est de Gao.

La Pêche: C’est une des richesses très réelles du Mali (50 000 tonnes de poissons frais). Les principales régions de pèche: Mopti: 25 000 tonnes. Ségou: 15000 tonnes Gao: 8500 tonnes. Le poisson séché est, avec l’arachide, le coton et le bétail, un département important de l’exportation.

Les grands équipements Barrages: Au nombre de trois. Électricité: puissance installée: 15 425 kW. Sept (07) centrales.

Les Routes: 12 000 km environ (nationales: 5 600 km: régionales: 1 660 km: locales 4 820 km). Les 2/3 du réseau routier sont praticables en toutes saisons.

Le Réseau fluvial: 1 750 km navigables sur le Niger pendant certaines époques de l’année. Le Sénégal est navigable à partir de Kayes, tout à l’ouest du pays.

Les Aéroports: L’aéroport de Bamako, de classe B, est utilisable pour les long-courriers: DC7, jets et Iliouchine 18. La compagnie Air-Mali assurait des services hebdomadaires sur la France, le Maroc et les principales capitales africaines. Autres aéroports: Ségou, Goundam, Gao, Tombouctou, Kayes, Nioro.

Les Chemins de fer: Toute la portion malienne du Dakar-Niger (ou Niger-Océan) prolongée au-delà de Bamako jusqu’à Koulikoro. Au total 645 km.

La Population: La population au 4/5 habite la partie occidentale, 1/10 dans les villes. Au nord, la population est nomade ou semi-nomade. Densité moyenne de la population: 3,7 au kilomètre carré. Villes: capitale, Bamako (150 000 habitants). Les autres villes principales étaient: Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou.

Les Races et religions: On ne dénombre pas moins de vingt-trois (23) ethnies différentes dont les noms, pour certaines d’entre elles du moins ont quelque célébrité: Bambara, Peulh, Touaregs, Toucouleurs, Dogons. Près d’un million et demi d’habitants étaient animistes. Tout aussi nombreux sont les musulmans. Une trentaine de mille environ étaient chrétiens.

Les Langues: De nombreuses langues ou dialectes spécifiquement le mandingue (2/3 de la population). On parle également l’arabe. Le français est la langue officielle.

Les Moyens d’expression: Radio.

Organisme d’État, Radio-Mali possédait une dizaine d’émetteurs. Radio-Mali émettait en français, en anglais, et dans plusieurs langues régionales, bambara, peul, etc. De nombreux postes récepteurs d’écoute collective existaient dans les lieux publics et les écoles.

Presse «L’Essor»: Édition quotidienne hebdomadaire. C’est l’organe de l’Union soudanaise. Bulletin quotidien de l’Agence nationale d’information du Mali (ANIM). Bulletins mensuels du Plan du Tourisme. Bulletin de liaison de l’Office du Niger (Ségou).

L’Emploi: Le nombre de salariés était d’environ 18 800, soit un pourcentage très faible de la population active, celle-ci étant estimée à 2 300 000 individus. La répartition des salaires, selon les secteurs, fait apparaitre que 32% d’entre eux étaient versés dans le secteur public, 19% dans le commerce et la banque, 15% dans le bâtiment et les travaux publics, 11% dans l’agriculture, 10% dans les transports, 9% dans l’industrie, le reste étant réparti entre les professions libérales et la domesticité. En raison des trois facteurs mentionnés: forte pression démographique, population jeune, croissance rapide des villes, un problème de sous-emploi se pose au Mali, en particulier dans les centres urbains.

L’Éducation: Au Mali, la question de l’enseignement a été marquée aussitôt après l’indépendance par une réforme d’envergure: la coupure primaire-secondaire a été abolie par la création de l’école fondamentale groupant l’ancienne école primaire et le premier cycle du secondaire. Une grande place a été réservée, en outre aux travaux pratiques. 16% du budget étaient consacrés à l’éducation. Le taux de scolarité est passé de 8 à 11,5%. Cycle fondamental: 700 écoles Cycle secondaire et technique: seize (16) écoles. Enseignement supérieur: École nationale d’administration (ENA); École de médecine. Nombreux étudiants à l’étranger (Afrique, Europe, ex-URSS. Il existait plusieurs Centres de recherches scientifique: fondamentale, médicale, agronomique.

En 1960, le taux de scolarisation (calcul UNESCO) était encore très faible: 10%, et l’analphabétisme atteignait 95% de la population totale. La même année, le Mali disposait en moyenne de quarante et un (41) maîtres pour 100 000 habitants. Un effort tout particulier a donc été entrepris dans ce domaine et pour 1963, le nombre d’élèves de l’enseignement primaire était en augmentation de 80% par rapport à 1962.

Le Plan prévoyait par ailleurs la construction d’un nouveau lycée d’une capacité de 1 200 élèves dont 900 internes. Parallèlement, la réforme des programmes devait permettre un enseignement mieux adapté. L’École nationale d’administration du Mali assurait la formation de cadres supérieurs et de hauts fonctionnaires.

Source: Documents rassemblés par la Rédaction

 

 

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