Le Mali célèbre, ce mercredi, le 34ème anniversaire de la chute du général Moussa Traoré. À cette occasion, nous vous présentons, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), qui par son manque de vision, de stratégie, ses contradictions, sa boulimie financière, s’est laissée passer le pouvoir sous ses pieds.
Sous la bannière de la démocratie, le slogan était: «Un village, Une école, Un enseignant». L’État s’était donné les moyens générant tant d’espoirs auprès des jeunes pour lesquels le diplôme était devenu un passeport pour toute intégration sociale.
Sans atteindre pleinement ces objectifs, l’État avait néanmoins créé des mécanismes d’incitations à travers l’octroi des aides scolaires aux élèves. Tout jeune bachelier recevait des allocations d’études supérieures, de même pour tout étudiant qui décrochait une inscription dans un établissement étranger (Occident, ex-URSS) compte tenu de l’insuffisance d’infrastructures et de la qualité du système éducatif. Dans ce domaine, l’aide des pays de l’Est, notamment l’ex-URSS a été irréprochable en accueillant chaque année des centaines d’étudiants maliens à leur charge. À la fin de la décennie 90, le Mali connaît un taux de scolarisation très bas et le niveau des étudiants très bas.
L’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), créée en octobre 1990, était un syndicat ou une milice puissante, défiant même le gouvernement. Le pouvoir du général Moussa Traoré a pris un sérieux coup. Le régime est tombé un 26 mars 1991 grâce à un tandem UNTM-AEEM.
À l’époque, Oumar Mariko était le secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et Bakary Karambé, secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Malgré le déploiement des forces armées à Bamako et ailleurs, l’UNTM et l’AEEM ont mis fin au régime du général Moussa Traoré.
Après la chute, il y a une transition d’une durée de quatorze (14) mois, avec à la clé un organe constitutif appelé Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) et un gouvernement. C’est dans un climat de suspicion que la transition a pris fin. Le mot de la fin de la transition a été prononcé par le président de la transition le colonel Amadou Toumani Touré (ATT) en ces termes: «Que Dieu sauve le Mali». Et depuis ce jour-là, le Mali se noie dans le fleuve Niger. La question scolaire est suffisante pour le déluge provoqué.
S’il est un domaine où les démocrates ont échoué sans doute, c’est celui de la question scolaire. Et c’est là où, les évènements dramatiques se succèdent sans solution. C’est à partir de 1994 que l’école malienne entame sa descente aux enfers. Aidé en cela, par le Premier ministre de l’époque.
D’une année facultative, on passe à une année blanche. Au lieu de quatre ou cinq (05) ans pour les études supérieures, on perd désespérément sept (07) ans. On devient vieux étudiant diplômé chômeur. Du coup, les étudiants ont compris qu’il faut sévir contre le gouvernement. Et le gouvernement a compris avec une stratégie forte et puissante, celle du billet de banque. Les plus radicaux étaient repérés et bien entretenus par le gouvernement, une façon pour se dédouaner envers les dirigeants de l’Association des élèves et étudiants du Mali. Mais, c’était mal connaître les élèves et les étudiants. Ils savent que leur association est parmi celles qui sont à l’origine de la chute du général Moussa Traoré. Ils connaissaient la quasi-totalité des démocrates, professeurs des écoles supérieures ou à l’université. L’université surnommée colline du Savoir était le lieu de contestation, de rassemblement des troupes de l’AEEM.
Les journées chaudes de l’association se passent sous Yahiya Ould Zarawana, secrétaire général de l’AEEM. Le pouvoir ADEMA prend un sérieux coup. Devant le cynisme, le pouvoir abdique en octroyant des bourses d’études supérieures aux radicaux, distribue des billets de banque à d’autres, offre des emplois à certains. À vrai dire, l’AEEM fut le second pouvoir de l’ADEMA. Son «armée» à tout faire.
À vrai dire, l’AEEM a tout eu avec tous les présidents qui se sont succédé au pouvoir de 1992 à 2023, année de sa dissolution par la transition. Elle a fini par avoir le pouvoir et tout le pouvoir à sa disposition malgré sa dissolution. Comme une malédiction, les différentes générations de l’AEEM manquent de stratégie et le pouvoir leur échappe. Ce sont des générations AEEM qui sont aujourd’hui les cadres de l’administration publique, qui constituent les forces armées, les fondateurs de partis politiques, d’entreprises privées, Président-directeur général (PDG) de société et entreprises publiques, ministres. Que sais-je encore ?
Mais hélas ! Quelle malédiction ? Bamako, dit-on, serait une ville sacrée qui ne devrait être brûlée ? Combien de fois des pneus ont été brûlés dans la capitale ? La femme d’un ministre de l’Éducation nationale mise en habit d’Adam. Brûler des domiciles privés. Allah est souvent obligé de sévir. Dieu, le Mali et l’AEEM. Si l’AEEM a à son actif la chute du régime de Moussa Traoré, elle a aujourd’hui une part de responsabilité morale dans la grande corruption endémique qui ronge notre pays. La transition parle de refondation de l’État, qui à mon avis est impossible avec une bonne partie de cette génération AEEM pas très clean.
À titre de rappel. Dans un des nombreux gouvernements d’Ibrahim Boubacar Keïta, il a fait la promotion de plusieurs jeunes diplômés de l’AEEM dans le gouvernement. À l’évidence, ce fut une déception. Leur gestion fut une des plus catastrophiques. Aujourd’hui, le président de la transition fait la même chose en plaçant son espoir sur la jeunesse dans toutes ses composantes. Encore, qu’il n’a pas juré. Si le président de la transition savait, il n’allait pas prendre une telle initiative considérable. Si l’AEEM voulait réussir, elle allait réussir comme Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) au Sénégal.
La quasi-totalité des mairies furent et continuent d’ailleurs à être gérée par des anciens de l’AEEM. Et Dieu seul sait que la gestion du foncier est une catastrophe. C’est une bombe en attente d’un détonateur pour exploser.
Aujourd’hui, les Maliens ont plus besoin de justice que de démocratie. Or, le ministère de la Justice est dirigé par un ministre de la génération AEEM. La justice et son mode de fonctionnement sont décriés par la population. Qu’Allah sauve notre pays et sa population.
Safouné KOUMBA
Que notre pays et notre population sauvent le Mali et Allah SWT le sauvera. Personne ne va batir le Malikura a la place des Maliens et aucun remede magique ne tombera du Ciel pour nous sauver.