Sofabougou, également connu sous le nom de Kaflébougou qui signifie “venir voir”, est un village situé à 40 km de Koulikoro au nord-est. Dans ce village, il existe un puits sacré appelé “Djônô” qui signifie jaillissement d’eau en bamanakan. Selon les habitants, c’est un puits qui date de plusieurs siècles. D’aucuns parlent de 200 ans.
A en croire Yaya Traoré, notable à Sofabougou, ce puits a été découvert par son arrière-grand-père du nom de Zanké Traoré qui était un grand chasseur venu du Kaarta. Au cours de la chasse, étant très assoiffé, il vit un bouc sortir des bois la barbe mouillée. Etonné, parce qu’il y avait la sécheresse, il est allé voir sous les bois où il a vu des traces d’eau au sol. Muni d’une arme blanche, il donna un coup de hache au sol et l’eau commença à jaillir qu’il but pour étancher sa soif. A force de jaillir, l’importante quantité d’eau a formé une mare autour du puits.
De retour à Kassapa, un village voisin (chez ses hôtes), le chasseur demandera alors un endroit pour s’installer avec sa famille. Il désignera alors logiquement l’endroit où il a découvert le puits. L’hôte lui fit savoir que cet endroit était très dangereux et habité par les malins. Il a répliqué que c’est le lieu qu’il a choisi et qu’il devrait s’entendre avec les esprits. Il est retourné au Kaarta, rechercher son ami et compagnon d’arme Fatiguai Coulibaly. Ensemble ils s’y installèrent avec leurs familles.
Au début, les habitants du village puisaient de l’eau avec de petites calebasses. Mais par le temps, le puits s’est approfondi et ses bordures ont été aménagées avec des briques en ciment. Economiquement, le puits est d’une très grande utilité pour la population. Car c’est un lieu fréquenté par les touristes qui apportent des cadeaux aux habitants (friperies, savons, sel…) Les femmes faisaient également du maraichage au bord du puits.
Sur le plan culturel, lors des festivités (baptême, mariage et autres) l’eau du puits est utilisée pour purifier. La nouvelle mariée est lavée avec l’eau de ce puits. Ainsi, il y a de fortes chances que ce mariage soit épargné par le divorce. De plus, la mariée doit remplir sa jarre, pour la première fois, avec l’eau du puits sacré. Selon les croyances, toute personne qui boit l’eau de ce puits dans le souci de se guérir verra ses vœux exaucés.
Il est à noter que, contrairement aux autres puits du village creusés par les habitants profonds d’à peu près 80 m, ce puits est d’une profondeur d’environ 8 m.
Awa Koniba Traoré
(Stagiaire, de retour de Kaflébougou)