Interpellés pour assassinat, vol qualifié… : Mohamed Pergourou et autres condamnés à une peine égale à leur temps de détention

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    Inculpés pour assassinat, vol qualifié, détention illégale d’arme à feu et association de malfaiteurs, Mohamed Pergourou, Moké Dembélé, Boukary Tembely et Yacouba Drabo étaient à la barre de la Cour d’assises pour connaître leur sort. C’était le lundi 4 mars 2024. Ils ont été reconnus coupables uniquement des faits de détention illégale d’armes à feu. Condamnés à 2 ans d’emprisonnement, ils ont rejoint leur famille, car ils étaient en détention depuis 2020.

    Mohamed Pergourou était le premier à donner sa version des faits sur les chefs d’accusation d’assassinat, vol qualifié, détention illégale d’arme à feu et d’association de malfaiteurs. A l’entendre, leur association avait pour objectif de protéger leur village.

    “Nous possédons tous une arme à feu parce que nous sommes des chasseurs et nous protégeons notre village contre l’ennemi. Le jour où on a été interpellés, on était en mission de notre chef pour venir en aide à un village voisin qui était attaqué par des jihadistes. Ils nous tiraient dessus et nous également. Après les coups de feu, j’ai constaté que j’avais pris une balle au pied et il y avait deux morts côté ennemi. C’est à notre retour qu’on a été interpellés au poste de contrôle avec nos quatre armes et celles des deux jihadistes tués”, a-t-il souligné.

    Un conseiller a demandé si le chef des chasseurs a été entendu dans cette affaire ? “Il faisait des allers et retours à la gendarmerie, mais on ne sait pas ce qui s’est passé par la suite”, a-t-il répondu.

    A son tour, Moké Dembélé a indiqué que leur association c’est pour assurer leur propre sécurité parce que l’Etat n’arrivait pas à le faire. Il a ensuite repris la version que Mohamed Pergourou. Les deux autres accusés, à savoir Boubakary Tembely et Yacouba Drabo ont tous donné les mêmes versions.

    Le parquet s’est dit surpris des propos des détenus à la barre, car ils avaient relaté les faits autrement à la gendarmerie et à l’instruction. “En tout état de cause, l’infraction de détention illégale d’arme de guerre est consommée. Il y a eu également vol à mains armées. Ils ont intercepté des citoyens maliens sous prétexte qu’ils étaient des jihadistes. Tout Peul n’est pas jihadiste et tout jihadiste n’est pas Peul. Ils ont tiré à bout portant sur des individus. Nous savons que des milices existaient de part et d’autre pour leur sécurité, mais pourquoi assassiner des paisibles citoyens parce qu’ils sont Peuls ?”, s’est-il interrogé.

    La défense a mentionné que ses clients reconnaissent le chef d’accusation lié à la détention illégale d’arme et nient les autres. “Ce dossier est léger par rapport à l’assassinat comme un oreiller de plume. Nous ne comprenons pas cette charge à l’instruction. Les procès-verbaux sont muets sur la qualité des personnes qui se sont constituées partie civile et elles n’apparaissent pas à la barre. Quand on perd un proche ou un parent, on ne se préoccupe pas uniquement de récupérer ses biens, mais on suit le dossier jusqu’au verdict. Ces personnes ont récupéré les motos des défunts et ont disparu. Concernant l’assassinat, mes clients étaient en légitime défense parce qu’ils étaient sous les feux des jihadistes. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Le port d’armes a été entrainé par l’insécurité dans cette zone”, a-t-il plaidé.

    Un autre avocat de souligner l’impression que le ministère public a banalisé la vie des habitants de cette zone. “Les terroristes attaquaient les personnes et détruisaient les champs. On a cru à la version des deux personnes fantômes qui ont récupéré les deux motos et ont disparu par la suite. Il n’y a aucune information sur lesdits défunts également, même pas d’image. Pourquoi les militaires aux postes n’ont pas été entendus ? Au Mali, on joue avec la liberté des gens, sinon si ces inculpés avaient des soutiens, ce dossier n’arriverait pas aux assises. Rien n’est clair dans le dossier, il n’y a que des failles”, a-t-il déclaré.

    Après 6 h d’échange, la Cour a finalement reconnu les accusés coupables uniquement des faits de détention illégale d’armes à feu. Condamnés à 2 ans d’emprisonnement, ils ont rejoint leur famille, car ils étaient en détention depuis 2020.

    Les faits remontent au 20 octobre 2021. Une patrouille militaire a pris en flagrant crime d’assassinat, les nommés Mohamed Pergourou, Mokè Dembélé, Boukary Tembely et Yacouba Drabo. Les victimes sont deux personnes de l’ethnie peule. Ces illuminés se faisaient passer pour des éléments de la milice d’auto défense des chasseurs et avaient coupé la route Niono-Molodo, pour les besoins de la cause. Ainsi, ils ont apostrophé successivement Ay Dia et Boukary Bah, qui ont été ensuite dépossédés de leur argent et de leurs motos, pour être enfin, sauvagement abattus.

    Malheureusement, pour ces bandits de grand chemin, ils ont été interpellés par une patrouille, qui les a conduits à la brigade aux fins d’enquête. Interpellés, puis inculpés, pour association de malfaiteurs, vol qualifies, assassinat et détention illégale d’arme à feu, les inculpés n’ont jamais nié les faits pour lesquels ils sont inculpés, mais ont expliqué que les victimes étaient des terroristes, qui écumaient la zone.

     Marie Dembélé

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