Tahirou Traoré a comparu à la barre des Assises de Bamako pour répondre des faits d’assassinat. C’était le vendredi 1er mars 2024. Reconnu coupable, il écopé de 10 d’emprisonnement.
L’inculpé à la barre a relaté qu’un jour sa femme est sortie sous la pluie pour rentrer dans la chambre de mon jeune frère et qu’avant cela, il les soupçonnait longtemps d’entretenir une relation amoureuse. Pourquoi avoir assassiné votre frère de sang sur la base de simples soupçons, a demandé le parquet. “Ce jour-ci, j’ai vu les traces de pieds de ma femme jusque dans la chambre de mon frère”, a-t-il répondu. Pourquoi n’avoir pas fait intervenir quelqu’un entre vous, continuera le parquet. “J’ai eu honte d’en parler à quelqu’un”, a poursuivi Tahirou.
Le président de la Cour lui a demandé si son jeune frère n’était pas marié. Il a répondu qu’il était marié à deux femmes, mais qu’il courtisait sa femme en l’absence des siennes.
Alimata Danioko, la première épouse du défunt a témoigné à la barre qu’elle n’a jamais soupçonné son mari de courtiser une autre femme, à fortiori celle de son grand frère. “Le jour des faits, ce sont les coups de feu et cris qui ont fait sortir tout le monde et jusque-là personne ne sait pourquoi Tahirou a posé un tel acte”, a-t-elle déclaré.
Naminata Diarra, la première épouse de Tahirou Traoré, a indiqué ignorer également la cause de cet assassinat. “Le défunt ne m’a jamais fait d’avance en terme d’amour. A peine on s’amusait comme beau-frère et belle-sœur le font. Il n’était pas quelqu’un de ce genre. Lorsque Tahirou m’épousait, son frère n’était qu’un gamin et si j’avais eu la chance de faire des enfants à cette époque, il n’allait pas y avoir assez d’écart entre lui et mes enfants. Je n’ai pu concevoir tôt, ce n’est qu’à après 20 ans de mariage que j’ai pu faire un enfant et aujourd’hui ce dernier est militaire. Je n’ai pas commis d’adultère dans ma jeunesse et pourquoi le ferai-je maintenant si ce n’est que pour nuire à la carrière de mon fils”, a expliqué la première épouse de l’inculpé. La défense a demandé la clémence de la Cour compte tenu de l’âge de l’accusé (66 ans), la situation familiale parce que sa femme l’a quitté, son frère est décédé. “On ne sait pas comment les épouses du défunt et leurs enfants vivent et les enfants de Tahirou également”, a-t-il déclaré.
En dernier lieu, Tahirou Traoré a demandé pardon à ses épouses, celles de son petit-frère et à la Cour. Après les débats, la Cour a reconnu Tahirou Traoré coupable d’assassinat et l’a condamné à 10 ans d’emprisonnement. Les faits se sont déroulés à N’Golokasso, cercle de Kadiolo. Tahirou Traoré a surpris, il y a une année de cela, sa première épouse Naminata Diarra, âgée de 62 ans en relation amoureuse avec son jeune frère de lait Moumoune Traoré. Il a déclaré n’avoir informé aucun membre de la famille de cette liaison. Malgré ses efforts pour mettre fin à cette liaison, les deux amoureux, selon toujours les dires de Tahirou, ont continué leur relation au point que son épouse lui refusait le lit.
Pour mettre donc fin à cette liaison, l’inculpé a muri l’idée de mettre fin à la vie de son jeune frère Moumoune. Pour ce faire, il a attendu ce jour, mercredi 14 août 2019, après le petit-déjeuner et le départ des autres membres de la famille pour attacher d’abord ses effets derrière sa motocyclette, puis prendre son fusil de fabrication artisanale pour venir trouver son jeune frère endormi sous un manguier lui faisant dos, tirer à bout sur lui et enfin prendre la fuite sur sa motocyclette. Son jeune frère Moumoune, grièvement blessé à la poitrine, a succombé à ses blessures sur le champ. Dans sa fuite, l’inculpé a été appréhendé par des chasseurs du village de N’Golopènè, alertés, qui l’ont conduit au poste de gendarmerie de Louloni. Les éléments de ce poste l’ont conduit à la gendarmerie de Kadiolo et ainsi, Tahirou Traoré a été poursuivi, inculpé et placé sous mandat de dépôt le 22 août 2019 pour assassinat. L’inculpé, tant à l’unité l’enquête préliminaire, que devant le magistrat instructeur, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a aussi reconnu avoir mûri bien avant son forfait en vue, selon ses propres dires, de mettre fin à la liaison amoureuse entre son jeune frère et sa première épouse.
Marie Dembélé