Inculpé pour assassinat, Fousseyni Goïta a comparu à la barre des Assises de Bamako le jeudi 7 mars 2024. Reconnu non coupable, il a été acquitté après 4 ans de détention.
A la barre, l’accusé a nié complètement les faits à lui reprochés. Je ne sais rien de cette affaire, j’ai été arrêté alors que je n’ai rien fait. La partie civile Seydou Diakité, l’oncle de la défunte a indiqué qu’un matin, Drissa Doumbia, l’époux de sa nièce leur est parvenu de toute urgence que son épouse Salimata se trouvait dans un puits. “Fousseyni Goïta a été arrêté à cause de ses propres déclarations. Après les funérailles, un jour dans une buvette, il a révélé à Adama Diakité, le petit frère de la défunte, que Salimata a été tué par coups de marteau par deux hommes qui l’ont ensuite jetée dans le puits. C’est ainsi qu’on l’a dénoncé. Sinon on ne connaissait même pas Fousseyni Goïta”, a déclaré la partie civile.
Adama Diakité, le frère de la victime a témoigné qu’il est resté chez sa sœur afin de garder la maison. “Trois jours après les funérailles, Fousseyni de passage s’est arrêté chez Fatoumata Coulibaly, une voisine de ma sœur, pour dire qu’il a appris le décès de Salimata et qu’il y avait une mésentente entre eux. C’est là que je lui ai demandé ce qui n’allait pas entre eux, mais il n’a pas voulu en dire plus. C’est ainsi que je suis parti informer mon oncle et on est parti le trouver à la buvette. Il a répété que Salimata a été tuée par coups de marteau et jetée dans le puits. On l’a arrêté pour ensuite informer les autorités”, a-t-il témoigné.
La défense a expliqué que le dossier manque de certitude. “La victime a été tuée par qui et par quoi ? On l’ignore. Mon client a fait 4 ans de détention sur des simples déclarations. Le fait de dire que quelqu’un est mort de coups de marteau ne veut pas forcément dire qu’il est l’auteur de ce crime. Le mari de la victime a indiqué qu’il ne soupçonne personne. Il n’y a aucune preuve qui démontre que Fousseyni a commis ce crime”, a plaidé l’avocat.
Après les débats, la Cour a délibéré que Fousseyni Goïta n’a rien à voir avec les chefs d’accusation. De ce fait, il a été acquitté. Drissa Doumbia est un agriculteur, domicilié à Bougouni avec sa première femme. Sa seconde épouse était domiciliée à Dièguènina dans la banlieue de Bougouni. Dans la nuit du 29 au 30 juillet 2020, Drissa Doumbia a quitté sa deuxième femme Sali Diakité pour se rendre chez la première, domiciliée à Bougouni. Le lendemain, Drissa Doumbia est revenu à Dièguènina chez sa seconde épouse. A son arrivée, il a salué à plusieurs reprises devant la porte de son épouse mais personne n’a répondu. II l’a appelée également sur son téléphone sans succès. Il s’est mis à chercher sa femme dans tous les coins de la maison. Au cours de ses recherches, il a vu des traces dans la cour de la maison. Il a suivi ainsi ces traces jusqu’au niveau du puits de la maison. A l’intérieur du puits, il a constaté la présence du corps de sa femme. Il a alerté immédiatement les gens qui sont arrivés chez lui. Alerté, le service de la protection civile de Bougouni a extrait le corps de la dame Sali Diakité du puits. Les traces des coups étaient visibles sur le corps et le visage de la victime. La même matinée, Fousseyni Goïta est arrivé sur les lieux et a déclaré connaitre les assassins de la dame. Il a ajouté que la dame a été assassinée avec un marteau. Immédiatement, les parents de la victime ont informé la police. Lors des investigations, il s’est avéré que Fousseyni Goïta s’est rendu la nuit des faits à Dièguènina et qu’il y avait un antécédent entre la victime Sali Diakité et lui pour l’avoir accusé de viol dans le passé. En raison de tous ces indices, les nommés Fousseyni Goïta et Drissa Doumbia ont été interpellés et poursuivis pour les faits d’assassinat et complicité. Ils ont ensuite été déférés devant le parquet du tribunal de grande instance de Bougouni qui a ordonné immédiatement l’ouverture d’une information judiciaire. C’est ainsi que les deux hommes ont été inculpés pour les faits susmentionnés.
Drissa Doumbia a été poursuivi et inculpé pour les faits de complicité d’assassinat reprochés au nommé Fousseyni Goïta. Ces faits sont prévus et punis par les articles 199 et 24 du code pénal. Aux termes des dispositions de l’article 24 du code pénal : “Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit, ceux qui, par dons, promesses, menaces, abus d’autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables, conseils, injonctions, auront provoqué à cette action ou donné des instructions, indications, renseignements, pour la commettre.”
A la lecture de ces dispositions, la complicité suppose une aide ou assistance de quelle que nature que ce soit apportée à quelqu’un lors de la commission d’une infraction. Dans le cas d’espèce, nulle part dans les pièces du dossier la moindre preuve n’a pu être apportée quant à l’implication de Drissa Doumbia dans l’assassinat de son épouse Sali Diakité. Fousseyni Goïta a été poursuivi et inculpé pour les faits à toutes les étapes de la présente procédure. L’article 199 et 200 du Code Pénal dispose que : “L’homicide commis volontairement est qualifié de meurtre. Tout meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié d’assassinat” ; et l’article 200 du même code stipule : “Tout coupable d’assassinat, de parricide ou d’empoisonnement sera puni de mort”.
A la lecture de ces dispositions, l’infraction d’assassinat suppose le fait de donner la mort avec préméditation. Dans le cas d’espèce, il est constant que la dame Sali a été assassinée chez elle à Dièguènina après le départ de son mari chez sa première femme à Bougouni, mais par qui ? La question reste posée, puisqu’il n’y a pas de preuve contre l’inculpé qui finalement a été libéré.
Marie Dembélé