Accusée d’infanticide, Malabon Coulibaly a recouvré la liberté le lundi 4 mars 2024. Condamnée à 3 ans de prison dont un an avec sursis par la Cour d’appel, elle avait purgé sa peine.
Dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Bamako à Banankabougou où s’est déroulé le procès pour infanticide, ce fut la douche froide lundi dernier. Le public n’en croyait pas ses oreilles quand Malabon Coulibaly a avoué qu’elle a bien tué son enfant en le jetant dans l’eau du canal de Dioro.
L’assistance et le parquet se sont posé la question de savoir comment une femme qui a accepté de souffrir pendant neuf mois parvenait-elle à tuer son propre enfant de 5 mois ?
Les faits qu’on reproche à Malabon Coulibaly ont eu lieu dans la journée du 28 mai 2021. Le corps d’un enfant a été repêché par un pêcheur, vers le village de Koké, dans l’eau du canal de Dioro.
A travers les recherches, la mère de l’enfant dénommée Malabon Coulibaly a été retrouvée puis conduite à la brigade territoriale de Markala. A l’enquête préliminaire, la suspecte a reconnu avoir jeté son enfant à peine âgé de 5 mois dans l’eau du canal.
Par la suite, elle a été conduite devant la Justice de paix à compétence entendue de Markala où une information judiciaire a été ouverte contre elle pour infanticide.
Lors de son interrogation au fond du dossier, l’inculpée avait dans un premier temps nié les faits en soutenant que son enfant de sexe masculin du nom de Labass, lui avait échappé pour disparaitre au fond de l’eau du Canal, quand elle le lavait.
Comparue le lundi 4 mars 2024 devant la Cour d’assises de Bamako pour infanticide, Malabon Coulibaly n’a rien nié. D’ailleurs, elle a donné de plus amples informations pour éclairer la lanterne de la Cour.
“Mon mari a voyagé sur la Côte d’Ivoire pendant 1 an et six mois. Durant cette période, j’ai couché avec un autre homme pour satisfaire mon envie sexuelle. Cet homme n’est autre que le cousin de mon mari, un certain Moussa. Au départ, je ne voulais pas, mais au finish j’ai laissé faire vu que mon mari tardait à rentrer. Trois mois après, mon mari est rentré de la Côte d’Ivoire et a repris son devoir conjugal au lit […] Mais nos problèmes ont commencé au moment où il a découvert que j’étais enceinte de trois mois. Bien que l’enfant ne soit pas de lui, il a accepté de faire le baptême en lui donnant un prénom. Après la quarantaine, j’ai demandé à mon mari d’accomplir son devoir conjugal au lit, mais il a refusé en me disant d’aller voir l’homme qui m’a enceintée durant son absence. Dès lors il m’a abandonnée. L’enfant est devenu un problème pour moi, il ne cessait de tomber malade je n’avais pas les moyens pour le soigner. J’ai décidé de le jeter dans l’eau du Canal de Dioro”, a expliqué au détail près l’inculpée en répondant aux questions de la Cour.
Dans son réquisitoire, le ministère public a fait comprendre à la Cour que rien ne peut et ne doit justifier qu’une femme tue son enfant quelles que soient les conditions dans lesquelles l’enfant est né.
“C’est vrai que le mari de Malabon Coulibaly a été absent pendant une année et demie. Certes tout le monde ne peut pas supporter de s’abstenir en l’absence de son mari. Mais si vous n’y parvenez pas, la meilleure option n’est pas de contracter un enfant et de le tuer après. Si vous ne pouvez pas attendre votre mari, vous êtes libre de divorcer ou de le rejoindre. Mais rien ne justifie de tuer un enfant même s’il est le fruit d’un adultère”, a laissé entendre le parquet, représenté par Boubacar M. Dembélé.
Le ministère public a demandé à la Cour que l’inculpée soit maintenue dans les liens de l’inculpation au regard des faits.
La défense de l’accusée dans sa riposte, a expliqué que sa cliente a commis une erreur et qu’il ne faut pas que la Cour la condamne pour cette erreur.
“Ma cliente n’a pas 30 ans. Et au moment où elle commettait ce crime, la seule chose qui lui était venue en tête c’était d’aller jeter l’enfant dans ce canal. Aujourd’hui, elle regrette d’avoir commis cette erreur. Contrairement au ministère public, nous demandons la clémence de la Cour”, a plaidé le conseil.
La Cour, présidée par le magistrat Ibrahim Diabaté, a condamné Malabon Coulibaly à 3 ans de prison dont 1 ans avec sursis.
Suite à cette décision, l’accusée a recouvré sa liberté parce qu’elle était sous mandat de dépôt depuis 2021.
Ousmane Mahamane