Accusés d’association des malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures volontaires et évasion, la Cour d’assises de Bamako a condamné respectivement Salifou Coulibaly, le cerveau de la bande à 15 ans de prison à la réclusion, Aliou Coulibaly à 10 ans de prison à la réclusion et Drissa dit Noumounkè Coulibaly à 3 ans dont 1 an avec sursis. Les six autres absents à la barre ont été condamnés par contumace à la peine de mort.
Pour le public, cette affaire d’association des malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures volontaires et évasion qui a opposé lundi dernier le ministère public à huit accusés dont trois étaient à la barre, prouve qu’il y a vraiment une lutte contre le banditisme sous toutes ses formes au Mali.
Au cours des réquisitoires, l’assistance dit avoir assisté à un véritable bras de fer argument contre argument entre le ministère public qui a défendu les intérêts de la société et les avocats qui ont défendu les intérêts de leurs clients.
En effet, parmi les huit prévenus qui sont accusés d’association de malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures volontaires et évasion, seulement trois ont comparu le lundi 18 mars 2024 dans le box des accusés de la Cour d’appel de Bamako. Ce sont Salifou Coulibaly, le cerveau de la bande, Aliou Coulibaly et Drissa dit Noumoukè Coulibaly.
A la barre, les inculpés ont catégoriquement nié les faits, bottant en touche toutes les questions des membres de la Cour. En prenant la parole pour ses réquisitoires, le ministère public a expliqué que les accusés ne vont jamais reconnaître les faits car ils ont adopté une nouvelle stratégie de défense qui est la dénégation.
“M. le président, on peut passer toute la journée ici, ces malfrats notoires ne vont jamais reconnaître les faits qui leur sont reprochés. Le témoignage du chef de village en la personne d’Issiaka Coulibaly, celui du maire en la personne de Sidy Diakité et de la veuve du défunt Bakary Coulibaly prouvent à suffisance la culpabilité des accusés qui comparaissent ce matin devant vous. Les dénégations des accusés ne pourront en aucun cas les disculper de leur responsabilité pénale et de leur culpabilité”, a certifié le parquet représenté par Fousseyni Sissoko, l’avocat général auprès de la Cour d’appel de Bamako.
Celui-ci a demandé à la Cour de maintenir les prévenus dans les liens de l’accusation en les condamnant à la peine maximale.
Les avocats des accusés, dans leurs plaidoiries ont balayé d’un revers de la main toutes les réquisitions du parquet arguant que le ministère public a eu la carence d’apporter des preuves irréfutables pour corroborer le fait qu’il y a eu vol qualifié, coups et blessures volontaires qui ont occasionné la mort de Bakary Coulibaly.
“M. le président, le parquet s’arc-boute sur les déclarations de trois personnes, celles du chef de village, du maire et de la veuve de Bakary Coulibaly. Nous sommes en pénal M. le président et en matière pénale, il faut des preuves pour corroborer les faits. Aujourd’hui, le parquet se trouve dans une carence dans la fourniture d’arguments. Il ne détient aucun élément tangible pour affirmer avec certitude que Salif Coulibaly a tué Bakary Coulibaly avec un gourdin. Contrairement au parquet, nous demandons la relaxe de mon client”, a plaidé l’un des avocats de la défense.
Fait rare depuis le début des assises il y a deux mois, c’est la première fois que le parquet riposte vigoureusement après ses réquisitoires aux plaidoiries de la défense. Fousseyni Sissoko, l’avocat général auprès de la Cour d’appel de Bamako dans une diatribe tranchante a véhément rejeté les plaidoiries des avocats.
“Nous sommes entre professionnels ici. Il y a des choses qu’on ne doit pas se dire. Le ministre public au-delà des témoignages des notables du village, détient également des preuves irrécusables que Salif Coulibaly a tué Bakary Coulibaly. Mieux encore, le ministère public détient sous scellé la moto Haojue, le téléphone et la somme de 20 000 F récupérés avec l’assassin de Bakary Coulibaly. M. le président, je réitère ma demande, ces malfrats ont terrorisé tout un village durant deux ans. Il est temps que la justice soit aux côtés de la société. Raison pour laquelle M. le président, vous devez condamner ces malfrats à la peine maximale”, a répliqué le représentant du parquet.
Au terme de débats houleux entre le parquet et la défense, la Cour, présidée par le magistrat Zakaria Konaté, a condamné respectivement Salif Coulibaly, le cerveau de la bande, à 15 ans de prison à la réclusion, Aliou Coulibaly à 10 ans de prison à la réclusion et Drissa dit Noumoukè Coulibaly à 3 ans d’emprisonnement dont 1 an avec sursis.
Quant à ceux qui étaient absents devant la barre à savoir : Sidy Coulibaly, Oumar Coulibaly, Moumoune Dembelé, Hamidou dit Abdoul Traoré et Hamidou dit Abdoul Coulibaly la Cour les a condamnés par contumace à la peine de mort.
Flash-back
Courant 2020, à N’Golokouna, Commune rurale de Nampé, cercle de Koutiala, deux groupes rivaux de malfrats, respectivement dirigés par Salifou Coulibaly et Bakary Coulibaly, semaient la terreur dans le secteur, par la multiplication d’attaques contre les personnes et leurs propriétés.
Dans la nuit du 20 février 2021, cette rivalité entre les deux gangs atteignait son summum, au point que le nommé Salifou Coulibaly, muni d’un pistolet de fabrication artisanale, en compagnie de son comparse Aliou Coulibaly se rendait au domicile de Bakary Coulibaly dans le dessin formel d’attenter à sa vie.
Là, ils le portaient absent. Ils montaient alors un guet devant son domicile jusqu’à son retour, en compagnie de Sidy Coulibaly à bord d’une motocyclette de marque “Haojue” en possession d’une chèvre soustraite.
Aussitôt, Salifou Coulibaly a tiré à bout portant sur eux et, lors de la course poursuite qui s’en était suivie, il parvenait à les rattraper pour les rouer de coups de bâton. Bakary Coulibaly s’écroulait sur le champ, puis rendait l’âme quelques instants après.
Après leur forfait, Salifou Coulibaly et Aliou Coulibaly dévalisaient ensuite la chambre de la victime, avant d’emporter sa monture.
Quelques jours après, les recherches menées par les agents de la gendarmerie de ladite localité ont permis de mettre hors d’état de nuire tous les éléments des deux bandes de malfrats en l’occurrence Salifou Coulibaly, Aliou Coulibaly, Drissa dit Noumounkè Coulibaly, Sidy Coulibaly, Oumar Coulibaly, Moumoune Dembelé, Hamidou dit Abdoul Traoré et Hamidou dit Abdoul Coulibaly.
Par la suite le 1er septembre 2021, Salifou Coulibaly s’est évadé de la Maison d’arrêt de Koutiala, où il était régulièrement détenu. Il a été rattrapé dans sa cavale quelques jours après son évasion par les éléments de la brigade de gendarmerie de Koutiala avec le concours de la population de N’Gologouna, où il s’était retranché.
Ousmane Mahamane